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La Une CED

Un coup de vent - Journal de lecture du Don Quichotte en la Pléiade (6)

Ecrit par Marc Ossorguine , le Jeudi, 18 Février 2016. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

Nous voilà arrivés au plus célébrissime tableau des prouesses de notre chevalier : son combat contre les moulins à vent. Un épisode si exemplaire qu’il en est devenu proverbial. Au delà de la farce évidente, la question peut être soulevée de ce qui fait que cette déroute-là est devenue emblématique de l’œuvre. Fuyant tous les commentaires existant, le lecteur essaye de faire le ménage dans les images, réminiscences, allusions, références partielles et partiales qui peuvent malgré lui revenir concernant cette histoire de combat contre des moulins pris pour des géants. Tenter d’arriver le plus vierge et disponible possible au texte et à l’histoire. Non pas s’imaginer ou essayer de se prendre pour le lecteur d’il y a quatre siècles, mais simplement essayer d’être un lecteur détaché de tout ce qui peut faire commentaire et qui précéderait à l’œuvre elle-même, la transformant en une espèce de commentaire sur le commentaire de l’œuvre et sur l’œuvre elle-même. Puisse le vent qui fait tourner les moulins faire un peu le vide et permettre une lecture qui ne puisse surtout pas dire « oui, oui, je sais » et qui ne se rassure pas dans la confirmation de ses connaissances et de son opinion. Que le vent souffle et qu’il nous transporte au côté des personnages, poussant au loin notre voix importune, effaçant la rumeur bruissante des exégèses, des interprétations et des possibles trahisons.

Volupté amarescente…, par Nadia Agsous

Ecrit par Nadia Agsous , le Mardi, 16 Février 2016. , dans La Une CED, Ecriture, Nouvelles

 

Lorsqu’elle mourut, par une nuit d’automne, Yumma Yaya, cette femme dont le visage anonyme déambule dans mon esprit brûlant d’amour, fut élevée au rang de sainte par ses adorateurs qui étaient des membres puissants et riches de la noblesse benjoyienne. Quelques jours à peine après son décès, pour rendre hommage à celle qui fut leur oracle, ils érigèrent, sur le sommet de la Montagne Sacrée, un mausolée qu’ils baptisèrent Akham Lehna Negh – la Maison de Notre Bonheur –, où son corps, jamais décomposé, fut enseveli dans une pièce étroite, minuscule, toute rikiki qui ne se désemplissait jamais.

Jamais ?

Jamais ! Car cette femme, amour de mon espoir désespéré, avait la réputation de posséder des pouvoirs extra-ordinaires qui produisaient des miracles et faisaient envier les oracles du monde entier : des pouvoirs aux vertus réparatrices, des dons guérisseurs, des rêves hallucinatoires, des visions extrasensorielles, une ouïe surdéveloppée, le pouvoir de repousser les forces du mal et de les engloutir dans les eaux impures de l’abjection produisait des miracles.

Une pause dans le feuilleton Russell

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Samedi, 13 Février 2016. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

Sils-Maria

Ici j’étais assis, à attendre,

Attendre, mais à n’attendre rien,

Par-delà bien et mal, à savourer tantôt

La lumière, tantôt l’ombre,

N’étant moi-même tout entier que jeu,

Que lac, que midi, que temps sans but.

 

Lorsque soudain, amie ! un se fit deux

– Et Zarathoustra passa auprès de moi.

 

Nietzsche, Le Gai savoir

Une folie utilement inutile ? - Journal de lecture du Don Quichotte en la Pléiade (5)

Ecrit par Marc Ossorguine , le Vendredi, 12 Février 2016. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

L’autodafé ne suffira point pour ceux qui craignent la folie de leur « bon ami », il faudra ajouter un conte à l’échelle de celle-ci et rejeter les fables dans leur monde de fables, les livres dans l’oubli de l’imaginaire. Non content de neutraliser le chevalier et de profiter de son sommeil pour brûler quelques livres (mais pas tous, il faut le souligner), le projet est de les faire disparaître, de les rendre inaccessibles, de les faire oublier. Une bibliothèque murée, le récit d’un enchanteur qui l’aurait fait disparaître et le tour serait joué ? La destruction n’est donc pas si puissante contre la fiction et la littérature qu’il faille encore inventer une nouvelle fiction, somme toute assez littéraire, pour la repousser au loin… Paradoxale défense qui fait adopter la menace comme arme, qui prétend utiliser le fléau même contre lui-même. Le récit et ses personnages ne cachent-ils pas en fait une impuissance vis à vis de cet objet qui décidément les dépasse. La fiction et l’imaginaire comme recours contre la fiction et l’imaginaire ! Voilà un paradoxe qui ne peut que réjouir les lecteurs que nous sommes.

Carnets d’un fou - XXXV Décembre 2015, par Michel Host

Ecrit par Michel Host , le Jeudi, 11 Février 2016. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

« En France, on les appelle les ténors du parti. Ils chantent faux pour la plupart. Que leur chant s’élève et la foule se bouche les oreilles. Les militants les écoutent à genoux refoulant leurs larmes dans leurs gorges nouées d’émotion. Ceux du parti adverse entonnent alors leurs hymnes et leurs ritournelles. Leurs partisans s’époumonent et hurlent leur joie d’en découdre. Cacophonie ! Charivari ! Cela n’est rien qu’une campagne électorale », Maxime du Touret de Loisne, dit Le Béthunois (1942- ?), Lexique des Mots Hardis ou Trompeurs, Éditions de Festubert.

 

# À la suite du massacre parisien du vendredi 13 novembre, nous arrive la deuxième catastrophe. Elle est à effet lent et progressif. Dans la puissante chronique romanesco-véridique qui fera l’essentiel de ce Carnet de décembre, le lecteur qui a encore la patience de me suivre sera tenu informé de ses développements, soubresauts, convulsions et conséquences rapprochées, voire lointaines.

Le 6/XII