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La Une CED

Federico García Lorca, Revue Europe par Michel Host

Ecrit par Michel Host , le Vendredi, 26 Juin 2015. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

Federico García Lorca, Revue Europe, 93e année, avril 2015, n°1032, 368 pp., 20 €

(4 rue Marie-Rose 75014 Paris, Tél. & télécop : 01.43.21.09.54)

Europe.revue@wanadoo.fr //  http://www.europe-revue.net/

 

[N.B. Cette chronique est partagée entre les magazines en ligne : Recours au Poème et La Cause Littéraire]

 

Précieux cahier

Federico García Lorca a fait plus que passionner une foule innombrable de lecteurs, il les a fascinés et ensorcelés. Lorsqu’il vivait, certes, mais aussi après qu’on l’eut assassiné, à Grenade, en août 1936, longtemps après, et aujourd’hui encore le charme joue et agit. La personnalité élégante du poète, son inscription dans le XXe siècle, son Romancero gitano, toute sa poésie, son théâtre… il est juste que les jeunes gens de ce début de siècle puissent y être conduits et initiés. Cette seconde livraison de la Revue Europe consacrée à Lorca satisfait à cette intention de fort belle manière. Il faut la saluer (1).

Un peu de beauté (4ème et dernière partie)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 26 Juin 2015. , dans La Une CED, Les Dossiers, Etudes, Côté Arts

 

Réalisme symbolique (19ème siècle)

Portrait de la sœur de l’artiste (1887, 96x74,5 cm) (1) de Fernand Khnopff (1858-1921)

Quand l’artiste Fernand Khnopff peint sa sœur Marguerite, son double, une jeune fille énigmatique apparaît, en pied, dans une robe immaculée. 400 ans plus tard, telle La Dame à la Licorne de Raphaël, elle ne nous livre qu’une part d’elle, une bouche fermée, un regard fuyant et un visage tourné sur le côté. Elle tient son bras ganté, ne dénude aucune partie de sa chair. La couture du milieu de la robe suture le buste, la poitrine haute. Tous les blancs – de l’ivoirin des longs gants au laiteux de l’étoffe – sont traités de manière liliale. La sœur inspiratrice du Beau s’élève comme une colonne lactescente, dans un environnement clair où, à la hauteur du cœur, un objet rond, en or, est accroché au mur.

Concierto Barocco ! par Léon-Marc Levy

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 25 Juin 2015. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

Je sors, enivré de plaisir, de l’écoute de la « Griselda » de Vivaldi, avec l’ensemble Matheus dirigé par Jean-Christophe Spinosi. C’est une des œuvres majeures, et pourtant relativement méconnues, du répertoire vocal  du Prêtre Roux, une de celles – et elles sont nombreuses à notre grande joie – que l’on continue à exhumer d’un répertoire vertigineux.

Il se passe décidément quelque chose dans la Musique Baroque. De tous les genres musicaux dits « classiques », le Baroque (période couvrant environ 1600-1750)  est celui qui a suscité, depuis quelques décennies, le plus de révolutions radicales en termes d’interprétation. Depuis les années 70. La démonstration la plus claire en est l’écoute comparative de la « scie » du genre, le sempiternel « Quatre Saisons » du même Vivaldi. Dans la version « I Solisti Veneti » 1970, vous avez – j’exagère un peu - la musique d’attente de votre téléphone, ou le bruit de fond qui accompagne vos courses au supermarché. C’est mélodieux, mollasson, linéaire. Pas désagréable du tout, mais joué comme du classique ou du romantique. Ecoutez les dernières versions ! Giuliano Carmignola par exemple : le souffle de l’Enfer, les grondements du « tremoto », les flammes dévorantes, les glaces du Pôle Nord, les brumes de la Lagune. Tout y passe, de l’allégresse délirante à la plus profonde méditation sur la condition humaine.

D1 Deuxième partie sur trois

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Jeudi, 25 Juin 2015. , dans La Une CED, Ecriture, Ecrits suivis

 

En attendant d’embarquer un de ces jours, je scrute les tourbillons. Le varech y dessine des chevelures gluantes comme en porteraient des sirènes qui se négligent. Peut-être Dalva va-t-elle surgir brusquement, cette perruque sur la tête, projetant en l’air une proie qui aurait eu la folie de s’y croire à l’abri. Mais les orques ne surgissent brusquement que pour qui ne les a pas guettées et je guette, ratissant du regard les flots jusqu’à l’autre berge et ses forêts de thuyas. Souvent, ma vue se heurte contre des bateaux promenant leur cargaison de touristes avides de photographies.

Si j’étais aventureuse, je soudoierais le cétologue pour qu’il m’emmène avec lui à Crozet. Dans le jabotement des manchots et le rugissement des lions de mers, il y observe une progéniture apeurée mourir, dès sa première sortie, dans la gueule des épaulards – cet autre nom de l’orque. Mais quand, longeant la rive, je suis doublée joyeusement par l’aileron de Dalva ou d’autres, je cultive le secret de ma passion pour elles.

A Hanoï, un Algérien avec des sandales de caoutchouc par Kamel Daoud

Ecrit par Kamel Daoud , le Mardi, 23 Juin 2015. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

11 heures de vol, dans un cheval d’élan et de fer, luttant contre la nuit et la fin de la terre dans le ciel, pour arriver au Vietnam et à ce moment exact de la vie : les pieds dans l’eau de pluie de Hanoï, chaude, le vêtement mouillé, le corps enfin libre, calmé, serein, ouvert au monde comme une paume, la plante des pieds dans les sandales en caoutchouc, le regard apaisé. La ville est étonnante : mille et une motos traversent la rue et votre tête à chaque minute.

Désordre fou qui ne se conclut pas par la collusion : ici la moto est le descendant du vélo communiste et les gens conduisent en réussissant, dans le chaos, l’art de la fluidité. La moto permet de circuler entre les piétons, dans les ruelles étroites et cela ne coûte pas cher. Du coup, des scènes invraisemblables : des familles entières entassées dans le bicycle avec l’enfant absolument serein, comme s’il avait le visage collé sur une vitre de voiture.