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La Une CED

Pourquoi il pleut des chats et des chiens, suite et fin, par Nadia Agsous

Ecrit par Nadia Agsous , le Mardi, 18 Avril 2017. , dans La Une CED, Ecriture, Nouvelles, Ecrits suivis

 

Lorsque l’imam de la mosquée jouxtant notre maison entendit parler de mes questions, il m’envoya un message par le biais de sa femme et m’invita à aller le retrouver à la mosquée. Je fus très étonné par cette demande. Si ce n’est ma mère qui m’encouragea à aller le voir, je n’aurais jamais répondu à sa requête. Ce qu’il me dit me laissa sans voix.

- «Dis donc, fiston, c'est toi le petit garçon qui cherche à savoir pourquoi il pleut constamment sur notre ville ? Lorsqu'on m'a parlé d'un enfant qui pose des questions sur la pluie qui ravage notre ville, je me suis dit, en voilà un qui pose les bonnes questions ! Je suis ravi que tu sois venu me voir. Je ne sais comment te remercier mais t'inquiète, Dieu te le revaudra, mon fils. Il te réservera une place dans son vaste paradis. Ecoute-moi bien ya wlidi et grave bien mes paroles dans ta petite tête. Le diable est fatigué de pisser dans les oreilles des infidèles qui demeurent sourds et indifférents à l'appel de la prière de l'aube. Tous les matins, je le vois lever les bras au ciel en guise d'impuissance ; je l'entends crier, exploser et se métamorphoser en bombe assassine. Sais-tu, petit, que Salat Al Fajr est une obligation ?

L’Arabe poussé à être kamikaze ou à n'être rien, par Kamel Daoud

Ecrit par Kamel Daoud , le Vendredi, 14 Avril 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

Finalement le choix de la « rue arabe », ce long boulevard des pas perdus, est terrible : retour hystérique aux « Allah Ouakbar » rageurs ou silencieuse analyse des impuissances en cascade depuis la Nebka et jusqu’à la pendaison de Saddam. C’est-à-dire soit la barbe, soit la télécommande. Et ce fragile équilibre policier que les régimes arabes ont cru un moment avoir réussi en verrouillant les expressions et en assimilant les islamistes soft, ce fragile équilibre vient de « casser » pour imposer ce que l’on redoute le plus dans la planète d’Allah : le retour du politique malgré les polices et les bureaucraties. Pour cette fois-ci, les assassins d’Israël ont réussi à saper ce que ces mêmes régimes ont mis des années à construire : le statu quo entre eux et les islamistes, en évacuant les démocrates et tous ceux qui en appellent à la démocratie. Encore une fois, c’est la radicalisation qui nous reste pour exprimer les colères, et les courants forts islamistes doivent aujourd’hui jubiler, qu’ont réussi à leur offrir les opinions arabes sur un plateau, là où on le leur a refusé par les urnes et les partis traditionnels.

L’amie prodigieuse, Elena Ferrante, par Sana Guessous

Ecrit par Sana Guessous , le Jeudi, 13 Avril 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

 

Deux gamines en haillons. Un quartier patibulaire de Naples. Des gens affreux, sales et méchants, qui se menacent en dialecte rocailleux. L’horizon plus gris que la tôle ondulant au-dessus des têtes. La violence qui explose à chaque pas de travers et ravage les gueules éperdues.

Dans ce champ de mines gambadent Lina et Lenu. L’une est intrépide, l’autre timorée. Lina est un astre, un monstre, Lenu est l’ombre qui la suit partout.

Je les regarde pousser dans les pavés d’Elena Ferrante. Herbes folles dressées à la face d’un monde lugubre, herbes folles éreintées par la vie. Elles se dressent, s’écroulent et se redressent. Sorcières échevelées, cornues, puissantes, sorcières crépitantes qui se rient du brasier.

Hommage à Baudelaire XII - Les ports du Zuiderzee, par Charles Duttine

Ecrit par Charles Duttine , le Mercredi, 12 Avril 2017. , dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

 

Qui pourrait imaginer dans ce pays de cocagne, au septentrion de l’Europe, là où parfois les glaces emprisonnent les canaux, une grande étendue d’eau que les locaux appellent « la mer du Sud » ? Le long de cette mer intérieure s’égrène un chapelet de petites cités dont les noms résonnent de leurs consonances graves et mystérieuses, Enkhuizen, Elburg, Urk, Harderwijk, Blokzijl…

Le visiteur curieux, souvent solitaire, arpentant ces cités ne peut qu’être sensible au charme indolent de ces villes endormies. On devine en errant au milieu de leur architecture qu’elles furent autrefois prospères, vivantes et sérieuses. Aujourd’hui, les fières façades de leurs riches maisons semblent regarder, dans les bassins des ports, sommeiller de rares bateaux. Ces navires à l’arrêt tanguent lentement. Ils semblent jouer, tels des enfants sages, en se balançant au gré des vents souvent froids, brise ou bise, qui font claquer leurs voiles repliées ou leurs pavillons.

Entretien avec Carole Zalberg, pour son livre Je dansais, par Michel Tagne Foko

Ecrit par Michel Tagne Foko , le Mardi, 11 Avril 2017. , dans La Une CED, Les Dossiers, Entretiens

 

Carole Zalberg est lauréate du Prix Littérature-monde (2014), du Festival Étonnants Voyageurs de Saint-Malo. Grand Prix SGDL du livre Jeunesse (2008). Les différents sujets abordés dans ce roman sont la beauté, la laideur, la quête d’acceptation, la séquestration, l’incompréhension, etc. Il y a aussi, et surtout, dans les œuvres de Carole Zalberg un petit quelque chose de vrai, de précis, quand on lit ce qu’elle écrit, qui pousse toujours vers ses livres, on ne sait pas l’expliquer, c’est comme ça !

 

Michel Tagne Foko : Pourquoi ce livre, et, pourquoi maintenant ?