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La Une CED

Entretien avec Nilda Fernández, l’éternel nomade aux 1001 vies, par Laurent Bettoni

Ecrit par Laurent Bettoni , le Mercredi, 29 Mars 2017. , dans La Une CED, Les Dossiers, Entretiens

 

Où que l’on aille, nos fiançailles avec Nilda Fernández sont éternelles. Et surtout, où qu’il aille, lui. Car depuis 1991, depuis que des artistes comme Léo Ferré, Georges Moustaki et Claude Nougaro lui ont ouvert leurs bras en même temps que nous lui avons ouvert les nôtres, depuis que les Victoires de la musique l’ont consacré Meilleur espoir masculin et que l’Académie Charles-Cros lui a décerné le grand prix pour son album, l’hidalgo voyageur ne cesse d’explorer le vaste monde, ne cesse de nous quitter pour mieux nous revenir et nous faire découvrir ses nouveaux projets artistiques, justement nourris de ses périples et de ses expériences. Dans Contes de mes 1001 vies paru le 1er février 2017 aux éditions de l’Archipel, il pose un instant ses bagages et évoque quelques épisodes marquants de son existence en perpétuel mouvement. Avec ses textes remarquablement écrits, à la fois drôles, poétiques, émouvants et pudiques, bien qu’il s’y raconte, Nilda Fernández nous donne l’occasion de parler du déracinement, de l’amour, de la mort, de l’art, de la politique. Bref, de tout ce qui construit un être. Il ne s’agit pourtant pas d’une biographie mais bel et bien d’une œuvre littéraire. Normal, pour un homme qui veut faire de sa vie une œuvre d’art.

Péguy internel, Didier Bazy (par Michel Host)

, le Mardi, 28 Mars 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques

« C’est la tiédeur, la faveur, la quiétude et la moiteur des complaisances qui est pernicieuse. »

« Il faut se méfier de ceux qui ont couché avec tout le monde. »

« L’humanité n’est pas faite afin de réaliser le socialisme, c’est nous au contraire qui faisons le socialisme afin de réaliser l’humanité. »

Charles Péguy

 

Éternité de Péguy

 

En nous livrant un Péguy « internel », Didier Bazy fait œuvre de salubrité publique. S’il est (et « il est » bel et bien !) un écrivain qui jamais parla vrai, non dans des langages hérités, cousus Sorbonne, made in presbytère, estampillés pensée dominante ou catéchisme politique, ce fut et reste Charles Péguy, né en 1873, tombé le 5 septembre 1914, à Villeroy (*) d’une balle reçue en plein front, alors qu’il chargeait l’adversaire à la tête de son bataillon. Son langage était une parole, non pas prêcheuse, ou teintée d’un patriotisme de circonstance, mais la sienne, rien que la sienne. Quoi de plus efficace qu’une balle ou un éclat d’obus pour éteindre une parole… Mais la vérité, portée par les mots et la beauté de la langue, est une eau sans cesse résurgente, à travers les espaces et les temps.

Les dimensions inexplorées du chez soi, par Fedwa Ghanima Bouzit

Ecrit par Fedwa Ghanima Bouzit , le Samedi, 25 Mars 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques

Chez soi, c’est bien plus que quatre murs. Pour certains, c’est le cocon revitalisant nécessaire pour faire face à un environnement hostile. Pour beaucoup, de plus en plus, c’est un luxe durement acquis. Pour les femmes, et surtout pour les femmes les moins nanties, un espace de pouvoir auxquelles elles perdent toujours. Mona Chollet explore, dans son essai Chez soi : une odyssée de l’espace domestique, des dimensions encore insoupçonnées de cet espace à la fois intime et le champ de forces extérieures, politiques, sociales et économiques. C’est un livre qui se prête à une lecture universelle et ravira aussi bien les natures introverties que celles sensibilisées aux questions de la justice.

Le nouveau statut du casanier

Le casanier a toujours eu mauvaise réputation. Il n’a pas de vie, il s’ennuie à mort, c’est une nature aigrie qui méprise les autres, il a « la consistance molle des plantes privées de lumière ou des êtres privés de vie » (1). Au milieu d’une espèce d’animaux sociaux, c’est le paria des parias que l’on considère tantôt avec mépris, tantôt avec pitié. Au Maroc, dans une culture où les notions d’individualité et de vie privée sont aussi peu présentes, les casaniers solitaires font face à encore plus de dédain. C’est une discrimination douce sous couvert de taquinerie que j’ai bien connue et c’est en partie pour cela que j’ai trouvé autant de réconfort dans ce livre.

Pourquoi il pleut des chats et des chiens ?, par Nadia Agsous

Ecrit par Nadia Agsous , le Mercredi, 22 Mars 2017. , dans La Une CED, Ecriture, Nouvelles

 

La pluie a inondé nos vues. Le jour vient de se lever. Je l’aperçois à peine. Obstiné, je m’agrippe au sommeil qui m’entraîne jusqu’aux confins de mes origines lointaines. Je dors profondément. La voix stridente du muezzin appelle à la prière de l’aube ; elle sonne comme un rappel à l’ordre. Nos existences seraient-elles un éternel défi en sursis ?

As Salat khayroun mina nawm braille-t-il dans le micro. As Salat khayroun mina nawm ! crie-t-il encore.

Vraiment ? La prière est-elle meilleure que le sommeil ?

Il est temps de me lever, pourtant je dors encore !

Dehors, il pleut à verse. Le déluge s’est abattu sur nos demeures. Sans arrêt ! L’orage menace de gronder. Continuellement ! La météo prévoit une accalmie dans un futur proche. Momentanément !

Entretien avec John Truby, l’art et la manière de créer, par Sophie Galabru

Ecrit par Sophie Galabru , le Mardi, 21 Mars 2017. , dans La Une CED, Les Dossiers, Entretiens

John Truby est un des plus célèbres « script doctor » des Etats-Unis. Il a élaboré un art et une manière de créer des scénarios. Ses conférences mais aussi la parution de son ouvrage L’anatomie du scénario (éd. Michel Lafon) délivrent des conseils efficaces et précis, fondés sur une conception philosophique de la démarche créative.

 

Sophie Galabru : John Truby, j’aimerais revenir sur votre vision esthétique du processus de création. Pensez-vous que l’on puisse faire de n’importe qui un écrivain ou un bon scénariste ?

 

John Truby : Non, je le ne pense pas.

 

Nous pourrions considérer que des éléments irréductibles tels qu’une vision du monde ou la personnalité d’un auteur jouent un rôle considérable dans la détermination d’un style, le choix d’un sujet original ou la façon de capter et monter des images.