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Critiques

Le temps d’ici, Marilyse Leroux

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Vendredi, 03 Juillet 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Poésie, Rhubarbe

Le temps d’ici, mars 2013 . Ecrivain(s): Marilyse Leroux Edition: Rhubarbe

 

Marilyse Leroux est une poète ailée et zélée. Sa poésie nous entraîne, nous envole : tu entres au cœur de l’espace comme dans un nid où tu poserais tes ailes. L’ouverture du recueil en témoigne. Légère, elle est, légère elle nous veut. Au monde que l’on sait difficile, elle en substitue un autre que l’on peut découvrir, nous dit-elle, habitable. Ce monde qui n’est autre que celui de la poésie, on peut le faire sien, si on sait regarder. Marilyse nous invite ainsi à ouvrir les yeux sur ce monde vaporeux et fluide où se mêlent au bleu du ciel et de la mer, les couleurs du temps.

Elle n’hésite pas pour cela à convoquer le ciel, les oiseaux et les arbres, leurs rires clairs, leur langage vivant. Le ciel s’amuse, les arbres rieurs nous donnent à voir ce qu’elle ressent, nous unissent à son souffle, nous entraînent, pour que le poids de nos ombres sur la terre soit la balance du monde. Marilyse est dans sa poésie comme elle est dans la vie, ouverte à l’autre, disponible, sensible, en partage d’amitié et de poésie.

Le snobisme, Adèle Van Reeth et Raphaël Enthoven

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Jeudi, 02 Juillet 2015. , dans Critiques, Les Livres, Essais, La Une Livres, Plon

Le snobisme, mars 2015, 157 pages, 12,50 € . Ecrivain(s): Adèle Van Reeth et Raphaël Enthoven Edition: Plon

 

Ce petit livre subtil et ironique ne laisse pas indifférent et modifie instantanément le regard que l’on peut avoir sur le snobisme. Car même si on fuit le snobisme, il y a des grandes chances d’en être sévèrement atteint. Dans une dialectique captivante et limite tournoyante, Adèle Van Reeth par ses questions qui piquent là où il fait bon d’appuyer et les éclairages sans tabou de Raphaël Enthoven, les différents visages du snobisme se dévoilent au fur et à mesure dans tout leur paradoxe. Le snobisme ne désigne pas un individu type, mais un comportement qui peut frapper n’importe quel commun des mortels, celui de croire que nos goûts (ou nos pensées) sont supérieurs aux autres. C’est ce qu’appelle R. Enthoven : l’anticartésianisme, soit l’absence de doute.

Mais n’est-il pas surprenant que ce soit un philosophe qui nous explique les rouages du snobisme, alors que cette discipline dégouline à foison de cette image de snobe bien trop intellectuelle ? Contrairement aux apparences, « la philosophie donne les moyens de penser le snobisme ». Alors que l’histoire présente le snobisme comme un phénomène ponctuel et que la sociologie le situe au niveau de la lutte des classes. La philosophie permet en effet d’aller plus loin dans le décorticage de ce type de comportement, qui consiste à vivre comme « indubitables des vérités qui n’en sont pas ».

Les Hauts-Quartiers, Paul Gadenne

Ecrit par Didier Smal , le Jeudi, 02 Juillet 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Points

Les Hauts-Quartiers, 800 pages, 11,90 € . Ecrivain(s): Paul Gadenne Edition: Points

 

Paul Gadenne (1907-1956) fait partie de ces auteurs francophones que le temps semble mal servir : il efface peu à peu leur souvenir, et il faut l’un ou l’autre passeur pour avoir envie d’y accéder. Merci donc à Eric Naulleau, qui fut éditeur avant d’être chroniqueur télévisuel, d’avoir persévéré à faire mention de Paul Gadenne à chaque fois que cela lui était possible : c’est grâce à lui que des heures délicieuses ont été passées à lire Les Hauts-Quartiers.

Le roman est préfacé, à sa publication (posthume) en 1973, par Pierre Mertens, admirateur de l’auteur, dont il évoque l’œuvre dans son intégralité et qui avertit, à propos des Hauts-Quartiers, en une formule dont la justesse s’avère exacte au fil de la lecture :

« Seule une réelle exégèse rendrait compte des dimensions d’un univers dont nous n’avons voulu et pu que suggérer l’importance. Son côté solaire et ses perspectives nocturnes ; sa profusion et sa nudité ; son frémissement et sa rigueur ; sa ferveur et sa fragilité, comme une immense fougère saisie par le gel ».

Une idée de l’enfer, Philippe Vilain

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mercredi, 01 Juillet 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Grasset

Une idée de l’enfer, avril 2015, 162 pages, 16 € . Ecrivain(s): Philippe Vilain Edition: Grasset

 

Une enquête de 2013 de l’Autorité de régulation des jeux en ligne définit le joueur type comme un homme de 36 ans en moyenne, niveau Bac+2, vivant en concubinage, n’ayant pas d’enfant et étant locataire de son logement. Par ailleurs, il dispose, dans 64% des cas, d’un niveau de revenu net mensuel supérieur à 1500 euros et compris entre 1500 euros et 2000 euros dans 22% des cas. Etude à laquelle se réfère Philippe Vilain dans son dernier roman, Une idée de l’enfer, pour camper son héros, Paul Ferrand.

Un homme dévoré par la passion du jeu ou plutôt, pour être plus précis, du pari en ligne sur des événements sportifs. Une véritable addiction qui le conduit à mettre sa vie de couple en péril. Paul Ferrand a un bon job d’informaticien, une compagne amoureuse et pleine de qualités, mais il s’ennuie. La réalité de sa vie petite bourgeoise, le confort sentimental que Sara lui procure ne lui apportent pas la dose d’adrénaline, l’excitation des sens, le besoin viscéral d’incertitude ou a contrario d’omnipotence, que sa nature réclame pour se sentir « exister ».

Girafes, Pau Miró (2ème article)

Ecrit par Marc Ossorguine , le Mercredi, 01 Juillet 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Théâtre, Espaces 34

Girafes, 2015, traduit du catalan par Clarice Plasteig Dit Cassou (Girafes, 2009), 101 pages, 14,60 € . Ecrivain(s): Pau Mirò Edition: Espaces 34

 

Le théâtre, c’est a priori fait pour être joué et pour être vu, regardé. Mais cela peut aussi se lire. Une lecture qui est un autre plaisir pour le lecteur en même temps qu’une épreuve pour le texte qui se livre nu, dépouillé des trouvailles du metteur en scène comme de l’habileté des acteurs, ou même simplement de leur présence physique, du grain et de l’épaisseur de leurs voix et de leurs corps. Il y a des textes qui ne sont alors pas toujours à la hauteur du spectacle, et pas seulement des réalisations qui ne savent pas donner une vraie vie au texte. Il y en a d’autres qui peuvent vivre leur propre vie, tel celui-ci.

Pau Miró, lui, n’est pas seulement auteur de textes pour le théâtre, il est aussi comédien, metteur en scène et fondateur d’une compagnie. Trois de ses pièces, qui forment une trilogie « animale », ont été traduites du catalan et publiées par Espaces 34 – un éditeur installé près de Montpellier qui poursuit depuis quelques années un travail remarquable, nous faisant découvrir de nouvelles voix du théâtre d’aujourd’hui, tant françaises qu’étrangères. Buffles, Lions et Girafes sont les trois étapes de cette trilogie qui a été récompensée en 2009 (Prix du meilleur texte théâtral de la critique théâtrale de Barcelone). Nous découvrons ici la plus récente.