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Critiques

N’appartenir, Karim Miské (2ème article)

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Mardi, 30 Juin 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Viviane Hamy

N’appartenir, mai 2015, 83 pages, 12,50 € . Ecrivain(s): Karim Miské Edition: Viviane Hamy

 

Dans quel rayon d’une bibliothèque ou d’une librairie pourrait-on ranger le nouveau livre de Karim Miské, N’appartenir ? Il serait aisé de le classer dans la rubrique des récits initiatiques. En effet, l’auteur s’y met en scène en partant de son enfance pour parvenir à l’âge adulte, mais ce serait trop simple puisque nous chercherions en vain une ligne droite chronologique. Et pourquoi ne pas l’associer à l’ensemble des récits autobiographiques ? Il en a maints ingrédients. L’auteur est le « héros » de cette histoire dont il remonte le cours jusqu’à la troisième génération à travers ce qu’on lui en a rapporté.

Il nous décrit avec précision et sensibilité deux clans, celui de la mère avec tous ses satellites de « camarades » parfois amis, parfois ennemis, et celui du père avec sa famille. Les deux parties s’emboîtent en lui, se complètent et s’affrontent. Tout semble les opposer mais, dans sa quête, il va découvrir qu’ils possèdent bien des traits communs au-delà des apparences, des masques et du faire-semblant. Dans chaque clan, il va constater, à chaque génération, des écarts par rapport à la norme. Des secrets vont se révéler qui parfois le désorienteront.

Le feu sur la montagne, Edward Abbey

Ecrit par Stéphane Bret , le Mardi, 30 Juin 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, USA, Roman, Gallmeister

Le feu sur la montagne, 212 pages, 20 € . Ecrivain(s): Edward Abbey Edition: Gallmeister

 

 

Au départ, ce pourrait être le récit des vacances d’un jeune garçon nommé Billy Vogelin Starr, jeune américain habitant sur la côte est et allant passer ses vacances d’été chez son grand-père John Vogelin, dans le ranch de ce dernier, situé dans l’état du Nouveau-Mexique, aux confins de lieux tels qu’Alamogordo, El Paso, villes proches de la propriété de ce grand-père. Ce dernier, homme solitaire, enraciné dans sa terre, pétri de ses habitudes de cow-boy, proche de ses animaux, les chevaux, qu’il choie avec beaucoup d’attention et d’amour, vit en symbiose avec la nature, au rythme du soleil et des saisons. Il déteste a priori la « civilisation », celle des hommes et des bureaucrates, de l’administration fédérale qu’il voue aux gémonies. Pourtant, il reçoit la visite d’un fonctionnaire fédéral, un certain colonel DeSalius, dont il trouve l’apparence et le maintien ridicules et affectés, lui, l’homme de l’Ouest, le Frontier man, aux habitudes plus endurcies, plus rugueuses.

La Ferveur de Vivre (Nous, Visitandines)

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Lundi, 29 Juin 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Arts

La Ferveur de Vivre : Nous, visitandines, quatre siècles de présence à Moulins et Nevers, Dir. Gérard Picaud, Coédition musée de la Visitation, Moulins Somogy éditions d’Art, 29 avril 2015, 336 pages, 320 illustrations, 42,00 €, 24,6 x 28 cm

 

 

Depuis quatre cents ans, des femmes veillent sur la ville de Moulins, capitale du duché de Bourbonnais. Ces femmes, membres de l’ordre de la Visitation, sont un point de rencontre essentiel entre deux mondes : celui de la vie cachée et celui de la vie mondaine.

Cette ferveur de vivre s’exprime dans la beauté des œuvres présentées, manifestation vivante d’un patrimoine frère de la beauté et du trouble que donne au paysage le brouillard lorsqu’il est apprivoisé par la vibration de la lumière, comme en témoignent, ici, et là, les pièces dévoilées pour la première fois au public.

Ici : en ce bel ouvrage.

Régiment de femmes, Clemence Dane

Ecrit par Marc Ossorguine , le Vendredi, 26 Juin 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, Belfond

Régiment de femmes (Regiment of Women), septembre 2014, traduit de l’anglais par Jeanne Fournier-Pargoire, 487 pages, 19 € . Ecrivain(s): Clemence Dane Edition: Belfond

 

 

Il peut paraître difficile de se plonger dans la lecture de ce Régiment de femmes car il nous impose un saut dans le temps qui n’est pas que celui de l’imaginaire, mais aussi celui de la lecture même, de son rythme. Première œuvre de son auteur, alors âgée de 29 ans, publiée en 1917, donc il n’y a pourtant pas si longtemps au regard de l’histoire de la littérature, l’écriture et le récit s’y déploient en effet dans une dynamique et une durée qui peuvent nous prendre au dépourvu, demandant au lecteur de trouver dans sa propre lecture un tempo et un phrasé qui appartiennent sans doute plus à la musique classique de ce temps qu’au rap ou à d’autres rythmes contemporains. Une difficulté de lecture qui est celle qu’un lecteur du XXIe siècle peut éprouver à la lecture de La Recherche du temps perdu, même si ici, la longueur du récit n’est pas en cause.

L’arbre de vie, Raphaël Mérindol

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Vendredi, 26 Juin 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Poésie, Arts, Cardère éditions

L’arbre de vie, juin 2013, 93 pages, 15 € . Ecrivain(s): Raphaël Mérindol Edition: Cardère éditions

 

L’arbre de vie de Raphaël Mérindol, illustré magnifiquement par Pierre Cayol, Christian Jauréguy, Jean-Pierre Peransin et Le Zhang, est un petit bijou et une louange, un véritable hymne dédié à l’arbre, l’arbre en nous, celui qui En tout lieu, […] a le singulier pouvoir de donner des nouvelles du silence et à tous les arbres, de toute espèce. Qu’ils soient de l’automne ou de l’hiver, sous leur cape de brume, ils sourient. Qu’ils soient cyprès au cœur pur, cèdre centenaire, platane, poirier (tant aimé de la mère) ou pin sylvestre, ils sont habité(s) d’amour et chaque jour le ciel renouvelle la garde-robe de sa cime ajourée. Toujours là, présent à nos silences, à nos deuils, à nos solitudes, prêt à nous consoler, prodige bienveillant qui porte nostalgie et espoir, l’arbre (de vie) continue nos espoirs, perpétue nos mémoires endeuillées.

Dans ce recueil de belle facture où la trame même est en majesté (celle de l’arbre), se déploie une écriture arborescente, tantôt en ramées dispersées, brèves et légères comme des haïkus accolés à la douceur des illustrations, tantôt en longs feuillages qui descendent vers le sol, déployant une prose qui s’abandonne et se confie. Et, là… soudain…