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Critiques

George Steiner, l’hôte importun, Entretien posthume et autres conversations, Nuccio Ordine (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mercredi, 28 Septembre 2022. , dans Critiques, Les Livres, Essais, La Une Livres, Les Belles Lettres

George Steiner, l’hôte importun, Entretien posthume et autres conversations, Nuccio Ordine, Les Belles-Lettres, mai 2022, trad. italien, Luc Hersant, 116 pages, 15 € Edition: Les Belles Lettres

 

George Steiner est mort le 3 février 2020 à son domicile de Cambridge et le monde est désormais un endroit moins intéressant. Puisque les mathématiciens et les astrophysiciens postulent l’existence d’une infinité d’univers infinis dans une infinité de dimensions, il n’est pas exclu que dans l’un d’eux ou l’une d’elles, Steiner poursuive le dialogue entamé en sa prime jeunesse avec les grands créateurs du passé (il affirmait pour sa part ne pas croire à une forme de vie après la mort). Mais, dans notre monde et notre dimension, c’est hélas fini, même s’il n’est pas impossible que les années à venir apportent la publication de cours, de textes oubliés, voire d’authentiques inédits, comme dans le volume du Pr. Nuccio Ordine. La première partie est constituée d’une série de chapitres brefs, où le savant italien parcourt les grands thèmes de l’œuvre de Steiner. La seconde partie s’ouvre sur un « Entretien posthume ». L’exercice consistant à faire parler les morts se pratique couramment depuis l’Antiquité, mais il s’agit en l’occurrence de la transcription d’un entretien que Steiner a réellement donné à Nuccio Ordine en 2014 et dont le texte ne devait être divulgué qu’après son décès.

Le Marin rejeté par la mer, Yukio Mishima (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 27 Septembre 2022. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Folio (Gallimard), Japon

Le Marin rejeté par la mer, Yukio Mishima, trad. japonais, Gaston Renondeau, 183 pages Edition: Folio (Gallimard)

 

 

Relire ce monument littéraire c’est – forcément – un moment de rencontre avec soi-même quand un demi-siècle sépare les deux lectures. C’est aussi l’étonnement d’un regard nouveau, car Mishima fait partie de ces écrivains qu’on ne relit jamais deux fois de la même façon : au magnifique roman d’amour et de folie haineuse s’est substitué un manifeste, celui de l’écrivain le plus incroyable du XXème siècle, celui dont la vie fut une fiction et, ici, dont la fiction est la vie. Mishima, l’homme qui a vécu hors du réel, dans des « forêts de symboles » qui l’enfermèrent dans des idéaux intraitables et qui voua sa vie, son corps, son esprit à ces idéaux jusqu’au sacrifice suprême, comme un héritier intouchable des samouraïs : solitude, culte de l’héroïsme, culte et sacrifice du corps vécu comme enveloppe et outil dans le chemin du héros, exaltation de l’âme et des vertus de courage.

Mrs Dalloway, Virginia Woolf (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 26 Septembre 2022. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, Folio (Gallimard)

Mrs Dalloway, Virginia Woolf, Folio Bilingue, mai 2022, trad. anglais, Marie-Claire Pasquier, 512 pages, 11,90 € . Ecrivain(s): Virginia Woolf Edition: Folio (Gallimard)

 

Cette journée de juin 1923 vécue par Clarissa Dalloway est bien connue, cette dichotomie ressentie entre Mrs Dalloway et Clarissa, entre les conventions à respecter et maintenir et les sentiments à faire taire voire effacer, entre les angoisses et le désir de plénitude, entre le passé et le présent, dans un Londres déambulatoire à la temporalité rythmée par Big Ben : tout l’art de Virginia Woolf y resplendit, dans un flux de conscience émouvant et perturbant. L’occasion est toujours belle de se baigner à nouveau dans ce flux, pour y ressentir des émotions contradictoires en apparence mais jamais univoques. Dont acte avec le présent volume, présentant l’avantage d’une mise en regard du texte original en anglais avec le texte traduit en français, traduction plus récente que celle lue il y a vingt ans environ chez Flammarion.

Jacques et le haricot magique, Philippe Lechermeier, Bérengère Delaporte (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 23 Septembre 2022. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Jeunesse, Gallimard Jeunesse

Jacques et le haricot magique, Philippe Lechermeier, Bérengère Delaporte, juin 2022, 32 pages, 12,90 € Edition: Gallimard Jeunesse

 

L’enchantement

Philippe Lechermeier (né à Strasbourg en 1968, écrivain récompensé par de nombreux prix), s’empare de ce récit très connu, Jack et le Haricot magique, dont on ne connaît pas précisément l’origine, mais auquel on suppose des racines britanniques. Réédité à de nombreuses reprises, le conte a été mis en image par des artistes célèbres, tels que George Cruikshank, Walter Crane ou Arthur Rackham.

Dans cet album jeunesse, Philippe Lechermeier donne une nouvelle interprétation de Jacques et le haricot magique, tout en gardant la structure traditionnelle du conte. L’histoire commence assez mal pour un petit enfant roux, prénommé Jacques, dont le destin se situe à mi-chemin entre Poil de Carotte, Perrette et le pot au lait et le Petit Poucet. Notre jeune héros, gourmandé par sa mère, est contraint de se rendre au marché et de traverser prairies et forêt.

Lunar Caustic, Malcolm Lowry (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 22 Septembre 2022. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, Editions Maurice Nadeau

Lunar Caustic, Malcolm Lowry, Editions Maurice Nadeau, trad. de l'anglais Clarisse Francillon,Poche, mai 2022, 222 pages, 9,90 € Edition: Editions Maurice Nadeau

 

 

Cette réédition du texte de Lowry (longue nouvelle ou court roman ?) par la maison Maurice Nadeau, dans sa nouvelle Collection Poche, réunit, initiative fort appréciable, non seulement l’ultime version, la plus achevée, celle de 1963, intitulée Lunar Caustic, parue à titre posthume dans la Collection Les Lettres Nouvelles, mais aussi celle de 1956, ayant pour titre Le Caustique Lunaire, mais encore, en préface, ce qu’en écrivait Maurice Nadeau en 1977 dans Les Lettres Nouvelles, mais en outre, en postface, « Malcolm mon ami », un texte témoignage de Clarisse Francillon, laquelle, traductrice de chacune des versions françaises, a accueilli l’écrivain lors des séjours qu’il a effectués à Paris, a travaillé avec lui sur la traduction, et a été l’intime témoin de sa dépendance de tous les instants à l’alcool.