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Critiques

Avènement d’un rivage, Jacques Guigou

Ecrit par Marc Wetzel , le Jeudi, 31 Mai 2018. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Poésie, L'Harmattan

Avènement d’un rivage, mars 2018, 66 pages, 10 € . Ecrivain(s): Jacques Guigou Edition: L'Harmattan

 

« Déplacé par les courants du Rhône

le rivage revient

chargées ou lestes

les saisons de son passé

signent ses lignes à venir

altérés insatisfaits

les sables de Petite Camargue

n’en finissent jamais

de faire des avances à la mer » (p.11)

Une terrasse en Algérie, Jean-Louis Comolli

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mercredi, 30 Mai 2018. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Récits, Verdier

Une terrasse en Algérie, février 2018, 192 pages, 14 € . Ecrivain(s): Jean-Louis Comolli Edition: Verdier

 

Plus de soixante ans après les faits tragiques, Jean-Louis Comolli revient par l’écriture dans l’Algérie qu’il a dû quitter un jour de 1961.

Né en 1941, l’amoureux du cinéma, le cinéphile, l’essayiste connu, le cinéaste, entreprend de nous raconter par le menu ce que furent ces années-là, terribles, à Philippeville en Algérie, ces années 55 à 57, germes tragiques d’une « drôle de guerre » faite d’embuscades, de tortures, de guérilla urbaine, d’attaques rurales, de factions opposées entre des communautés qui avaient « commencé » à vivre ensemble : les Pieds Noirs, installés de tout temps, auxquels Jean-Louis, par ses parents, ses grands-parents, appartient de plein droit ; les Arabes, les Kabyles, souvent méconnus, peu visibles, réduits chez les précédents aux tâches subalternes (et le grand-père Florentin est une exception, un entrepreneur qui conçoit l’égalité avec ses employés kabyles) ; le pouvoir français qui joue comme tout pouvoir de sa domination.

L’Epreuve et le baptême, Jacques Demaude

Ecrit par Patrick Devaux , le Mercredi, 30 Mai 2018. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Poésie

L’Epreuve et le baptême, Le Taillis Pré, Poésie, mars 2018, frontispice Jeanne-Marie Zele, 122 pages, 14 € . Ecrivain(s): Jacques Demaude

 

Comment définir autrement Jacques Demaude que par « marteleur d’éternité », lui-même étant cet écrin d’absolu qu’on ne prête qu’aux grandes références, l’auteur se ressourçant depuis longtemps auprès d’autres grandes voix telles celles de Marcel Hennart, Michel Defgnée ou Max Elskamp.

Cet auteur éponge la nuit pour en transcender la lumière, celle qui nous continue, la « mort » n’étant qu’un vain mot : « charmer la lumière incréée ».

Sensible à l’élan du moindre mouvement poétique mais avec une prudence de Sioux car si « les branches surabondent, les fruits nous sont mesurés ».

Enfant littéraire de ce « Créateur » où « ratures sous les ratures, nous irons peut-être graver la lumière perpétuelle ».

Faire-part, Jean-Louis Rambour

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 29 Mai 2018. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Récits

Faire-part, Jean-Louis Rambour, éd. Gros Textes, 2017, 64 pages, 6 € . Ecrivain(s): Jean-Louis Rambour

 

Si nous ne sommes pas tous égaux à la naissance, nous ne le sommes pas davantage devant la mort, cela nous tous le savons. La force de cet opus et l’efficacité du poète Jean-Louis Rambour reviennent ici à une mise en scène fantaisiste, du moins pas toujours sérieuse, des cérémonies funèbres célébrant le décès d’une personnalité, d’un quidam, d’un anonyme – une récréation par les mots qui nous sauve de la gravité du moment tout en nous invitant à poser un regard lucide, authentique et humoristique sur cet événement tragique.

Si des personnalités font l’objet de quelques notices nécrologiques parmi les 44 proposées (Juliette Gréco, Robert Lamoureux, Margaret T., Maurice André, Jésus, Hugo Chavez (et Stéphane Hessel)), cependant nous retrouvons surtout dans l’inventaire de l’auteur du Mémo d’Amiens la présence (disparue) de quidams ou de petites gens qui n’en n’ont pas moins marqué leur temps, chacun à sa manière.

Don Quichotte, Pietro Citati

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Lundi, 28 Mai 2018. , dans Critiques, Les Livres, Essais, La Une Livres, Gallimard, Italie

Don Quichotte, 2018, trad. italien Brigitte Pérol, avril 2018, 192 pages, 19,50 € . Ecrivain(s): Pietro Citati Edition: Gallimard

 

Pietro Citati lecteur de Cervantès

Pietro Citati prouve combien le Don Quichotte de Cervantès reste un livre inépuisable. Dans ce roman premier, sorte de chant renversant et mystique (sous certains aspects) et farce de première importance, Cervantès mélange le rire à la douleur. Et l’auteur italien commente à sa manière cette symbiose en dépliant des plis inconnus de la robe de Dulcinée du Toboso comme des hauts de chausse du héros et de son fidèle écuyer. Il prouve comment Cervantès procède pour que bien des ombres et des chausse-trappes nous attirent là où la question que les deux héros, inconsciemment, se posent, se déplace sans cesse entre un « qui je suis » et un « si je suis ».

Les mots de Cervantès ne font donc rien que constater les dégâts d’un héros premier de l’histoire du roman. Ecrire, rappelle l’Italien, est donc toujours croire à la vie mais dans un sens particulier. Et il appelle à l’éveil, à la lucidité du lecteur face à une œuvre hors norme et ses suites de fractures, merveilles, absurdités et critiques implicites. Celles-ci portent autant sur le rêve que sur la réalité. L’essai trace une nouvelle carte pour ce livre où se pose la question de leur sens.