Identification

Critiques

Scène de la vie conjugale, Philippe Limon (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 20 Février 2019. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Gallimard

Scène de la vie conjugale, janvier 2019, 15 € . Ecrivain(s): Philippe Limon Edition: Gallimard

 

« Je lui ai encore demandé depuis quand elle avait eu l’intention de coucher avec quelqu’un d’autre pendant mon absence, si c’était seulement depuis qu’elle avait revu son ancien partenaire sexuel occasionnel d’autrefois par hasard, un soir de printemps, si c’était depuis qu’elle avait regardé les photographies du temps jadis, ou si, avant ça, elle avait déjà tout simplement envisagé de coucher avec le premier venu ».

Scène de la vie conjugale est un premier roman, publié par L’Infini, la collection que dirige Philippe Sollers chez Gallimard. L’éditeur écrivain nous confiait qu’il n’avait pas grand mal à décider de la publication d’un roman : « Il y a une voix ou pas premièrement, deuxièmement, il y a une composition latente qui se reconnaît, ce n’est pas seulement de savoir si c’est bien écrit, c’est de savoir si c’est composé comme en musique ». Scène de la vie conjugale est un roman qui a de la voix et du style, avec ses variations et ses vibrations de colère. Une voix et une composition qui sautent aux yeux.

Celui qui dut courir après les mots, Gil Jouanard (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mercredi, 20 Février 2019. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Poésie, Biographie, Phébus

Celui qui dit courir après les mots, novembre 2018, 208 pages, 18 € . Ecrivain(s): Gil Jouanard Edition: Phébus

 

Signaler en épigraphe qu’on a aimé et qu’on aime, dans le désordre, Montaigne, Calet, Follain, Fargue et Supervielle, c’est enjoindre son lecteur à lire ce livre sous la bannière heureuse de ces dénicheurs d’enfance, si j’ose ainsi appeler ces poètes et prosateurs qui ont dû nourrir durablement notre Gil.

Bien sûr, passant du « il » au « je », sans en faire un jeu factice, Jouanard, avec ce long titre, tire de sa vie mission à comprendre, au-delà de ses propres signes, celle des autres, et loin, derrière, dans une volonté anthropologique de saisie des éléments (à l’aune de Bachelard), celle des ancêtres qui découvrirent pas à pas chasse, outils, langage, expression artistique.

De quoi une vie, pour celui qui la commente à l’âge respectable de plus de quatre-vingts printemps, est-elle tissée ? Du bois des ancêtres ? De cette insigne conquête des mots ? D’une timidité combattue à force de solitude et d’âpre lutte ? Ou encore de cette science personnelle qui pousse un être à se deviner très tôt, dans la forge des mots ?

Rose de cendres, Pilar Rahola (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Mercredi, 20 Février 2019. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Espagne, Belfond

Rose de cendres, novembre 2018, trad. catalan, Marie-Christine Vila, Isabelle Lopez, 279 pages, 20 € . Ecrivain(s): Pilar Rahola Edition: Belfond

 

Que savons-nous de l’histoire de la Catalogne ? Du point de vue du lecteur français, non spécialiste de l’histoire ibérique, peu de choses, en vérité. Pilar Rahola, romancière catalane, vient opportunément nous éclairer à l’occasion de la parution en France de son roman Rose de cendres.

Ce roman ne traite pas à proprement parler de l’histoire événementielle de la Catalogne. Néanmoins, il évoque des questions essentielles quant à la nature du séparatisme, catalan, aux composantes de l’histoire sociale de cette région.

Albert Corner est un homme d’origine modeste. De retour de la guerre d’indépendance menée à Cuba, il se fixe pour objectif dès son retour de s’enrichir, à tout prix et par tous les moyens, y compris  la criminalité. Pourtant, durant ce conflit, il prend conscience qu’il est catalan, et à ce titre, victime, tout comme les Cubains, de la domination espagnole, en manifestant de l’admiration pour cette poignée de soldats cubains qui résistent dans une plantation, l’Indiana, située dans la province de Guantanamo…

La Fiction Ouest, Thierry Decottignies (par Yann Suty)

Ecrit par Yann Suty , le Mardi, 19 Février 2019. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Le Tripode

La Fiction Ouest, janvier 2019, 210 pages, 17 € . Ecrivain(s): Thierry Decottignies Edition: Le Tripode

 

Voilà un livre bien étrange de bout en bout, qui happe le lecteur dès les premières pages dans son monde mystérieux et qui ne le lâche pas jusqu’à la dernière ligne. Et cela, Thierry Decottignies y parvient grâce – entre autres – à un principe simple, peut-être hérité de Kafka : il n’explique pas tout. Au lecteur de décoder, d’interpréter, d’imaginer peut-être afin de combler certains blancs. C’est aussi cela le pouvoir de la suggestion : elle rend plus fort le propos en enflammant l’imagination. Un peu comme l’effet que peut procurer le noir.

Au début du roman, on croit comprendre que le narrateur (dont on ne connaîtra pas le nom) vient d’être embauché dans un parc d’attractions, baptisé Ouest. Il doit y recevoir une formation avant d’y décrocher un poste. Il est soulagé car ça faisait longtemps qu’il cherchait un emploi. Le soir, il partage une chambre avec d’autres garçons. Ils forment comme une fraternité. Ils ont des noms peu communs : l’Employé, Percien, Ouespe, Vassili, l’Evanouie. Très souvent, il y a beaucoup de vodka.

Dans le sillon des mots, Dominique Sintobin (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Mardi, 19 Février 2019. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Poésie

Dans le sillon des mots, Editions Les Déjeuners sur l’herbe, 2018, 92 pages, 10 € . Ecrivain(s): Dominique Sintobin

 

Dans sa démarche active de l’écrit, pensée comme une promenade de Vie, Dominique Sintobin verbalise la phrase comme on chantonne : « écrire et reprendre un cheminement comme on reprend un sentier le même mais autrement ».

Le quotidien, à peine parfois transgressé, fait office de bonheur principal incitant à marquer le pas.

Recherche d’unicité avec les éléments principaux.

Il y a quelque chose de magnétique dans cette démarche ressemblant à un appel d’air dans d’évidentes joies bonnes à rappeler.

La simplicité fait office de difficulté à rattraper le moment présent et le garder un peu dans le creux de la main quand « l’écorce se fait caméléon » prenant « la couleur de la pierre ».