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Critiques

Comment tout peut s’effondrer, Pablo Servigne, Raphaël Stevens (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 15 Mars 2019. , dans Critiques, Les Livres, Essais, La Une Livres, Seuil

Comment tout peut s’effondrer, Postface Yves Cochet, 300 pages, 19 € . Ecrivain(s): Pablo Servigne, Raphaël Stevens Edition: Seuil

 

Comment tout peut s’effondrer… La forme est affirmative, et sous-entend à la fois l’hypothèse par l’emploi du verbe modal, et la possibilité paradoxale que la probabilité est réelle…

Tout l’intérêt de l’ouvrage est là. Toute la portée de ce titre apparaît en lettres de feu à mesure que la lecture progresse. Analysons chacune de ses quatre unités lexicales.

« peut »

Le titre est annonciateur d’une « possible réelle » catastrophe. Mais attention ! Nous ne sommes pas dans le domaine de la science fiction. Allons plus loin : arrivés au bout du livre, nous pouvons ôter à l’expression « science fiction » son second terme. Nous sommes bien, sans équivoque, dans le champ scientifique.

Ce qui conduit à un paradoxe remarquable : les auteurs exposent la catastrophe… sans faire de catastrophisme. L’exposé est fondé sur la confrontation, l’analyse et la synthèse de cinquante années de données scientifiques analysant l’évolution conjointe et simultanée des sociétés humaines sur la planète et de la planète sous influence des sociétés humaines.

Un Blanc, Mika Biermann (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 14 Mars 2019. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman

Un Blanc, éditions Anacharsis, Coll. Griffe n°13 Fictions, janvier 2019, 156 pages, 9 € . Ecrivain(s): Mika Biermann

 

Ce petit roman est une confiserie glacée, une récréation divine. Sa lecture est jalonnée de crises de fou-rire inextinguibles, et d’émerveillement devant des paysages aussi splendides que frigorifiques.

Dès les premières pages, on est avertis : ce roman n’est pas un roman, c’est un récit de voyage. Enfin, c’est ce que prétend l’auteur du livre qui aurait découvert les carnets de bord de Hog Patier, cuisinier à bord de l’Astrofant, bateau parti en expédition dans l’Antarctique dans les derniers jours de l’an de l’an 2000, donc du XXème siècle. L’auteur prétend encore que son rôle s’est limité à mettre en ordre ces notes et les corriger. Tant d’ardeur dans la Verneinung (non, c’est pas moi !) nous glisse – on se demande bien pourquoi – un sérieux doute.

Commence alors, « racontée » par des membres de l’équipage, l’aventure polaire : Adolfin Smitt (Chef de l’expédition), Hog Patier (cuisinier), Arg Chant (premier officier).

Les Sœurs Livanos, Stéphanie des Horts (par Sylvie Ferrando)

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Jeudi, 14 Mars 2019. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Albin Michel

Les Sœurs Livanos, novembre 2018, 256 pages, 19 € . Ecrivain(s): Stéphanie des Horts Edition: Albin Michel

 

C’est au monde des armateurs grecs du milieu du XXe siècle que s’attache ici Stéphanie des Horts, fidèle à son intérêt pour les classes dominantes et pour les folies et scandales qui jalonnent la vie des élites people, et qu’elle narre avec brio et vivacité. Pour une vie à deux cents à l’heure il faut un style vif et incisif, voire mordant.

Tout dans ce roman est construit en opposition : la brune et la blonde, le distingué et le vulgaire. Eugénie et Tina Livanos, filles de Stavros G. Livanos, dont l’empire de la navigation maritime est concurrencé par ceux des milliardaires Aristote Onassis et Stavros Niarchos, épousent chacune l’un des concurrents économiques de leur père.

Aristote Onassis, surnommé Ari ou Aristo, dont l’apparence de « métèque » contraste avec l’opulence de la fortune et l’extravagance des dépenses : « […] même en smoking, il a l’air d’un chiffonnier ». Stavros Niarchos, élégant, raffiné, qui « aime le calme et la distinction ».

Le bon moment, La science du parfait timing, Daniel Pink (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Mercredi, 13 Mars 2019. , dans Critiques, Les Livres, Essais, La Une Livres, Flammarion

Le bon moment, La science du parfait timing, janvier 2019, 320 pages, 20,90 € . Ecrivain(s): Daniel Pink Edition: Flammarion

 

Penseur hors normes, plume avisée autant dans ce qui nous motive que dans nos sciences vécues socialement, l’auteur s’intéresse, et nous fait participer, avec brio, à la science du « parfait timing ».

L’ouvrage, progressif, nous fait choisir, presque par la pratique et l’exemple, le moment opportun pour la prise de décision, démontrant que l’emploi du temps idéal pour agir est décisif ; avec une origine précise, pour une cause identique avec la même intention, le résultat diffère en fonction du timing.

L’ouvrage se veut, par la démonstration, « boîte à outils » du temps, comme par exemple « faire du sport le matin, booster l’humeur, instaurer une routine sportive, gagner en masse musculaire ».

Les clichés sont régulièrement démontés dans cet essai où « la pause-vigilance peut nous aider à nous défaire de l’emprise du coup de mou de l’après-midi », où les « micro-éruptions d’activités » s’avèrent efficaces plutôt que suggérées négativement.

Le livre est clairsemé de graphiques ayant force de démonstration à séquencer la journée en fonction de l’activité.

Billy le menteur, Keith Waterhouse (par Yann Suty)

Ecrit par Yann Suty , le Mardi, 12 Mars 2019. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, Editions du Typhon

Billy le menteur (Billy Liar, 1959), janvier 2019, trad. anglais (Angleterre) Jacqueline Le Begnec, 242 pages, 17 € . Ecrivain(s): Keith Waterhouse Edition: Editions du Typhon

 

Le problème, quand on ment, c’est qu’il faut avoir de la mémoire. Il faut se rappeler à qui on a raconté une histoire à coucher dehors. Par exemple, à qui on a fait croire que sa sœur est à l’hôpital, gravement malade, alors qu’on n’a pas de sœur. Ou bien à qui on a dit que son père était officier de la marine et à qui d’autre qu’il était cordonnier. Les mensonges peuvent embellir la vie. Ils peuvent par exemple servir de munitions pour se faire valoir auprès des jeunes femmes. Mais quand on les additionne, ils peuvent aussi compliquer l’existence et obliger à gérer des situations de plus en plus périlleuses.

Quelques années après la deuxième guerre, dans une petite ville du nord de l’Angleterre. Billy Fisher n’est plus un enfant, mais pas encore tout à fait un adulte. Il a un travail, mais habite encore chez ses parents – et avec sa grand-mère – qui ont toujours le droit de lui interdire de sortir. C’est un peu un « Tanguy » des temps anciens. Billy a des ambitions qui pourraient être qualifiées de mesurées. D’un autre point de vue, on peut dire qu’il prend le temps de vivre.