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Les Chroniques

Une histoire de mauvaise conscience ?, par Catherine Dutigny

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Jeudi, 23 Février 2017. , dans Les Chroniques, La Une CED

Depuis quelques jours, pour être précise depuis le passage de Mehdi Meklat dans l’émission La Grande Librairie présentée par François Busnel, la presse, les réseaux sociaux ne parlent que du « cas » Meklat. Un jeune homme de 24 ans qui présentait ce jour-là avec son co-auteur Badroudine Said Abdallah leur second livre, Minute, publié par Le Seuil. Une exposition médiatique qui fit resurgir, par le biais d’alertes postées immédiatement, la face plus ou moins cachée de Mehdi Meklat qui, sur Twitter et sous le pseudonyme de Marcelin Deschamps (clin d’œil à Marcel Duchamp selon Mehdi) pendant de longues années, inonda son profil de tweets racistes, homophobes, antisémites etc. Il est facile de se documenter sur Internet pour en retrouver les traces.

L’« affaire » Mehdi Meklat met le projecteur sur la complaisance avec laquelle les médias de toutes sortes comme Le Monde, en passant par France Culture, les Inrocks, Libé, Radio France, Arte, ou le Bondy Blog ont pu « ignorer » pendant des années le double diabolique de Mehdi Meklat, mais aussi comment les jugements, prix et critiques littéraires peuvent être affectés d’un syndrome équivalent. Dans le cas de Mehdi Meklat, Laurent Bouvet, dont je ne partage pas toujours les analyses, loin de là, fait une lecture assez crédible du phénomène dans un article publié dans le Figaro.fr, le 21 février 2017 :

A propos de Ainsi parlait Oscar Wilde (Arfuyen)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 20 Février 2017. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

Le dandy blessé

Ainsi parlait Oscar Wilde, Oscar Wilde, Arfuyen, janvier 2017, trad. Gérard Pfister, 165 pages, 13 €

 

Il y a sans doute une double inflexion dans l’œuvre d’Oscar Wilde, inflexions qui recoupent les genres qu’il a parcourus – théâtre, roman, textes divers, correspondance… –, et qui reposent sur des faits objectifs. Tout d’abord, la vie de l’homme, et son destin, aristocrate irlandais qui a subi un déclassement social, qui l’a conduit jusqu’à la mort à Paris en 1900. Son inculpation d’homosexualité, la vieille Angleterre victorienne, le harcèlement de sa société, représentent un grand arc historique qui marque l’écrivain. C’est l’inflexion la plus visible, et la plus douloureuse.

A propos de "Le Dernier qui s’en va éteint la lumière", Paul Jorion, par Didier Smal

Ecrit par Didier Smal , le Samedi, 11 Février 2017. , dans Les Chroniques, La Une CED

Le Dernier qui s’en va éteint la lumière, Paul Jorion, Fayard, mars 2016, 288 pages, 19 €

 

 

Paul Jorion (1946) a touché un peu à tout ce qui a fait avancer la connaissance de l’homme et sur l’homme durant les dernières décennies : sociologie, psychologie, intelligence artificielle, finance (il fut le premier à annoncer la crise des subprimes), et aujourd’hui qu’il a soixante-dix ans, il livre une réflexion ultime – bien qu’évidemment il soit tout à fait le bienvenu pour continuer son œuvre, forte déjà d’une vingtaine d’ouvrages et d’une pléthore d’articles, sur tous les sujets évoqués ci-dessus – ; cette réflexion ultime a un titre à la douce ironie, une recommandation presque délicate : Le Dernier qui s’en va éteint la lumière. On croirait presque la tendre parole d’une institutrice au moment de quitter la classe… A ceci près que, à en croire Jorion, dans deux ou trois générations, il n’y aura plus classe, ni institutrice – ni même d’enfants, d’ailleurs. Car c’est bien ce qu’annonce cet essai aussi bref que percutant : l’extinction prochaine de l’espèce humaine.

Si la pierre tombale pouvait être une page entière, c’est ce texte que je revendique, par Kamel Daoud

Ecrit par Kamel Daoud , le Lundi, 06 Février 2017. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

Hommage à Aliaa Magda Elmahdy, la seule vérité nue

 

Le corps n’est pas une saleté. Ce n’est pas le crime de mes parents. Ce n’est pas un fardeau. C’est ma joie, mon cosmos, mon sentier et le seul lien que j’ai avec le Dieu ou la pierre et la courbure du monde. Il est mon sens et le sens de ce qui me regarde et m’obstrue ou m’éclaire. Je ne le porte pas derrière mon dos mais devant moi comme un déchiffreur de mon souffle et de ma part du monde, sa poussière, odeurs et grains et poids. Mon corps est mon délice et ma vérité. On m’arrache la vie quand on m’arrache le corps et la vie m’est redonnée quand je rencontre l’autre en son corps, et c’est là que je donne la vie. Et c’est une longue histoire que je ne veux plus subir : l’histoire des religions de mon monde qui me disent et me répètent que mon corps est mon aveuglement et ma perte. Ma vérité est nue et visible quand mon corps n’est pas une obscurité ni une honte.

Sommes-nous condamnés à perpétuité par la religion ?, par Amin Zaoui

Ecrit par Amin Zaoui , le Mercredi, 25 Janvier 2017. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

Entre nous et l’Histoire, le chemin est brouillé. Les musulmans sont obsédés par leur passé. Un passé qui ne bouge point. Figé. Inerte. Un passé, poids, fardeau, qui, à son tour, ne fait pas bouger ces musulmans, ses acteurs. Pour les musulmans, l’Histoire est l’équivalent du passé. Religieusement, ils regardent leur passé, avec glorification, avec adoration, hallucination, fascination, avec obsession, sans réflexion aucune, sans critique. Aveuglément.

Le passé n’est pas l’Histoire. Les autres nations étudient leur Histoires afin de ne pas retomber dans leur passé. Afin d’éviter la stagnation, la décomposition, de putréfaction. Pour ne pas se baigner une nouvelle fois, une deuxième foi, dans la même eau usée, sale. Les Arabes et les musulmans en général reviennent à leur Histoire afin d’y rester, d’habiter leur passé. Habiter le passé pour toujours. Retourner au passer, chez les musulmans, c’est pour faire revenir ce passé dans leur présent. Pour faire de ce passé un projet de leur société future !