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Science-fiction

Les furtifs, Alain Damasio (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Lundi, 17 Juin 2019. , dans Science-fiction, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Les furtifs, éditions La Volte, avril 2019, 687 pages, 25 € . Ecrivain(s): Alain Damasio

 

Damasio collages et décollages

L’impact émotionnel – mais pas seulement – puissant dans les tensions que provoquent ces « furtifs » est puissant par les tensions que les deux héros gémellaires provoquent. Ils assument leur sécession et une marginalité. Il s’agit pour eux de « vivre ivres » dans des interstices que leur laisse leur collage et qu’évoquent les matières vibrantes poétiques, narratives, politiques aux assonances sauvages face à une technologie d’un âge d’or à la triste figure où le seul objectif est de trouver un art de vivre par la réappropriation des technologies avancées et fermées.

Romancier de l’état de la langue et du monde, Alain Damasio est une sorte d’actionniste littéraire. Il titille le lecteur par son art de la performance. Il vampirise la narration et sa materia prima dans un parcours où se révisent bien des invariants par un rituel romanesque, dont il ne conserve que le chapeau là où la ville ne dort jamais, prête à écraser les déviants dans sa puissance de contrôle…

Demain une oasis, Ayerdhal

Ecrit par Marc Ossorguine , le Lundi, 04 Juin 2018. , dans Science-fiction, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Au Diable Vauvert

Demain une oasis, 256 pages, 15 € . Ecrivain(s): Ayerdhal Edition: Au Diable Vauvert

 

Plongée dans le futur, un futur relativement proche, dans l’est de l’Afrique.

Le réchauffement climatique et l’inertie politique on fait leur œuvre et il n’y a plus « là-bas » qu’un espace abandonné ou tentes de quelques populations auxquelles personne, dans le monde « développé », riche, ne se préoccupe. En cette époque les grands projets sont devenu spatiaux. L’espace est en effet devenu lieu de vie, multipliant les stations orbitales gigantesques qui sont devenues des extensions des nations riches. L’on parle même de transformer les planètes Mars et Vénus pour les rendre habitables par des communautés humaines. Ces grands projets reposent sur une collaboration internationale qui a développé ses propres institutions, sur l’héritage des Nations unies avec des organisations et une administration mondialisée qui ont tiré un trait sur ceux qui ne pouvaient pas suivre, soit une très large partie du continent africain. Cependant, quelques-uns bataillent encore pour faire de l’humanitaire dans ces régions abandonnées de tous, pour sauver quelques vies dans cette partie du monde que le changement climatique a rendu encore plus invivable. Les périodes de famine y sont de plus en plus longues et le nombre de victimes n’affole plus aucun compteur car il y a longtemps que personne ne les compte plus.

La Science du Disque-Monde IV : Le Jugement Dernier, Terry Pratchett, Ian Stewart & Jack Cohen

Ecrit par Didier Smal , le Mercredi, 11 Janvier 2017. , dans Science-fiction, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman

La Science du Disque-Monde IV : Le Jugement Dernier, L’Atalante, La Dentelle du Cygne, avril 2015, trad. anglais Patrick Couton, Lionel Davoust, 432 pages, 21 € . Ecrivain(s): Terry Pratchett, Ian Stewart & Jack Cohen

 

Pour apprécier La Science du Disque-Monde IV : Le Jugement Dernier à sa pleine et juste valeur, il conviendrait de réunir deux conditions : 1) être amateur des Annales du Disque-Monde ; 2) être amateur de vulgarisation scientifique (accessoirement, une troisième condition pourrait s’imposer : avoir lu les trois premiers volumes de La Science du Disque-Monde).

Si l’œuvre de Terry Pratchett (1948-2015), le plus grand auteur humoristique anglais depuis P.G. Wodehouse (dixit la formule promotionnelle habituelle), cette fantasy à la délirante inventivité verbale et scénaristique, laisse indifférent, autant passer son chemin ; si l’idée de lire des pages où il est question de théorie des cordes ou de la place de l’être humain dans l’univers révulse, idem. Par contre, si l’on est atteint de curiosité intense incurable, avec un esprit suffisamment retors pour rire en apprenant, alors, même si le nom de Pratchett est inconnu, il faut lire La Science du Disque-Monde IV : Le Jugement Dernier, au risque d’y prendre un plaisir sans mélange.

Sept secondes pour devenir un aigle, Thomas Day

Ecrit par Didier Smal , le Samedi, 19 Novembre 2016. , dans Science-fiction, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Folio (Gallimard)

Sept secondes pour devenir un aigle, septembre 2016, postface de Yannick Rumpala, 384 pages, 8,20 € . Ecrivain(s): Thomas Day Edition: Folio (Gallimard)

 

Thomas Day (1971) est un des chefs de file du renouveau de la science-fiction francophone, un de ceux qui lui a redonné vigueur et diversité de tons – on songe en particulier au cycle La Voie du Sabre, remarquable de documentation, d’imagination et, surtout, d’allant stylistique. Avec Sept secondes pour devenir un aigle, le présent recueil de nouvelles publié précédemment aux éditions Le Bélial’, il démontre l’étendue de son talent tout en s’attachant à faire vivre la veine spéculative de la science-fiction, celle qui a des préoccupations Terre-à-Terre, si l’on permet les majuscules, puisqu’elle descend des étoiles lointaines pour se demander ce qu’il va advenir de notre petite planète – pas dans des siècles, non, demain. Du coup, qu’on ne s’étonne pas si ces nouvelles se placent dans la droite ligne de Soleil Vert, Tous à Zanzibar ou encore Bleue comme une Orange : si la littérature post-apocalyptique des années cinquante et soixante imaginait la vie, l’humanité après qu’un imbécile a appuyé sur un gros bouton au fond d’un bunker, la même littérature, depuis les années soixante-dix environ, se demande surtout ce qu’il va advenir de l’humanité si elle continue à foncer droit dans le mur écologique (surpopulation, surconsommation, destruction environnementale) sans même se demander s’il existe une pédale de frein.

Terre, David Brin

Ecrit par Didier Smal , le Mercredi, 21 Septembre 2016. , dans Science-fiction, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman

Terre, éd. Milady, janvier 2016, trad. anglais (USA) Michel Demuth, revu et corrigé par Tom Clegg, 920 pages, 12,90 € . Ecrivain(s): David Brin

 

Lire de la science-fiction dans sa variante anticipation proche, quand on s’intéresse à l’histoire du genre, revient dans les faits et la plupart du temps à lire des uchronies : l’an 2000 dans la science-fiction des années cinquante ou soixante est ainsi plutôt éloigné de ce que l’on a pu vivre ou vit encore aujourd’hui. Mais ça fait partie des charmes du genre, et tant pis si en 2001 aucune mission spatiale n’est partie à la rencontre d’un parallélépipède noir absorbant la lumière du côté de Jupiter… Donc, on (déc)ouvre Terre, le septième roman de l’auteur et scientifique américain David Brin (1950), publié en 1990, avec une relative appréhension : sa vision de 2038 est-elle encore plausible aujourd’hui, le lecteur ne risque-t-il pas de se lasser de l’histoire parce que les innovations proposées lui semblent tout à fait erronées voire dépassées (ou tellement farfelues qu’elles feraient rire aux éclats – ça arrive, et nous tairons les titres par charité) ? Globalement, la réponse est négative, tout reste plausible dans ce roman, malgré quelques exagérations que l’auteur lui-même revendique dans une postface intelligente ; ainsi, la montée du niveau des mers due au réchauffement climatique a été amplement exagérée – mais cela sert le propos narratif, nous y reviendrons.