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Recensions

L'éponge des mots, Saïd Mohamed

Ecrit par Cathy Garcia , le Mardi, 08 Janvier 2013. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Poésie

L’éponge des mots, Les Carnets du Dessert de Lune, 2012, 128 pages, 12 € . Ecrivain(s): Saïd Mohamed

L’éponge des mots est un livre sans commencement, ni fin, dans lequel on entre, puis on s’assoit et on écoute. On écoute un compagnon qui nous passerait la bouteille, on boirait à même le goulot, sans faire de manières, avant de la repasser à un autre, qui serait là aussi, quelque part au bord du monde, parce que toutes les routes ont déjà été arpentées, tout a été dit, et pourtant nul n’a encore trouvé le remède au mal de vivre.

L’éponge des mots éponge le trop plein.

 

Pas de gloire à se combler d’alcool

Pour s’inventer des cataplasmes.

Boire encore et tordre le cou aux sortilèges.

Capitaine au long cours veillant sur l’histoire du hasard.

Taillader son chemin dans l’aventure des rues lisses.

Un matin pour la vie et autres musiques de scène, Françoise Sagan

Ecrit par Arnaud Genon , le Lundi, 07 Janvier 2013. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Nouvelles, Le Livre de Poche

Un matin pour la vie et autres musiques de scène, 2012, 240 p. 6,10 € . Ecrivain(s): Françoise Sagan Edition: Le Livre de Poche

Sagan donne de ses nouvelles

Françoise Sagan écrivait des textes courts. On le lui reprocha. Ses romans, souvent brefs, étaient soi-disant bâclés. Elle aurait pu approfondir la psychologie des personnages, creuser certaines situations, décrire plus longuement, disaient les critiques… Elle prouva avec La Femme fardée (1981) qu’elle était capable d’écrire ce long roman qu’ils attendaient.

Aujourd’hui, on apprécie à juste titre son art de la concision, de l’ellipse, cette fausse légèreté, cette façon d’effleurer, parfois, un sentiment, une impression, cet art de la touche qui prend la forme d’un adjectif bien senti. C’est là un de ses talents reconnus. Dire en peu de mots. Laisser parler les silences. Permettre au lecteur d’investir ses textes.

La preuve en est avec ce recueil, Un matin pour la vie et autres musiques de scènes qui reprend les treize nouvelles initialement publiées en 1981 auxquelles s’ajoutent quatre inédites en volume, parues dans des magazines (Elle, VSD, Playboy et La Revue de Paris) entre 1955 et 1985. L’art de la nouvelle, c’est celui de la concision, du choix restreint de personnages qui doivent rapidement acquérir une épaisseur suffisante, c’est l’esquisse d’un cadre, c’est la maîtrise de la chute… Autant d’éléments présents dans les romans de Sagan. Et déjà présents dans les romans, ils ne peuvent qu’être décuplés dans ses nouvelles.

Une heure de jour en moins, Jim Harrison

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Samedi, 22 Décembre 2012. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, USA, Poésie, Flammarion

Une heure de jour en moins, septembre 2012, Trad USA Brice Matthieussent, 220 p. 19 € . Ecrivain(s): Jim Harrison Edition: Flammarion

 

Si Jim Harrison est probablement l’un des plus célèbres romanciers américains, son œuvre poétique, énorme (des dizaines de recueils) et éblouissante reste fort méconnue en France. Les maisons d’édition, plus promptes à traduire les romans, rechignent à la poésie – de Jim Harrison soit-elle – signe des temps où la poésie, cœur battant de la littérature, est fort mal lotie. C’est donc à Flammarion qu’il faut adresser ici le premier compliment, car la maison nous offre avec « Une heure de jour en moins », non seulement un recueil étincelant de l’art de Jimmy mais, qui plus est, dans une traduction impeccable de Brice Matthieussent. Et il y a déjà bien longtemps que le dernier recueil de poèmes du maître du Michigan nous a été proposé en français (1998 à « la table ronde » : « l’éclipse de lune de Davenport »)

C’est par la poésie que Jim Harrison a commencé son œuvre. Il y a fondé les grands thèmes qui traverseront ses romans. « Elle m’habite tout entier et pour toujours » (interview à « L’Express » en 2004)

L'amour de Phèdre, Sarah Kane

Ecrit par Marie du Crest , le Mercredi, 19 Décembre 2012. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Iles britanniques, Théâtre, L'Arche éditeur

Amour de Phèdre, traduit de l’anglais Séverine Magois, 76 p. 10 € . Ecrivain(s): Sarah Kane Edition: L'Arche éditeur

Les débuts de Sarah Kane sur la scène théâtrale anglaise furent retentissants ; sa première pièce Blasted (Anéantis) montée au Royal Court theatre en 1995 provoqua le scandale en raison de sa violence supposée. Sa dernière pièce, 4.48 Psychosis, fut une œuvre posthume publiée en 2000 après son suicide au King’s college hospital. Œuvre foudroyante aux sept pièces radicales.

S. Kane est née en 1971 dans l’Essex et étudie le théâtre à l’université de Bristol. Son œuvre est aujourd’hui lue, traduite et jouée dans le monde entier.

 

Phèdre est le théâtre. Phèdre est le tragique, l’humanité tragique, la féminité tragique. Tragédie grecque d’Euripide, tragédie latine de Sénèque, tragédie classique de Racine, opéra baroque de Rameau, opéra de Massenet…

Le tragique de la tragédie redit et transforme la question de la violence du désir et de la parole de ce désir. Il faut arriver à avouer. Les anciens écrivent de la poésie mythologique : Hippolyte sert Artémis contre Vénus chez l’auteur grec. Racine met en vers les cris de ses personnages toujours rattrapés par le destin et les dieux. Les modernes n’ont plus recours à la tragédie, l’homme est encore plus livré à lui-même, tragiquement nu.

Le pont des assassins, Arturo Perez-Reverte

Ecrit par Patryck Froissart , le Lundi, 17 Décembre 2012. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Roman, Espagne, Seuil

Le Pont des Assassins (El Puente de los asesinos), traduit de l’espagnol par François Maspero, octobre 2012, 349 p. 19,50 € . Ecrivain(s): Arturo Pérez-Reverte Edition: Seuil

 

Voilà qui ravira les amateurs des romans de cape et d’épée, et en particulier, ceux dont l’enfance a retenti des cliquetis d’épée et des éclats de mousquetons des Pardaillan, de Lagardère, ou de nos mondialement célèbres Trois Mousquetaires.

Tout comme celles de Pardaillan ou de d’Artagnan, les aventures du Capitaine Diego Alatriste y Tenerio, le mercenaire espagnol que nous retrouvons en ce volume, se déclinent en plusieurs tomes. Celui-ci en est le septième.

Partageant la vision, tantôt critique, tantôt dubitative, souvent admirative, toujours respectueuse que porte le narrateur, le jeune spadassin basque Iňigo Balboa, sur les faits, les dires et les gestes du Capitaine Alatriste, dont il est à la fois le serviteur, le disciple, l’assistant, le sbire et le compagnon dévoué, nous suivons jour après jour le récit d’un complot visant à renverser, pour le compte de l’Espagne, le doge de Venise, Giovanni Cornari, trop lié avec la France au goût de Philippe IV.

L’objectif une fois annoncé, le décor se met en place, le complot s’ourdit, la stratégie se dessine, les protagonistes se rencontrent, font connaissance, s’organisent.