Identification

Les Livres

Le jour où Beatriz Yagoda s’assit dans un arbre, Idra Novey

Ecrit par Cathy Garcia , le Mercredi, 20 Décembre 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, Les Escales

Le jour où Beatriz Yagoda s’assit dans un arbre, octobre 2017, trad. anglais (USA) Caroline Bouet, 272 pages, 20,90 € . Ecrivain(s): Idra Novey Edition: Les Escales

 

Que l’auteur soit américaine et traductrice du Portugais, spécialiste de l’œuvre d’une romancière brésilienne, n’a sans doute pas rien à voir avec cette histoire de traductrice américaine qui vole au secours de son auteur brésilienne, Beatriz Yagoda, soudainement disparue.

Idra Novey nous fait entrer dans la peau de cette traductrice qui elle-même, au bout de toutes ces années à traduire sa romancière carioca, ne sait plus trop dans quelle peau elle vit. Rajoutons à cela les enfants de la romancière, un peu égarés eux aussi dans son sillage de mystère, dont le très beau Marcus qui a les mêmes yeux vert électrique que sa mère.

Laissant derrière elle chats, pavillon, future belle-mère et futur mari adepte de la course chronométrée, Emma prend le premier avion pour le Brésil où elle s’est déjà rendue de nombreuses fois dans le cadre de son travail. Sitôt débarquée, la traductrice montre tous les symptômes de cette douce maladie, que connaissent bien tous les amoureux du Brésil, ce virus brasiliensis dont on ne peut plus jamais se défaire.

Ecrit dans le noir, Essais sur la littérature, Michel Schneider

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Mardi, 19 Décembre 2017. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Buchet-Chastel

Ecrit dans le noir, Essais sur la littérature, septembre 2017, 348 pages, 22 € . Ecrivain(s): Michel Schneider Edition: Buchet-Chastel

 

Lire Michel Schneider c’est d’emblée entrer dans les arcanes du langage et la réflexion sur la littérature et les écrivains. Depuis Voleur de mots qui m’avait déjà subjuguée, il y a une vingtaine d’années, c’est toujours avec délectation que j’approche un nouveau livre de Schneider. Mêlant littérature et psychanalyse, chacun de ses essais est une plongée au cœur de la chose littéraire, ses affres et ses tourments, à lui comme à tant d’écrivains qu’il convoque dans ces essais et ailleurs.

Ecrit dans le noir s’ouvre sur une dédicace à Jean Starobinsky et se clôt sur un essai dédié à celui qu’il admire et qui, dit-il, lui a appris à apprendre. Vibrant hommage pour signifier la redevance et l’amitié. L’ouvrage compte treize essais tous passionnants, consacrés plus ou moins, ensemble et en particulier à Henry James, F. Kafka, Elias Canetti, Musil, Flaubert, Baudelaire, Melville, Colette, Platon, Malraux, Châteaubriant, V. Hugo et Starobinsky.

Goat Mountain, David Vann

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mardi, 19 Décembre 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, Gallmeister

Goat Mountain, octobre 2017, trad. américain Laura Derajinski, 224 pages, 8,40 € . Ecrivain(s): David Vann Edition: Gallmeister

 

Près de quarante ans après les faits, David Vann, né en 1966, relate dans ce roman des faits terrifiants. L’adolescent de onze ans, narrateur, raconte son entrée dans le monde des chasseurs, automne 1978, en Californie.

David Vann nous plonge dans une littérature de filiation et d’initiation : comment un grand-père et un père très sévères « éduquent » ce jeune de 11 ans et l’initient à la chasse et aux armes dans des montagnes désolées… Les enfants des années 50/60 ont eu des pères autoritaires mais à ce point, c’est à se flinguer ! Bien sûr, ils n’étaient pas Américains (et l’on sait ce que les armes…) ni Indiens cherokee… Le livre est dédié à « mon grand-père cherokee Roy Ivory Vann, 1904-1991, qui chassait chaque année dans Goat Mountain, et à tous ses ancêtres, dont les chefs David Vann, James Vann et Joseph Vann » (p.7).

Rien de trop, éloge du haïku, Antoine Arsan

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Lundi, 18 Décembre 2017. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Poésie, Gallimard

Rien de trop, éloge du haïku, 2017, 11 € . Ecrivain(s): Antoine Arsan Edition: Gallimard

 

À la suite de l’indispensable Fourmis sans ombre, le livre du haïku, anthologie-promenade de Maurice Coyaud (Phébus, 1978), Antoine Arsan dirige notre regard vers le haïku, en essayant (il s’agit de tracer une voie directe) de gommer toute espèce d’intermédiaire qui serait, en définitive, futile bavardage, rappelant la façon qu’a cette forme poétique d’être accessible « à tous, sans initiation ni propédeutique ». Pour autant, si le haïku parle « au cœur sans intermédiaire obligé », si son essence « est profondément populaire », il atteint « dans l’expression une délicatesse, une élégance, un raffinement qui relèvent d’une forme inédite d’aristocratie ».

Mais un haïku, qu’est-ce exactement ?

« Forme poétique proprement japonaise, le haïku est la version ramassée en dix-sept syllabes d’un poème qui en comportait à l’origine trente et une – expression plus déliée que celle de la poésie officielle, longtemps inspirée du modèle chinois. Cette version courte s’est imposée à l’usage, tant par sa légèreté […] que par sa difficulté, beaucoup plus stimulante. […] [N]i élégiaque, ni lyrique, le haïku s’attache à saisir l’instant dans ce qu’il a d’insaisissable. Il se nourrit pour l’essentiel de la nature et du quotidien de la vie, dans une approche qui peut dissimuler une délicate subjectivité ».

Le vertige des étreintes, Albert Bensoussan

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 15 Décembre 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Editions Maurice Nadeau

Le vertige des étreintes, octobre 2017, 259 pages, 19 € . Ecrivain(s): Albert Bensoussan Edition: Editions Maurice Nadeau

 

Il y a mille façons de vivre l’exil, le déracinement, la transplantation. Il y a mille façons d’exprimer la nostalgie, de faire remonter les souvenirs, de les trier, de leur redonner cohérence et d’en reconstituer scènes et tableaux correspondant peu ou prou à la réalité d’un passé dont on croit avoir conservé les faits et l’atmosphère.

Ce livre traite le sujet en mêlant souci de réalisme, humour, émotion et subjectivité. Albert Bensoussan, né en 1935 en Algérie où il a grandi et vécu jusqu’en 1961 au confluent de trois cultures, juive, arabo-musulmane, chrétienne, entrecroise en ce roman qu’on sent fortement autobiographique d’une part ses souvenirs de sa période algérienne et d’autre part des éléments intimistes de sa vie en France, et particulièrement en Bretagne, après l’exode familial consécutif à la guerre d’indépendance, avec sa première épouse Dores, hispanophone, et, suite au décès de celle-ci, avec Leah, sa deuxième femme, anglophone.