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Les Livres

Deviens ce que tu es. Pour une vie philosophique, Dorian Astor (2ème critique)

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Vendredi, 28 Avril 2017. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Autrement

Deviens ce que tu es. Pour une vie philosophique, 161 pages, 14,90 € . Ecrivain(s): Dorian Astor Edition: Autrement

 

Deviens ce que tu es est l’une des injonctions les plus célèbres de la philosophie, attribuée à Nietzsche alors qu’en réalité elle a été inventée par le poète grec Pindare. Promesse marketing redoutable, elle a été utilisée comme slogan par la marque Lacoste et détrône aujourd’hui le moins vendeur et plus introspectif, Connais-toi toi-même de Socrate.

Si la formule « deviens ce que tu es » est séduisante de prime abord, elle n’en demeure pas moins difficile à décoder. Comment devenir ce que l’on est quand on ne sait pas qui on pourrait être ? C’est pour cette raison que Dorian Astor, spécialiste de Nietzsche, nous apporte un éclairage stimulant sur ce que pourrait signifier cette phrase « piège » à travers son essai Deviens ce que tu es, Pour une vie philosophique.

Maison des autres, Silvio D’Arzo (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 27 Avril 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Italie, Verdier

Maison des autres (Casa d’altri), trad. italien Bernard Simeone, 80 p. 6,20 € . Ecrivain(s): Silvio d'Arzo Edition: Verdier

 

Peu de gens ont entendu parler de Silvio D’Arzo et de ce livre minuscule – tout juste une longue nouvelle – qui constitue pratiquement son œuvre. C’est un secret bien entretenu par quelques lettrés italiens et européens et cette nouvelle édition en langue française, par l’excellente maison Verdier, constitue un événement dont il faut que la France littéraire se saisisse !

C’est un texte prodigieux que nous avons sous les yeux. Certes traduit de l’italien, mais visiblement de manière tellement talentueuse que le choc littéraire ne souffre pas de la version française. Comment un talent pareil a-t-il pu être – et il l’est encore – ignoré ? Silvio d’Arzo est mort à 32 ans, laissant une œuvre réduite à de courts récits, des nouvelles, quelques études. Et, comme un diamant brut, « Casa d’altri », Maison des Autres, qui nous intéresse ici.

Un village, un hameau, des Apennins. Rude, comme ses habitants. Pauvre, comme ses habitants. Sombre, comme ses habitants. Le narrateur est le curé du village qui veille, comme il peut, sur les misérables âmes qui lui ont été confiées. Dans ce bout du monde, nul ne vient par hasard. Ce n’est pas un lieu, c’est un destin.

Ça va aller, tu vas voir, Chrìstos Ikonòmou

Ecrit par Marc Ossorguine , le Jeudi, 27 Avril 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Bassin méditerranéen, Roman, Quidam Editeur

Ça va aller, tu vas voir, trad. grec Michel Volkovitch (Κάτι θα γίει, θα δεις, 2010), 228 pages, 20 € . Ecrivain(s): Christos Ikonòmou Edition: Quidam Editeur

 

Un titre en forme d’espoir quand tout va mal, quand tout va de travers, quand on a peine à seulement y croire, qu’un jour cela pourrait aller mieux. Mieux ou simplement moins mal. « Ça va aller, tu vas voir… », c’est aussi ce que disent implicitement tous les partisans des solutions qui ne font qu’empirer les choses, que rendre la vie plus difficile, plus impossible.

Je ne sais pas. Ce que je lis ne colle pas avec ce que je vois. Ce que je pense non plus. Rien, ne colle.

Dans ce monde où rien ne va plus, la file d’attente devant la sécu est longue, très longue. Si longue qu’elle commence au milieu de la nuit, malgré le froid. Autour d’un bidon dans lequel brûle un misérable feu autour duquel la misère n’a plus d’âge. Où elle n’a plus l’âge d’avoir un âge.

Tu sais quoi grand-père ? Ce n’est pas la chute qui nous tue, c’est de s’arrêter brusquement. Tu comprends ? C’est s’arrêter brusquement qui nous tue.

Station terminale, Roland Jaccard

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 26 Avril 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Serge Safran éditeur

Station terminale, mars 2017, 160 pages, 15,90 € . Ecrivain(s): Roland Jaccard Edition: Serge Safran éditeur

 

« Fieffé égoïste, je me soucie peu des autres, surtout quand je ressens de leur part une sollicitude excessive. Je revendique ma solitude avec obstination. C’est d’ailleurs la seule rébellion qui vaille ».

« La morgue avec laquelle mon frère revendique son indépendance et justifie sa muflerie m’a toujours laissé pantois. Il se réclamait de Stirner, de Nietzsche et de Cioran. Poussé dans ses derniers retranchements, il s’en tirait avec une pirouette, quand il ne vous jetait pas au visage un aphorisme d’un nihiliste viennois ».

Station terminale est le dernier voyage romanesque, du plus amusant des nihilistes suisses. Roland Jaccard qui a longtemps et avec talent dirigé la collection Perspectives Critiques du PUF, édité Georges Sanders (1) et Rüdiger Safranski (2), fréquenté Emil Cioran, lu Schopenhauer, publié des chroniques dans un quotidien du soir, écrit quelques livres – Les chemins de la désillusion, La tentation nihiliste, Une fille pour l’été – où il dévoile ses passions amoureuses, philosophiques, littéraires et cinématographiques.

Exode, Daniel De Bruycker, Maximilien Dauber

Ecrit par Cathy Garcia , le Mercredi, 26 Avril 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Carnets du dessert de lune

Exode, mars 2017, 80 pages, 16 € . Ecrivain(s): Daniel De Bruycker, Maximilien Dauber Edition: Carnets du dessert de lune

De magnifiques photos de Maximilien Dauber pour cet écrin de désert où la poésie de Daniel De Bruycker vient se fondre et se confondre avec les pierres, le ciel, le sable.

 

Tout ici était saisissant –

le sol, l’espace, les ombres

et, plus encore, d’être du nombre.

 

Dans le désert, nous sommes transportés, nuées, ombres, nous avançons dans la lecture comme on marche, lentement, avec cette sensation que l’espace s’ouvre tout autour et en nous et le sentiment de se dissoudre dans cette immensité. Nous nous sentons de plus en plus petits, insignifiants, à chercher des signes qui se font et se défont, désert que nul langage ne saurait contenir.