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Les Livres

Libres sentences, Jacques Brigaud (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Vendredi, 26 Octobre 2018. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Libres sentences, Jacques Brigaud, France-Libris, 2017, 112 pages, 15 €

« Qui prendrait de l’élan pour foncer dans un mur ? C’est pourtant toute l’histoire de nos vies » (p.97)

 

Depuis sa retraite, il y a presque vingt ans (nous étions collègues de Lycée), peu ou pas de nouvelles de l’ami Jacques ; et je n’en souhaitais pas, même si nous ne vivons qu’à quelques kilomètres : ses « brèves de couloirs », du temps de notre lointaine splendeur professionnelle, m’avaient (par leur constant cynisme, leur virtuose vacharderie) suffi. La drolatique vivacité de ce petit bonhomme élégant et tatillon m’avait (pour toujours, pensais-je) lassé : je ne m’imaginais pas du tout lui rouvrir bras et tempes un jour.

Et voici que ce livre (plus qu’inattendu !) dans ma boîte aux lettres change – presque – tout ! L’homme (à près de 80 ans, semble-t-il) écrit et pense donc ! Jacques est visiblement resté misogyne, misologue (un terme bien philosophique pour dire qu’il raillait la philosophie – « j’étudierai monsieur Kant dans ma prochaine vie » disait-il, sarcastique, à nos élèves communs) –, misanthrope, et homophobe. Ma mémoire peut détailler d’abord ces divers hauts-faits :

L’île au trésor, Robert Louis Stevenson (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 25 Octobre 2018. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, Aventures, Tristram

L’île au trésor (Treasure Island, 1883), septembre 2018, trad. anglais Jean-Jacques Greif, 302 pages, 19,90 € . Ecrivain(s): Robert Louis Stevenson Edition: Tristram

 

Quel bonheur littéraire plus grand que de relire L’île au trésor ? Il n’en est guère d’imaginable, surtout quand nos souvenirs de la première lecture sont rabotés, mis à neuf, vivifiés par la grâce d’une traduction qui est en fait une véritable rénovation du texte de Robert Louis Stevenson. La langue des gens de mer explose à chaque page, rendue dans sa crudité, ses sonorités râpeuses, sa poésie brute. Aussi, c’est avec une joie rageuse que l’on retrouve Jim Hawkins, Long John Silver et les silhouettes inoubliables qui ont peuplé notre jeunesse.

Robert Louis Stevenson écrivait là le modèle suprême du roman d’aventure. On y retrouve le thème essentiel de l’initiation d’un enfant à la vie, le dépaysement absolu, les méchants et les gentils, l’amitié et la traîtrise, la peur et le courage. Rappelez-vous la scène du tonneau sur le pont du navire : qui n’a pas tremblé avec Jim découvrant, terrifié, les plans funestes et meurtriers de Long John Silver et ses acolytes ? Qui n’a pas ri aux bordées de jurons de Cap’n, le perroquet de la cuisine du navire ? Qui n’a pas applaudi aux victoires de Jim, Smollett, le docteur et toute la bande ? En un mot, qui n’a pas rêvé ? Et ce rêve, est celui du souffle de la grande aventure, celui qui tient les adolescents les yeux ouverts.

Gardiens de lumière, Monique W. Labidoire (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Jeudi, 25 Octobre 2018. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Gardiens de lumière, éd. Alcyone, février 2017, Encre de Silvaine Arabo, 77 pages, 19 € . Ecrivain(s): Monique W. Labidoire

 

Alternant le jour et la nuit, l’ingestion de la nature et de subtiles évocations historiques, Monique distribue les rôles mêlant le recto du jour au verso de la nuit, la démarche se confondant en quelque chose d’encore différent : « L’entrée en finitude agresse les joies du jour, sa lumière, ses orages, ses nuages blancs et seule la nuit constellée d’étoiles réanime le frémissement ».

Du tableau d’origine émane peu à peu l’idée morale du jour et de ce que ne devrait pas être la nuit : « Et dit le poète : c’est à l’aube qu’on guillotine et qu’on mitraille comme si la nuit rejetait toute culpabilité d’actes barbares ». Le jour et la nuit se font complices, « riant sous cape de nos étonnements ».

On dit que la nuit tombe et que le jour se lève. Ne fait-on pas déjà de cette façon de la nuit une chute, un couperet ?

l’œuvre de Simone de Beauvoir en La Pléiade [2/2] (par Matthieu Gosztola)

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Jeudi, 25 Octobre 2018. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

 

Le langage et ses vertus :

Simone de Beauvoir, Mémoires, tomes I et II, édition publiée sous la direction de Jean-Louis Jeannelle et Éliane Lecarme-Tabone avec la collaboration d’Hélène Baty-Delalande, Alexis Chabot, Jean-François Louette, Delphine Nicolas-Pierre, Élisabeth Russo, et Valérie Stemmer, chronologie par Sylvie Le Bon de Beauvoir, Gallimard, collection Bibliothèque de la Pléiade, n°633 et 634, 2018.

 

Sylvie Le Bon de Beauvoir, Album Simone de Beauvoir, iconographie commentée, Albums de la Pléiade, n° 57, 2018,  256 pages, 198 ill.

 

Simone de Beauvoir écrit dans ses Mémoires d’une jeune fille rangée :

La fille au Leica, Helena Janeczek (par Carole Darricarrère)

Ecrit par Carole Darricarrère , le Mercredi, 24 Octobre 2018. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Actes Sud, Italie

La fille au Leica, octobre 2018, trad. italien Marguerite Pozzoli, 384 pages, 22,80 € . Ecrivain(s): Helena Janeczek Edition: Actes Sud

 

 

Confidence pour confidence, la chronique n’est pas un sport de tout repos. Le trou noir de la lecture existe, ce livre en fournit la matière, qui nous renvoie à notre incurable sens des responsabilités.

Portrait retard enchâssé dans un jeu de miroirs en révélant bien d’autres, incarné dans le lit d’une actualité d’une densité historique à couper au couteau qui fait de cette reconstitution in extenso sur deux continents et quelques pays un tour de force en forme de machine de guerre, La fille au Leica est un gros livre réel, composé par degrés de réminiscences et de touches de frappe, un roman solide dans lequel il ne suffit pas d’entrer pour s’enfoncer à la verticale du temps dans les strates de l’Histoire et les remous d’une époque, sorte de monument funéraire à effet de labyrinthe qui vous enserre dans ses replis à s’y perdre ou non.