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L’Ecole et les Enfants de l’immigration, Abdelmalek Sayad

Ecrit par Nadia Agsous , le Jeudi, 11 Décembre 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Seuil

L’Ecole et les Enfants de l’immigration, septembre 2014, 240 pages, 19,50 e . Ecrivain(s): Abdelmalek Sayad Edition: Seuil

 

Seize années après le décès du sociologue Abdelmalek Sayad, les éditions du Seuil viennent de publier une série de textes inédits dans le champ de l’immigration qui traitent de l’école et des familles immigrées. A travers cet ouvrage dirigé par Smaïn Laacher, sociologue, et Benoît Falaise, historien de l’éducation, A. Sayad propose une réflexion critique sur la manière dont l’institution scolaire perçoit les enfants des familles immigrées apparus dans l’espace scolaire.

Ecrits entre 1977 et 1997, ces textes ont été trouvés sous forme manuscrite ou dactylographiée dans le « fonds Sayad », constitué à partir des archives du sociologue, confiées en 2006 à la Cité nationale de l’histoire de l’immigration (CNHI) et conservées à la médiathèque de cette institution qui porte le nom du sociologue. Les textes publiés sont au nombre de dix. Ils ont été écrits lorsque A. Sayad était sollicité par des associations et par des instances gouvernementales pour réfléchir sur la question de l’école et des enfants des familles immigrées.

Le bourreau de Gaudí, Aro Sáinz de la Maza

Ecrit par Marc Ossorguine , le Mercredi, 10 Décembre 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Actes Noirs (Actes Sud)

Le bourreau de Gaudí (El asesino de la Pedrera), septembre 2014, traduit de l’espagnol par Serge Mestre, 672 pages, 23,80 € . Ecrivain(s): Aro Sáinz de la Maza Edition: Actes Noirs (Actes Sud)

 

 

Ce qui est terrible avec un roman aussi magistralement mené que celui-ci, c'est qu'il vous attrape par le col et ne vous lâche plus avant la dernière ligne, vous amenant à devenir de plus en plus asocial au fur et à mesure que vous vous enfoncez dans le récit. Et même, le livre refermé, il vous faut encore du temps pour en sortir vraiment et reprendre pied dans votre propre monde.

C'est le premier roman de cet auteur barcelonais que nous découvrons. Si celui-ci est sa première incursion dans le monde du noir, l'auteur avait déjà publié une dizaine de titre auparavant. Depuis 1996, où il publie son premier roman (Nada es azul, chez Montesinos), il a aussi exploré le monde de la littérature pour la jeunesse (avec El jugador de frontón en 2001) et le monde des contes (avec deux anthologies, en 2004 et 2008).

Les nombres, Viktor Pelevine

Ecrit par Cathy Garcia , le Mardi, 09 Décembre 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Russie, Roman, Alma Editeur

Les nombres, traduit du russe par Galia Ackerman et Pierre Lorrain septembre 2014, 380 pages, 19 € . Ecrivain(s): Viktor Pelevine Edition: Alma Editeur

 

Qu’arrive-t-il à un homme quand il soumet sa vie et son destin tout entier au pouvoir d’un nombre ? C’est ce que fait Stopia, alias Pikachu pour les intimes, antihéros de ce roman amoral qui est avant tout une impitoyable satyre d’une ex-URSS décadente et libérale, qui n’a cependant pas lâché les bonnes vieilles méthodes de l’époque KGB.

« Je me demande bien Tchoubaïka, pourquoi on traite la bourgeoisie libérale de libérale. Elle est porteuse d’une idéologie totalitaire extrême. Si on l’y regarde de près, tout son libéralisme se réduit à la permission donnée aux travailleurs de s’enculer à volonté pendant leurs heures de repos » et Tchoubaïka répondait : « Excusez-moi Zouzia, mais c’est un grand pas en avant si on compare avec le régime qui percevait même cette activité comme sa prérogative ».

Ainsi, après quelques tâtonnements, c’est au numéro 34 que Stopia va confier la totalité de sa vie, de ses choix, décisions et orientations, privés ou professionnels, et le 43 deviendra donc par conséquent l’anti-nombre, le nombre d’entre tous dont il faudra le plus se méfier.

Ubu roi, Nicole Caligaris

Ecrit par Marc Michiels (Le Mot et la Chose) , le Lundi, 08 Décembre 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Belfond

Ubu roi, septembre 2014, 208 pages, 17 € (existe aussi en ebook, 11,99 €) . Ecrivain(s): Nicole Caligaris Edition: Belfond

 

Avant d’évoquer le roman Ubu roi de Nicole Caligaris, il est nécessaire de revenir sur la singularité de la collection Remake aux éditions Belfond. Le remake est une « pratique » classique au cinéma, cette collection aurait également pu s’appeler Palimpseste, mais non…

N’y aurait-il alors pas de nom pour définir ce concept pour les écrivains ? Ces écritures ne seraient-elles qu’une « vision », une version pâlotte de l’original ? Mais non !

La collection est dirigée par Stéphane Bou et comporte à ce jour les ouvrages suivants : Le retour de Bouvard et Pécuchet de Frédéric Berthet et Le Bonhomme Pons de Bertrand Leclair. Il faut saluer et défendre sans relâche cette démarche, cette pensée du multiple, de la transmission et de l’imagination portée par des auteurs inventifs qui ont su trouver par le reflet d’une tonalité discordante, miroir lumineux des interprétations, une réalité intérieure des corpuscules de la pensée :

Kif, Laurent Chalumeau

Ecrit par Patryck Froissart , le Samedi, 06 Décembre 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Grasset

Kif, octobre 2014, 457 pages, 22 € . Ecrivain(s): Laurent Chalumeau Edition: Grasset

 

Certains parleront, après avoir lu ce roman, de langue littéraire évoluée, ou pour le moins évolutive. D’autres y verront d’intolérables, de scandaleuses atteintes à la « belle » langue française.

Kif n’échappera ni à l’une ni à l’autre de ces critiques.

Mais le lecteur qui ouvre un livre avec l’espoir d’y vivre quelques heures de pur plaisir aimera l’audace linguistique de l’auteur et la contextualisation réaliste que le langage utilisé procure à l’histoire.

L’histoire, c’est celle de petits malfaiteurs dont la nullité opératoire n’a d’égale que leur absence de scrupules et la médiocrité de leurs ambitions délictuelles. On croit revoir Les Pieds Nickelés. On a des réminiscences de San Antonio. On est dans le registre de la cinématographie du genre « Faut pas prendre les oiseaux du bon Dieu pour des canards sauvages ». Bref, on se marre.