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Durarara !! (tome 1), Narita Ryohgo

Ecrit par Priscila Selva , le Vendredi, 10 Mars 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Japon

Durarara !! (tome 1), éd. Ofelbe, octobre 2016, trad. du japonais Nicolas Gouraud, 276 pages, 12,99 € . Ecrivain(s): Ryohgo Narita

 

Légendes urbaines, gangs, gens étranges et une motarde sans tête qui revient sans cesse : voilà tout simplement ce qui fait le charme quotidien du quartier de Ikebukuro à Tokyo. Sous les apparences d’un roman au prime abord un poil décalé tant le genre est particulier, Durarara !! se révèle être en réalité à mesure des pages qui s’envolent une aventure hors norme dans un Tokyo tout aussi délirant que inquiétant.

Il faut constater la première force de ce roman : Durarara !! n’est pas un livre pour la jeunesse qui s’embarrasse de douceurs sirupeuses et de petites histoires plates qui respectent la bienséance, c’est un roman exigeant et dépaysant qui s’attache à proposer une aventure étrange qui ne ressemble en rien à ce que l’on peut lire habituellement. Certes le synopsis de base ne surprend guère – un jeune garçon banal en soif d’aventures qui pourraient pimenter son quotidien – pour un roman que nous devinons facilement être d’apprentissage (le light novel grandissant avec son public au fur et à mesure de la publication des tomes).

Prendre les loups pour des chiens, Hervé Le Corre

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 09 Mars 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Polars, Roman, Rivages

Prendre les loups pour des chiens, janvier 2017, 318 p. 19,90 € . Ecrivain(s): Hervé Le Corre

 

S’il reste encore des gens pour penser que le polar est un genre mineur, qu’ils viennent donc voir du côté de ce dernier Le Corre. Un bijou de roman, par la construction dramatique, la force des personnages et la langue d’une précision et d’une beauté telles que des pages entières sont pure poésie. Hervé Le Corre est un narrateur hors pair, capable de donner à une histoire une densité et une tension extrêmes. Cet art relève chez lui d’une alchimie rare, qui crée des équilibres inattendus entre des personnages que tout éloigne, qui ne laisse rien deviner des événements à venir, qui fait traverser la nuit la plus sombre par des éclairs de lumière éblouissants.

Ainsi cette rencontre, le jour même de sa libération de prison, entre Franck et une petite fille qui – sans raison apparente autre que la magie du monde – met sa petite main chaude dans la sienne, comme une promesse d’un possible retour à la vie.

« Il a senti quelque chose contre sa cuisse et il a frissonné parce qu’il pensait que c’était le chien qui venait là pousser son mufle puis il senti la main de Rachel chercher la sienne et s’y blottir, fermée en un petit poing froid. »

Ma famille de cœur, Carole Weisweiller

Ecrit par France Burghelle Rey , le Jeudi, 09 Mars 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Biographie

Ma famille de cœur, éd. Michel de Maule, novembre 2016, 112 pages, 17 € . Ecrivain(s): Carole Weisweiller

 

La « famille » de Carole Weisweiller, fille de cœur de Jean Cocteau.

Le livre de Carole Weisweiller est, sur l’amitié, un modèle du genre. Il réjouira les plus anciens des lecteurs qui ont connu, du moins de noms, sa « famille de cœur », et ouvrira aux plus jeunes des horizons nouveaux sur le XX° siècle.

La vente de la Villa Santo-Sospir aux fresques peintes par Jean Cocteau a probablement amené Carole, sa propriétaire, qui « fermait un chapitre important de (sa) vie » à faire le récit des amitiés qui l’ont marquée après la mort du Poète.

C’est bien sûr Jean Marais, le bien-aimé de toute une génération d’adultes et d’enfants, son « grand frère » – son dernier lien avec Cocteau – qui est à l’honneur du premier chapitre. Jusqu’au cimetière de Vallauris où celui-ci repose et où elle lui a dit adieu, Carole raconte les spectacles, les fêtes, les émissions, tout ce qui a pu approfondir leur amitié.

Vie de ma voisine, Geneviève Brisac

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Mercredi, 08 Mars 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Livres décortiqués, Roman, Grasset

Vie de ma voisine, janvier 2017, 180 pages, 14,50 € . Ecrivain(s): Geneviève Brisac Edition: Grasset

 

Toute notre vie, nous mettons nos pieds dans ceux de l’Histoire mais, sur le moment, nous ne le réalisons pas. Le jour où nous ouvrons le dernier livre de Geneviève Brisac, Vie de ma voisine, nous sommes saisis par un air de printemps. Une cour, un cerisier, un déménagement (c’est toujours un moment d’inquiétude). Mais qui va être le plus transporté ? la narratrice qui avoue « Je peine à m’enraciner », ou le lecteur qui ne s’attend pas à un tel arrachement à son quotidien, englué qu’il est dans ses habitudes ? Car l’auteur, qui se fait narratrice, va nous obliger, nous aussi, à déménager. En effet, comme dans La Ronde d’Arthur Schnitzler, de relais en relais, de main en main, de cœur en cœur, de nom en nom, nous partons en voyage. La narratrice va nous emporter, à notre corps défendant, dans le temps et dans l’espace pour un sacré périple. A travers l’histoire d’une famille, nous allons retrouver un siècle d’histoire avec ses bonheurs et ses souffrances, ses joies et ses tragédies.

La stratégie du hors-jeu, Thomas Gunzig

Ecrit par Marc Ossorguine , le Mercredi, 08 Mars 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Au Diable Vauvert, Théâtre

La stratégie du hors-jeu, mai 2016, 80 p., 5 € (la pièce a été créée à Bruxelles, sous le titre Raymond, avec Josse De Pauw, mis en scène par Manu Riche) . Ecrivain(s): Thomas Gunzig Edition: Au Diable Vauvert

 

Raymond, il s’appelle. Sur la scène il nous parle de la vie. La sienne. Mais pas seulement la sienne. Celle des autres aussi. La vie en général quoi. La vie et les épreuves que l’on traverse bon an, mal an. La soumission révoltée au père, la mère un brin surprotectrice qui a toujours peur de tout, les amis insupportables, les amours rêvées et trahies… Des choses bien ordinaires en somme. La vie comme un match de foot, avec ses péripéties, ses stratégies plus ou moins claires et aussi ses trucages. C’est que l’homme a été entraîneur, que les images des matchs l’ont marqué à jamais et qu’il ne cesse de s’en inspirer. C’est que dans le monde du foot selon Raymond (les amateurs de foot auront sans doute deviné quel Raymond belge a inspiré celui de cette pièce), c’est comme dans la vie, il arrive des choses parfois si improbables, si illogiques, mais aussi si miraculeuses qu’on ne peut ni les oublier ni vraiment les comprendre. Il y a, ici comme là, des secondes décisives où tout bascule, où l’impossible se réalise. Parfois ce sont aussi les rêves qui s’effondrent pour pas grand-chose. Pour presque rien.