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La Une Livres

Sainte Caboche, Socorro Acioli

Ecrit par Cathy Garcia , le Mercredi, 12 Avril 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Langue portugaise, Roman

Sainte Caboche, Belleville éditions, mars 2017, trad. Portugais (Brésil) Régis de Sá Moreira, ill. couv. Fernando Chamarelli, 242 pages, 19 € . Ecrivain(s): Socorro Acioli

 

C’est un vrai régal cette Sainte Caboche, premier roman publié par ces prometteuses éditions Belleville, qui offrent une particularité, celle de publier une littérature d’ailleurs, populaire et connectée, ce qui permet de découvrir et approfondir via internet différentes thématiques de l’ouvrage. Dans celui-ci, on retrouve toute la tendresse, la simplicité, l’autodérision et la ferveur de l’âme brésilienne, et tout particulièrement celle de la région la plus pauvre du pays, le Nordeste. Illustré par de belles impressions en noir et blanc d’Alexis Snell, qui rappellent, et ce n’est pas un hasard, les gravures de la littérature de cordel, Sainte Caboche nous offre aussi des glissades vers le fantastique, ce réalisme magique cher à la littérature latino-américaine. On y retrouve aussi tous les contrastes de cette terre, notamment entre une forte et souvent naïve aspiration de la population au mysticisme et la mégalomanie des notables si facilement corruptibles. C’est un roman tout plein de coração, qui sous sa simplicité apparente ne manque pas pour autant de profondeur. Le style en est limpide comme un ruisseau.

La nature exposée, Erri De Luca

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mardi, 11 Avril 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Gallimard, Italie

La nature exposée, mars 2017, trad. italien Danièle Valin, 176 pages, 16,50 € . Ecrivain(s): Erri de Luca Edition: Gallimard

 

 

Le dernier livre de De Luca est tout à la fois un roman aux divers personnages anonymes, une réflexion sur la mer, la montagne, la sculpture, une fable sur notre destinée, un hymne à la création, un aller-retour de la campagne à la ville aimée, Naples.

C’est peu dire que ce livre enchante. Autant par son histoire, toute simple, que l’on pourrait prendre pour édifiante, celle d’un sculpteur, quitté par une femme qui lui reprochait sa modestie, et qui se voit chargé de la restauration d’un Christ crucifié, que l’on doit à un artiste disparu, statue qui s’est vu infliger une modification par rapport à l’original. On a en effet couvert la nudité d’un ajout. On a maquillé la gêne, c’est-à-dire la nature, le sexe. Il s’agira donc de renouer avec la sculpture initiale, nue, en marbre, enlever le drapé qui la gauchissait.

La nuit, je mens, Cathy Galliègue

Ecrit par Gilles Brancati , le Mardi, 11 Avril 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Albin Michel

La nuit, je mens, avril 2017, 217 pages, 16 € . Ecrivain(s): Cathy Galliègue Edition: Albin Michel

 

La nuit, je mens, est un titre d’Alain Bashung sorti en 1998, sur son album Fantaisie militaire. Quel rapport avec le livre de Cathy Galliègue ? J’ai écouté la chanson et je ne suis sûr de rien sauf peut-être ce vers : « J’ai fait l’amour, j’ai fait le mort ». Je dis bien peut-être parce que le thème n’est pas le même.

Mathilde a une sœur jumelle, Constance, celle qui a réussi ses études, a un beau métier, tandis que l’autre est dotée d’un tempérament d’artiste, veut jouer au théâtre et écrire. Ah ! Écrire ! On sent bien que le rêve de Mathilde est d’abord celui de Cathy.

Mathilde a aimé. Guillaume, un « paumé » de la vie, un pas à sa place, un qui aurait dû naître ailleurs ou jamais. Ils se sont aimés, ils se sont séparés quand le roman commence et Guillaume se suicide après avoir laissé une lettre pour Mathilde.

C’est une histoire finie… ou pas !

James Joyce fuit…, Catherine Gil Alcala

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 10 Avril 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Théâtre

James Joyce fuit… Lorsqu’un homme sait tout à coup quelque chose, suivi de Les Bavardages sur la Muraille de Chine, éd. La Maison Brûlée, 2015, Théâtre/Poésie (avec des illustrations de l’auteure) . Ecrivain(s): Catherine Gil Alcala

 

Curieuses écritures, hors norme, que celles de Catherine Gil Alcala. Ou Écriture. Réécriture du Texte du Monde comme il va, quand sa barque prend l’eau. Une plume dramaturgique transfigurée par la poésie. Une danse poétique dans une mise en scène – mise en pièces – dramaturgique.

Lorsqu’un homme sait tout à coup quelque chose – Quoi ? – Quelque chose qu’il ne devrait pas savoir – Que se passe-t-il ? Qu’advient-il de son espace, de sa durée intérieure ? – Une désintégration psychique, la perte d’identité, une implosion,

« explose cristal dans la tête télépathe lourde du chaos des précognitions ».

Laissant place à l’hallucination attaquant jusqu’aux façades de la ville où Il / Lui / Horde Lui erre,

« Commotions d’émois, se cogne aux femmes glacées derrière des vitres intransparentes, s’agrippe à l’espace vide, s’appuie sur des façades s’effondrant en un fracas de rire, faciès de mascarades des villes de cinéma sous les bombes ! »

Hemingway, Hammett, dernière, mélodrame, Gérard Guégan

Ecrit par Philippe Chauché , le Samedi, 08 Avril 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Gallimard

Hemingway, Hammett, dernière, mélodrame, mars 2017, 240 pages, 18 € . Ecrivain(s): Gérard Guégan Edition: Gallimard

 

« Avec le temps, c’est devenu un réflexe : lorsque Hemingway se prépare à affronter l’inconnu, il ne se libère de ses angoisses qu’en bâtissant une fiction dans laquelle les dès roulent en sa faveur. Il appelle ces moments-là des Ballades avec un autre soi-même ».

Deux écrivains, deux anciens compagnons de route du Parti Communiste, l’un sur tous les fronts où se vérifie l’art de la vie et du roman – l’Espagne en guerre sociale, l’Italie, les armes, les taureaux et les femmes, l’Afrique, Paris et les peintres, autant de théâtres des opérations –, l’autre signe le plus beau braquage de l’histoire du roman noir, flirte avec la nuit, l’alcool, un Faucon Maltais et Hollywood. Deux compagnons écrivains, détestés par McCarthy et sa clique, suivis de près par le FBI, deux frères d’armes qui se sont perdus de vue, fâchés, séparés par des mots, et un océan. Et puis Hemingway décide un jour de quitter son repaire dans les Rocheuses pour tenter de retrouver son vieil ami, le temps presse se dit-il, alors le vieil homme se lance dans une nouvelle aventure.