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La Une Livres

Tina, Christian Laborde

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 17 Janvier 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Les éditions du Rocher

Tina, janvier 2018, 128 pages, 14,90 € . Ecrivain(s): Christian Laborde Edition: Les éditions du Rocher

 

« La nuit est un animal qui ne dort que d’un œil. Elle sent bien que cette sortie à moto est une fuite, qu’une peau est en jeu. La nuit prend soin de Tine, de ses cheveux. C’est elle qui règle l’intensité du vent, le maintient à distance du side-car. Le vent ne doit pas décoiffer Tine ».

Tina fuit, elle fuit la fureur des hommes, la vengeance des vauriens de Vissos, le charivari, elle ne laissera pas ces résistants lui voler sa longue chevelure flamboyante, elle refuse les crachats, les insultes, et l’infamie. Alors, elle fuit, elle fuit dans la nuit occitane avec l’aide de Gustin, fidèle et silencieux, elle fuit vers la ville, vers Toulouse où personne ne la connaît, pour se cacher chez les Sœurs de la rue des Trois-Fontaines. Elle a une mémoire affutée Tina, comme son regard, elle ne plie pas, elle s’ouvre au monde, comme elle ouvrait ses bras à son amant Karl, l’officier allemand qui lui offrait en retour des vers de Verlaine, d’Hugo, de Musset, d’Apollinaire : « En admirant la neige semblable aux femmes nues ».

Théorie critique du sport. Essais sur une diversion politique, Jean-Marie Brohm

Ecrit par Jean Durry , le Mercredi, 17 Janvier 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais

Théorie critique du sport. Essais sur une diversion politique, QS ? Editions, coll. Horizon critique, septembre 2017, 384 pages, 20 € . Ecrivain(s): Jean-Marie Brohm

 

Avec une pugnacité jamais entamée, voire renforcée au fil du temps, Jean-Marie Brohm, infatigable, poursuit son combat entamé dès 1964 avec un premier article, dans la revue Partisans, par ce jeune professeur d’éducation physique au Lycée Condorcet depuis quelques mois – il avait alors 23 ans. Après d’innombrables et intarissables publications, le présent ouvrage Théorie critique du sport est majeur. Il apparaît comme une quintessence, une somme, inséparable du regard d’ensemble sur son propre parcours de celui qui – tout en s’appuyant comme toujours sur le corpus d’une énorme bibliographie (notamment de langue allemande) – peut affirmer : « La généalogie de la Théorie critique du sport est intimement liée à mon histoire personnelle ».

Son propos affirmé et réaffirmé est celui d’une « critique radicale du sport » dans une « sociologie politique » dialectique. Car « j’ai analysé l’institution sportive comme une agence intégrée du mode de production capitaliste […] du point de vue de l’économie politique de Marx ». Intuitivement puis méthodiquement, étape par étape,

L’Ombre des grenadiers, Tariq Ali

Ecrit par Patryck Froissart , le Mardi, 16 Janvier 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Iles britanniques, Roman, Sabine Wespieser

L’Ombre des grenadiers, octobre 2017, trad. anglais Gabriel Buti et Shafiq Naz, 412 pages, 13 € . Ecrivain(s): Tariq Ali Edition: Sabine Wespieser

 

L’ombre des grenadiers pour Tariq Ali, c’est celle de la Granada maure, le souvenir nostalgique des splendeurs de la Gharnata berbéro-musulmane, perle éclatante sur un riche collier de sept siècles de présence berbère sur la péninsule ibérique.

Le roman commence juste après la chute du royaume de Grenade, conquis par les troupes castillanes d’Isabelle la Catholique. Le Prince de l’Eglise Ximenez de Cisneros a reçu de sa souveraine mandat de rechristianiser la région, dont la plupart des habitants, citadins et ruraux, sont musulmans. Son premier acte est d’ordonner une gigantesque rafle, dans les bibliothèques publiques et privées, de tous les ouvrages savants écrits en arabe et d’en faire un autodafé géant sur une place de Grenade devant une masse représentative de musulmans de toutes conditions, amenés de force par l’armée pour assister au spectacle de l’anéantissement symbolique de leur culture andalouse séculaire, acte barbare préludant à l’éradication programmée, par le feu, le fer et la torture, de la religion musulmane sur le territoire redevenu espagnol, et la mise en œuvre macabre des tribunaux de l’Inquisition.

Danser dans la poussière, Thomas H. Cook

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mardi, 16 Janvier 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Polars, Roman, Seuil

Danser dans la poussière, septembre 2017, trad. anglais (USA) Philippe Loubat-Delranc, 355 pages, 21 € . Ecrivain(s): Thomas H. Cook Edition: Seuil

Dans un roman policier il y a souvent plus que de l’action, plus qu’une énigme à résoudre. L’ensemble peut par exemple s’appuyer, ce qui est courant, sur une analyse psychologique ou sociologique, voire anthropologique. Le livre de Thomas H. Cook en est une excellente illustration. Ainsi, l’auteur situe l’action de son ouvrage dans un état imaginaire, le Lubanda, situé en Afrique orientale quelque part près du Ghana, et va soulever au fil des pages les questions ethniques et géopolitiques notamment que l’intervention humanitaire américaine peut éveiller dans cette partie du monde.

Ray Campbell, l’un des héros, américain d’origine, qui appartint dans les années 1990 à une ONG tentant de venir en aide au Lubanda, souffrant de misère endémique, se voit dans les années 2010 rattrapé par son histoire alors qu’il est installé aux USA à la tête d’une florissante société d’évaluation des risques. En effet, son ami Bill Hammond, responsable de la banque Mansfield Trust vient lui apprendre le meurtre dans un passage de New-York de Seso Alaya qui fut son guide et son interprète à Rupala, la capitale du Lubanda. Seso avait laissé dans sa chambre d’hôtel un morceau de papier sur lequel on avait griffonné le numéro de téléphone d’Hammond et il aurait été en possession de documents relatifs au meurtre de Martine Aubert, une lubandaise, qui fut le grand amour platonique de Ray à l’époque où il travaillait pour ce pays d’Afrique.

Les gens comme ça va, Dominique Sorrente

Ecrit par France Burghelle Rey , le Mardi, 16 Janvier 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Cheyne Editeur

Les gens comme ça va, juin 2017, 17 € . Ecrivain(s): Dominique Sorrente Edition: Cheyne Editeur

Né « au lendemain des attentats du 7 janvier 2015 à Paris », comme l’annonce le préambule, le nouveau recueil de Dominique Sorrente est le septième de son auteur aux éditions Cheyne. Le poète, qui vit à Marseille, a reçu de nombreux prix (Antonin Artaud et Georges Perros entre autres), est également passeur de poésie avec le collectif Le Scriptorium qu’il anime dans sa ville depuis 1999 et grâce auquel il veut favoriser la présence de la poésie au cœur de la vie citoyenne.

La première partie du recueil qui en comprend sept s’intitule d’une façon volontairement fautive Ils sont les gens. Cette présentation naïve ainsi que les premières pages ne sont pas sans rappeler aux lecteurs sexagénaires un titre comme Il y a des gens de toutes sortes, qui appartenait à la collection des magiques petits livres d’or. On pouvait y découvrir les gens bons, les gens méchants, les beaux, les laids, etc. Ici les énumérations réalistes, humoristiques ont, mutatis mutandis, le même pittoresque efficace qui mêle l’étrange au banal et qui donne envie de tourner les pages. Ainsi après la description de ces gens « pète-secs, rêvasseurs, pisse-drus », passe-t-on à une écriture narrative où on les voit vivre à tous les âges :