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La Une CED

My Absolute Darling, Gabriel Tallent, par Mélanie Talcott

Ecrit par Mélanie Talcott , le Mercredi, 02 Mai 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

My Absolute Darling, Gabriel Tallent, Gallmeister, mars 2018, trad. anglais (USA) Laura Derajinski, 454 pages, 24,40 €

 

Julia, Turtle et Croquette… Trois prénoms pour un même personnage, une jeune fille en apparence paumée, à l’enfance autarcique et piétinée par un père charismatique et complètement dézingué. Julia est son prénom d’état-civil, choisi par un binôme parental que la mort a sabré. La mère est morte. Disparition ambiguë puisque l’on ne sait si elle se doit à un accident ou à un suicide. Proscrite du souvenir de son compagnon, Martin, de sa fille Julia, elle est balancée dans les trappes de l’oubli en quelques lignes nécrologiques consenties par l’auteur Gabriel Tallent qui signe son premier roman avec My Absolute Darling. Naît alors Croquette, un prénom doux comme un bonbon, un truc que l’on fait rouler entre ses doigts mais que l’on peut aussi réduire en miettes d’un coup de talon. C’est le prénom amoureux que le paternel donne à sa fille. Un amour fou, monstrueux, destructeur et incestueux. Un amour absolu – My Absolute Darling – autre nom dans lequel Marty entaule sa croquette lorsqu’elle veut lui échapper et se carapate.

Mes intimes étrangers, Luc Duwig, par Sandrine Ferron-Veillard

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Lundi, 30 Avril 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques

Mes intimes étrangers, Luc Duwig, Carnets Nord, mai 2018, 167 pages, 16 €

 

Au jeu du réel et du fictionnel, Luc Duwig gagne. Attention ami lecteur, il va te malmener. Te dire toute la vérité ou travestir toutes les lignes. Tu es averti. Le lien et la famille, celui auquel tu t’attaches parce que tu le crois vrai, parce que tu crois que le mot est vrai. La place de chacun sur la ligne. Sa patine, sa légende et son héritage. Le récit a existé. Les personnages. Reconstitution imaginaire. Treize photos à mi-parcours. Et deux cartes. Trente-deux chapitres. Tu es intrigué.

Jeest le narrateur né en 1961, au pied du mur. Berlin et la guerre froide. Jeest le petit-fils sous l’ombre du grand-père, Jean-Ferdinand. La belle histoire de famille. Et pourtant. Taches et dates manquantes sur l’échiquier familial. Le grand-père que chacun prétend disparu, que chacun efface avec sa propre langue.

Montana, The Big Sky Country

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 24 Avril 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières


C'est ainsi qu'on l'appelle, l'état du Montana, aux USA. Le Pays du vaste Ciel. Un superbe Blues slidé du regretté Chris Whitley a chanté ce « label ».


C'est sûrement Robert Redford qui a le plus contribué à faire connaître, dans le monde entier, cet état du Nord-Ouest des USA. D'abord en s'installant dans le pays. Et puis en mettant en scène, « Et au milieu coule une Rivière », en 1992. Film admirable, adaptation d'un roman plus beau encore de Norman McLean : « La Rivière du sixième jour » (1976, désormais intitulé comme le film).

Et pourtant, le Montana a une autre immense raison d'être un des plus illustres des états américains : c'est la « niche » de la plus grande densité d'écrivains par habitant de la planète. A un point tel que le "New York Times" il y a peu, l'a comparé au Montparnasse des années 1920. On parle de ces écrivains sous une appellation désormais célèbre : "Ecole du Montana".

Regard sémiotique sur la peinture intemporelle d’Ahmed Cherkaoui, par Mustapha Saha

Ecrit par Mustapha Saha , le Vendredi, 20 Avril 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

 

 

_____________________________________En 1967, le peintre Ahmed Cherkaoui est terrassé par une maudite infection à l’âge de trente-deux ans. Foudroyé par le feu de la création comme s’il n’est passé sur terre que pour imprimer son message. L’Ange bleu s’exécute en présage. Un demi-siècle plus tard, sa peinture trace toujours son sillage.

Les yeux ouverts Propos sur le temps présent, Jean-Pierre Siméon, par Marie du Crest

Ecrit par Marie du Crest , le Vendredi, 20 Avril 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques

Les yeux ouverts Propos sur le temps présent, Jean-Pierre Siméon, Le Passeur éditeur, mars 2018, 300 pages, 19 €

Poétiser et persifler

Je venais d’achever la lecture desBienveillantes, longue et éprouvante, traversant l’Europe orientale en guerre, l’Europe du dérisoire imperium nazi, jusqu’à Stalingrad, sous la conduite de Max le bourreau, de Max le fou. Je faisais des haltes : tout avait sombré dans le chaos de La Shoah. Le livre était aussi une marche.

J’avais ensuite lu une pièce d’un jeune auteur de théâtre qui me consterna. Il me fallait donc reprendre des forces, et ma foi, le volume de JP Siméon m’y aida dans son art de faire court, d’aller ici et là, en suivant l’itinéraire de ses Propos de quelques pages, écrits à des moments divers (on peut regretter ici l’absence des dates des rédaction précises pour chaque texte). Avec son art de persifler, de jouer à la fausse désinvolture, ponctuant son livre de la formule réjouissante : sans rapport avec ce qui précède / Quoique », JP Siméon me ramena au simple et beau plaisir de lire. Rouerie jubilatoire encore du faux vrai sage chinois, Tao Li Fu, qui à maintes reprises clôt un propos. N’est-il pas un double de JP Siméon, auteur duLivre des petits étonnements ? En effet la maxime morale irrigue poésie et méditation philosophique.