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Ecriture

Le sourire de l’Ange (1), par Murielle Compère-Demarcy

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 25 Avril 2017. , dans Ecriture, Nouvelles, La Une CED

 

Il est étrange de vouloir redéfinir les limites d’un connu qui se donna à nous dès l’instant où notre respiration quittait les parois du ventre intérieur pour s’ouvrir aux déchirures du monde. Pourquoi écrire sur ce que l’on ne cesse de voir dès lors que le vivant nous tient en alerte, de tous nos sens, même à contre-courant ? Pourquoi vouloir transcrire l’immédiat présent en chacune de nos expériences ? Encore plus curieux cette nécessité – vitale – de vouloir en écrire les traces, les jets de lumière, les déchirures, les transes d’un monde opaque dont seule peut-être l’immanente présence devrait nous suffire.

Nés des forceps du dedans au dehors, nous resterons vigilants pourtant, opiniâtres à assurer la vigie des mots à la hauteur des événements qui les enclenchent, les fabriquent. Sans corne d’amertume mais d’alerte, seul ensemble dans l’appel du Large vers toujours plus d’Ailleurs, escortés de paysages toujours à conquérir, étonnements nouveaux. Paysages neufs dans leur sillage ancré à une terre burinée océane, dont les strates ont pris la profondeur des rides d’une humanité en quête permanente de sa propre réalité.

Sous pieds Cythère, par Hans Limon

Ecrit par Hans Limon , le Vendredi, 21 Avril 2017. , dans Ecriture, Création poétique, La Une CED

 

ouragan d’Ouranos ensemençant les ondes

sexe tranché des mains d’un Cronos à la ronde

l’écume amère et maculée s’offre à la mer

dans un glissement lent d’envolées éphémères

 

sidération des nues découvrant Cythérée

nue sur la pâle conque aux atours éthérés

souffle quelconque ouvrant la voix des plaisirs purs

depuis les bleus tréfonds griffonnés de guipures

Pourquoi il pleut des chats et des chiens, suite et fin, par Nadia Agsous

Ecrit par Nadia Agsous , le Mardi, 18 Avril 2017. , dans Ecriture, Nouvelles, Ecrits suivis, La Une CED

 

Lorsque l’imam de la mosquée jouxtant notre maison entendit parler de mes questions, il m’envoya un message par le biais de sa femme et m’invita à aller le retrouver à la mosquée. Je fus très étonné par cette demande. Si ce n’est ma mère qui m’encouragea à aller le voir, je n’aurais jamais répondu à sa requête. Ce qu’il me dit me laissa sans voix.

- «Dis donc, fiston, c'est toi le petit garçon qui cherche à savoir pourquoi il pleut constamment sur notre ville ? Lorsqu'on m'a parlé d'un enfant qui pose des questions sur la pluie qui ravage notre ville, je me suis dit, en voilà un qui pose les bonnes questions ! Je suis ravi que tu sois venu me voir. Je ne sais comment te remercier mais t'inquiète, Dieu te le revaudra, mon fils. Il te réservera une place dans son vaste paradis. Ecoute-moi bien ya wlidi et grave bien mes paroles dans ta petite tête. Le diable est fatigué de pisser dans les oreilles des infidèles qui demeurent sourds et indifférents à l'appel de la prière de l'aube. Tous les matins, je le vois lever les bras au ciel en guise d'impuissance ; je l'entends crier, exploser et se métamorphoser en bombe assassine. Sais-tu, petit, que Salat Al Fajr est une obligation ?

Hommage à Baudelaire XII - Les ports du Zuiderzee, par Charles Duttine

Ecrit par Charles Duttine , le Mercredi, 12 Avril 2017. , dans Ecriture, Création poétique, La Une CED

 

Qui pourrait imaginer dans ce pays de cocagne, au septentrion de l’Europe, là où parfois les glaces emprisonnent les canaux, une grande étendue d’eau que les locaux appellent « la mer du Sud » ? Le long de cette mer intérieure s’égrène un chapelet de petites cités dont les noms résonnent de leurs consonances graves et mystérieuses, Enkhuizen, Elburg, Urk, Harderwijk, Blokzijl…

Le visiteur curieux, souvent solitaire, arpentant ces cités ne peut qu’être sensible au charme indolent de ces villes endormies. On devine en errant au milieu de leur architecture qu’elles furent autrefois prospères, vivantes et sérieuses. Aujourd’hui, les fières façades de leurs riches maisons semblent regarder, dans les bassins des ports, sommeiller de rares bateaux. Ces navires à l’arrêt tanguent lentement. Ils semblent jouer, tels des enfants sages, en se balançant au gré des vents souvent froids, brise ou bise, qui font claquer leurs voiles repliées ou leurs pavillons.

Craie des brumes, par Joëlle Petillot

Ecrit par Joelle Petillot , le Lundi, 10 Avril 2017. , dans Ecriture, Création poétique, La Une CED

 

Faire tous les voyages au seuil d’un temps sans ride, sans terme, sans mot, un temps d’une lenteur sévère. S’y grefferont des rêves à la sauvagerie de tableau noir.

Il y eut une nuit coupée de lune comme d’étoiles, d’un noir d’araignée où la douleur m’attendait, patiente. La patience n’exclut pas la voracité.

Depuis l’infini de la blessure renaît de ce qui n’est même pas ses cendres.

L’écho des nuits humaines dure au-delà d’elles.

La survivance n’est pas la vie, mais elle la cherche dans chaque geste : le pied meurtri sur la pierre, le poing serré sur un bijou, la mèche écartée d’un souffle et le sommeil savon qui s’amuse à déprendre et rit de l’abandon.