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Critiques

Derrière la colline, Xavier Hanotte

Ecrit par Stéphane Bret , le Mercredi, 19 Février 2014. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Belfond

Derrière la colline, janvier 2014, 430 pages, 20 € . Ecrivain(s): Xavier Hanotte Edition: Belfond

 

Derrière la colline est un roman de Xavier Hanotte, écrit en 2000, et réédité fort à propos par les éditions Belfond. Cette réédition s’inscrit dans l’ensemble des commémorations du centenaire de la première guerre mondiale.

Nigel Parsons et William Salter, les deux principaux personnages de ce roman, vont être engagés en cette année 1916 dans les opérations de la bataille de la Somme, événements des plus meurtriers de cette guerre. Pour Nigel Parsons, le rapport au père, et plus exactement le besoin de voir l’estime de ce dernier confirmée, le conduit à s’engager, tout autant que l’échec de sa relation avec Béatrice, femme à l’égard de laquelle ses sentiments se sont taris. Au cours de sa phase de préparation, pendant laquelle il rencontre William Salter, jardinier de son état, Nigel Parsons éprouve le besoin de lire les vers d’un poète Nicholas Parry, pour se délecter des descriptions de la nature contenues dans les vers de ce poète. Pourtant, c’est sur la nature des sentiments de ses frères d’armes que s’interroge Nigel Parsons : « Ils ont signé, ils ont choisi. Mais en fin de compte, le but leur importe peu. Même allongée d’alcool, ils ont la foi. Et surtout l’élan. Cela seul compte ».

Le Mystère Fulcanelli, Henri Lœvenbruck

Ecrit par Stéphane Chemin , le Mardi, 18 Février 2014. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Flammarion

Le Mystère Fulcanelli, octobre 2013, 450 pages, 21 € . Ecrivain(s): Henri Lœvenbruck Edition: Flammarion

Livre après livre, le romancier Henri Lœvenbruck sait comment tirer les fils d’une bonne histoire. Immédiatement, ceux qui savent et apprécient les délires d’intrigues du biker le plus cool de la littérature frenchie, pensent Rasoir d’Ockham, Les Cathédrales du vide, L’Apothicaire. Pas du roman de garage tout ça ! Pour les novices, prenez un bol d’Histoire, mettez-y une pincée d’humour, une bonne louche de gros œuvre, adjoignez-y une solide documentation, secouez le tout, saupoudrez d’imagination, décorez d’un zeste de mystère et servez sur tranches bien chaud…

Ce coup-ci, les marrons étaient chauds depuis plus d’un siècle ! Bon, pour les brêles en ésotérisme, Le Mystère Fulcanelli est aussi connu du bon peuple que la somme exacte des bâtonnets dans Rain Man. Ça n’empêche pas de s’intéresser, et même les billes en « fulcanellisme » avancé peuvent apprécier ce livre qu’Henri Lœvenbruck a mis plusieurs années à écrire. Fulcanelli, c’est l’arlésienne. Au 20e siècle, de nombreux chercheurs, des passionnés, des érudits, des exégètes se sont cassé et les dents et le cabochon à vouloir découvrir la véritable identité de ce mystérieux alchimiste du 19e siècle. La faute à un homme : son assistant, son apprenti, son « padawan », l’homme par qui le mystérieux monsieur F. prend corps (et plume) sur le papier : Eugène Canseliet.

Lions, Pau Mirò

Ecrit par Marie du Crest , le Mardi, 18 Février 2014. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Théâtre, Espaces 34

Lions, traduit du catalan par Clarice Plasteig dit Cassou, 2013, 127 pages . Ecrivain(s): Pau Mirò Edition: Espaces 34

Le revenant


Lions est une pièce « d’après ». Elle succède à Buffles et précède le dernier volet de la trilogie animale, Girafes, édité en 2014. Le texte renvoie aux évènements évoqués dans la pièce précédente ; p.51, la mère dit dans une réplique :

Il y a quelques années on a gagné au loto. Pas énormément d’argent, mais quand même une belle somme.

Trois semaines plus tard mon… mon fils, mon petit… est mort.

L’action se déroule « dix ans plus tard » (p.86). Cinq personnages dont trois figuraient déjà dans Buffles (la mère, le père et la fille) se retrouvent dans cette ville sans nom, dans le décor de la blanchisserie, de l’atelier du père. Et Mirò de mettre en avant par une didascalie inaugurale la structure temporelle de cet opus 2 de sa trilogie (p.8) :

Marcel Proust, Un amour de Swann, orné par Pierre Alechinsky

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Lundi, 17 Février 2014. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Gallimard, Arts

Marcel Proust, Un amour de Swann, orné par Pierre Alechinsky, 208 p. octobre 2013, 39 € . Ecrivain(s): Pierre Alechinsky Edition: Gallimard

 

Alechinsky* aime à épouser le mouvement immobile, – immobilité déployée –, d’un livre, par ses traits – incisifs, débridés, et ouverts sur un silence que rien ne saurait venir briser : celui du recueillement, de la prière qu’est tout sommeil véritable (le sommeil étant un repli de l’être, soudain miniaturisé – sans qu’il soit utile, pour cela, que le corps change de forme –, dans le cocon d’invisible qu’il garde reclus dans lui).

Il a ainsi « illustré » – ajoutant souvent eaux fortes – de très nombreux livres et plaquettes pour les éditions Fata Morgana. L’on retiendra notamment Oiseau ailé de lacs et Invention de la pudeur de Salah Stétié, Trois poèmes d’Alvaro de Campos de Pessoa, Mon voyage en Amérique de Cendrars, Fleur de cendres de Lokenath Bhattacharya, Plénièrement de Gracq, Le poète assassiné d’Apollinaire, Celle qui vient à pas légers de Jacques Réda, Vacillations de Cioran, Les rougets d’André Pieyre de Mandiargues, et Le carnet du chat sauvage de Charles-Albert Cingria. Sans oublier les très beaux – car très nus – ouvrages de Gérard Macé, où paraît une pensée, dans ses muscles non forcés.

Tuez qui vous voulez, Olivier Barde-Cabuçon

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Lundi, 17 Février 2014. , dans Critiques, Les Livres, Polars, La Une Livres, Roman, Actes Noirs (Actes Sud)

Tuez qui vous voulez, une enquête du commissaire aux morts étranges, février 2014, 384 p. 22,90 euros . Ecrivain(s): Olivier Barde-Cabuçon Edition: Actes Noirs (Actes Sud)

 

Troisième volet des enquêtes de Volnay, le commissaire aux morts étranges, Tuez qui vous voulez plonge le lecteur à la veille de Noël 1759 dans un Paris trouble, partagé entre l’excitation des fêtes données par Louis XV, les remous subversifs politico-religieux des convulsionnaires, héritiers des jansénistes, les intrigues, les luttes intestines entre les services de police, les Affaires étrangères et le Secret du Roi, avec d’un côté Sartine, le duc de Choiseul, et de l’autre le Chevalier d’Éon et la tentative de résurrection par un inconnu d’une fête moyenâgeuse transgressive : la fête des fous.

Autant d’ingrédients sulfureux, propres à brouiller les pistes pour brosser le portrait d’une capitale à deux doigts de l’implosion.

«La semaine dernière reprit Sartine d’une voix sourde, nous avons connu une émeute. Un laquais avait dit des sottises à ses maîtres. Pour le punir, on le condamna à être exposé en public au carcan avant d’être conduit en prison au Châtelet. On n’eut pas le temps de planter le poteau du carcan que la populace s’en émut, balaya les rangs des archers du guet et brisa le poteau. Les archers durent tirer, faisant plusieurs morts. Le quartier est resté en ébullition jusqu’à la nuit malgré les renforts envoyés sur place. »