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C’est pourquoi voler, Laurent Mourey

Ecrit par Matthieu Gosztola 12.09.14 dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

C’est pourquoi voler, Laurent Mourey, Contre-allées, collection Lampe de poche, juin 2014, 5 €

C’est pourquoi voler, Laurent Mourey

 

C’est pourquoi voler, Laurent Mourey, Contre-allées, collection Lampe de poche, juin 2014, 5 €

 

Poursuivant son chemin de poèmes, depuis D’un œil, le monde (L’Atelier du grand Tétras, 2012), Laurent Mourey fait se tendre la douceur, la délicatesse d’un moment d’intime bouleversement, avec les mots qu’il fait se succéder sur la page, doucement succéder, pour que monte une résonance (monte tendrement) : pour que la musique nous trouve, et nous trouble. Nous trouve et nous cherche : continue de nous chercher, alors qu’elle nous a trouvé. Nous cherche inlassablement, pour que nous soyons à jamais ce qui jamais ne pourra être trouvé. Car être, pour l’auteur, c’est être en secret, bien qu’à la vue de tous. Et se tenir avec son secret, comme des pierres, au fond de l’eau.

Laurent Mourey fait se succéder les mots sur la page pour que le blanc fasse, pour que le blanc soit. Et que tout résonne au-dedans : au-dedans du blanc, au-dedans de nous.

Lisant, on ressent le claquement d’une voile, la mer à perte de vue, car voler n’est pas si loin ; on ressent le soleil, qui fond, fond… Et ses gouttes brûlantes tombant avec l’horizon dans notre intériorité font le paysage (de ce qui se vit, entier) un peu plus troublé.

Quelques extraits, pour vous donner la mesure d’un tel recueil :

 

comme ouvre

et encore

l’ébat la vue

à coups d’ailes

et puis quoi

*

se porter maintenant

plus que par les yeux

c’est pourquoi voler

vient d’abord

*

sais-tu si nous avons

assez de jour

pour toute cette lumière

je tendrai la main encore

cette caresse

au ciel ton toucher

de bouche on

ne se partage pas l’infini

on se le donne d’en avoir

trop de sens

*

tu me dis viens

tu me tiens partout

[…]

nous nous démenons de nous venir

*

déjà je suis au passé

et c’est mon avenir qui me fait je

passe dans tes nuis j’en rapporte le plus grand

jour j’y invente

ma vie


Matthieu Gosztola

 


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A propos du rédacteur

Matthieu Gosztola

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Rédacteur

Membre du comité de rédaction

 

Docteur en littérature française, Matthieu Gosztola a obtenu en 2007 le Prix des découvreurs. Une vingtaine d’ouvrages parus, parmi lesquels Débris de tuer, Rwanda, 1994 (Atelier de l’agneau), Recueil des caresses échangées entre Camille Claudel et Auguste Rodin (Éditions de l’Atlantique), Matière à respirer (Création et Recherche). Ces ouvrages sont des recueils de poèmes, des ensembles d’aphorismes, des proses, des essais. Par ailleurs, il a publié des articles et critiques dans les revues et sites Internet suivants : Acta fabula, CCP (Cahier Critique de Poésie), Europe, Histoires Littéraires, L’Étoile-Absinthe, La Cause littéraire, La Licorne, La Main millénaire, La Vie littéraire, Les Nouveaux Cahiers de la Comédie-Française, Poezibao, Recours au poème, remue.net, Terre à Ciel, Tutti magazine.

Pianiste de formation, photographe de l’infime, universitaire, spécialiste de la fin-de-siècle, il participe à des colloques internationaux et donne des lectures de poèmes en France et à l’étranger.

Site Internet : http://www.matthieugosztola.com