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Critiques

Hautes Huttes, Gérard Pfister (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Vendredi, 18 Juin 2021. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Poésie, Arfuyen

Hautes Huttes, juin 2021, 384 pages, 19,50 € . Ecrivain(s): Gérard Pfister Edition: Arfuyen

 

« – Ouvre l’œil –

dit la voix

laisse venir l’inconnu

de quoi aurais-tu peur » (393)

 

Puisque la poésie de ce recueil est ambitieuse (comme une parole de conversion à la véritable présence), ample (mille denses poèmes, organisés – comme le livre précédent de l’auteur – en dix « centuries » de quatre vers, cohérentes et dynamiques) et profonde (le temps, le silence, la lumière, l’espace, la mort, l’apparence, le hasard… ne sont pas là pour faire valoir leurs jolis mots, mais une voix franche et pressante tente, en déduisant leurs jeux les uns des autres, de nous les faire voir mieux – plus nativement, plus sérieusement, plus complètement, et d’abord plus admirativement !), le commentateur dit ce qu’il a compris, mais laisse trouver aux lecteurs leur clé de cette aventure.

Amour, Colère et Folie, Marie Vieux-Chauvet (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 18 Juin 2021. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Zulma

Amour, Colère et Folie, mai 2021, 491 pages, 11,20 € . Ecrivain(s): Marie Vieux-Chauvet Edition: Zulma

 

Amour, Colère et Folie est une trilogie qui présente successivement des personnages indépendants, mais représentatifs à un titre ou à un autre, de la situation d’Haïti. Dans la première partie, il est question de Claire Clamont, sœur aînée d’une famille, qui veut épouser à tout prix un Français, Jean Luze ; elle détruira sa famille pour atteindre ce but chimérique. Dans la seconde partie, l’auteure s’attache à décrire l’histoire d’une famille de propriétaires terriens : ils seront tous écrasés en essayant de récupérer leur terre. La dernière partie met en scène des jeunes poètes qui vivent à huis clos dans la maison d’Ubu.

Le point commun de ces récits, c’est tout d’abord une extrême dureté : celle des sentiments, des états d’âme, marqués par le mal, la tentation permanente de la violence, par l’envahissement du remords, par des interrogations nourries à propos des origines, de la situation des Haïtiens. Le lecteur est confronté à la terreur, celle des tontons macoutes, au temps de la dictature de Duvalier. L’auteure évoque également la période de l’occupation américaine :

Murcie, sur les pas d’Ibn Arabi, Fawaz Hussain (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 18 Juin 2021. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman

Murcie, sur les pas d’Ibn Arabi, éditions du Jasmin, septembre 2020, 140 pages, 18 € . Ecrivain(s): Fawaz Hussain

 

De la mort à la résurrection

Le roman de Fawaz Hussain commence à Paris, où un professeur retraité, Faramarz Hajari, reçoit un appel inattendu d’une ancienne étudiante de la Sorbonne, l’invitant à explorer les traces d’Ibn Arabi – « ach-Cheikh al-Akbar » (« le plus grand maître »), né en 1165 à Murcie, mort en 1240 à Damas, théologien, juriste, poète, soufi, métaphysicien et philosophe andalou, auteur de 846 ouvrages présumés. Habitant un « dernier étage mansardé » où « des corneilles et des pies se chamaillaient sur les bords de cheminée qui leur servaient de perchoirs » et observant « une femme maghrébine » étendre son linge, l’écrivain Faramarz Hajari réceptionne cette invitation à Murcie avec joie et un peu d’appréhension, devant rencontrer d’éminents spécialistes du Maître, honnis par les islamistes égarés dans de fausses doctrines.

Madeleine Bernard, La Songeuse de l’invisible, Marie-Hélène Prouteau (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 17 Juin 2021. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Hermann

Madeleine Bernard, La Songeuse de l’invisible, mars 2021, 158 pages, 19 € . Ecrivain(s): Marie Hélène Prouteau Edition: Hermann

 

L’art, souvent, retient les grandes figures, les chefs d’école, les novateurs. Il néglige les figures secondaires même si elles ont joué un certain rôle dans la conception artistique d’un peintre ou d’une école. La fin du XIXe a été particulièrement riche en écoles de toutes sortes. Impressionnisme, divisionnisme, cloisonnisme, nabis, symbolisme. Marie-Hélène Prouteau nous embarque pour une découverte des années 1880-1890.

Madeleine, la sœur cadette du peintre Emile Bernard que l’école de Pont-Aven a rendu célèbre, recueille ici l’attention de la romancière qui lui consacre tout un livre. Figure retirée, à l’ombre de la musique et de la piété fraternelle envers un frère fantasque, créatif, déluré, mature et indiscipliné, au grand dam de ses parents.

Des années passées dans le nord, le long de la Deûle, puis à Paris, à Courbevoie, à Asnières. La frêle et blanche Madeleine, à la santé délicate, accompagne au piano les années où son grand frère entame son apprentissage de peinture (à l’atelier Cormon d’où il sera renvoyé) et cueille les rencontres importantes (Schuffeneker, Gauguin, Van Gogh, Anquetin). Il passe par l’impressionnisme, le pointillisme, cède aux aplats japonisants. Participe aux premières expositions.

Soleils éclatés, Claire Vernisse (par Parme Ceriset)

Ecrit par Parme Ceriset , le Jeudi, 17 Juin 2021. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Poésie

Soleils éclatés, Claire Vernisse, Éditions Le Lys bleu, février 2021, 96 pages, 11,50 euros

Ce recueil, dont l’illustration de couverture est une superbe création picturale d’Alain Added, est écrit dans un style poétique particulièrement original et tout en contrastes :

« Elle griffe la lumière / elle hurle de douceur ».

L’univers de Claire Vernisse est un mélange de rage de vivre et de délicatesse, et l’on se laisse porter par le bel élan qui se dégage des mots :

« Je cours / J’écorche mes bras aux branches (…)

J’avale le vent, je suis le vent / J’avale le ciel, je suis le ciel ».

L’auteure semble percevoir une menace qui plane sur sa sérénité :

« Alors j’avale le soleil (…)

Ils ouvriraient mon ventre pour tuer le soleil ».

Mais elle sait qu’elle vaincra :

« Ils n’auront pas ma faim ».