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Les Chroniques

La grande Marie ou le luxe de sainteté, Carl Bergeron (par Jacques Desrosiers)

Ecrit par Jacques Desrosiers , le Mercredi, 20 Avril 2022. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

La grande Marie ou le luxe de sainteté, Carl Bergeron, Éd. Médiaspaul (Canada), août 2021, 80 pages, 15 €

 

 

Carl Bergeron est à peine visible dans la vie littéraire québécoise, presque tenu à l’écart dirait-on parfois. En 2006, quelques inconditionnels avaient encensé son journal « Voir le monde avec un chapeau », qui avait autrement donné lieu à d’étranges critiques, dont l’une saugrenue dans la revue Liberté lui tricotait un bonnet d’âne avant de lui taper dessus à grands coups de Gramsci. Avec son « Épreuve » que doivent affronter les Québécois pour surmonter leur embarras linguistique, quelques désagréables portraits de femmes, des jugements impatients sur un tas de sujets comme le tatouage, le jogging, le printemps érable ou les employés de bureau – de toute évidence il ne cherchait pas la gloire. Ici et là on observait aussi des décalages abrupts de ton, le texte tombait d’un coup dans un autre registre, quand par exemple il abandonnait sa fresque historique et urbaine pour s’adresser émotivement à ses parents.

Œuvres Poétiques, Patrick Laupin (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 19 Avril 2022. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Poésie

Œuvres Poétiques, Patrick Laupin, éditions La Rumeur libre, 2012, 304 pages, 22 €

 

Un éclairage sur la maison d’éditions La Rumeur libre

 

Témoin

Témoigner est une tâche, une responsabilité au regard du témoignage et de celui qui témoigne, sorte de masque de Janus, commencement et achèvement de cette empreinte, de cette trace. C’est exactement la question que pose, incidemment, René Pons au sujet du bord, de la définition d’une figure, du trait qui laisse une empreinte formelle. Pour lui, le bord c’est la forme. Ici, ce rapport, cette relation d’un sentiment intérieur, vient cadrer un horizon, dessiner une ligne, et parfois aborder des thèmes sociaux, mais sans démagogie, comme simple fait poétique, comme avancée et comme engagement (l’auteur a du reste travaillé avec des souffrants et des prisonniers). Cette langue ne se fige pas, se cherche sans cesse, s’inquiète de soi et du monde. C’est une façon d’habiter le monde en poète.

Le Satellite de l’Amande, La Trilogie du Losange, Tome I, Françoise d’Eaubonne (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 15 Avril 2022. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

Le Satellite de l’Amande, La Trilogie du Losange, Tome I, Françoise d’Eaubonne, mars 2022, 208 pages, 15 €

 

« Chaque femme porte en elle une force naturelle riche de dons créateurs, de bons instincts et d’un savoir immémorial. Chaque femme a en elle la Femme Sauvage. Mais la Femme Sauvage, comme la nature sauvage, est victime de la civilisation. La société, la culture la traquent, la capturent, la musellent, afin qu’elle entre dans le moule réducteur des rôles qui lui sont assignés et ne puisse entendre la voix généreuse issue de son âme profonde ».

Clarissa Pinkola Estés

Terra incognita

Avec Le Satellite de l’Amande, premier épisode de La Trilogie du Losange, Françoise d’Eaubonne (1920-2005, Chevalière de l’ordre des Arts et des Lettres) entame une saga féministe, de caractère science-fictionnel, secteur de la littérature largement réservé aux hommes.

Conversations avec Rainer Maria Rilke, Maurice Betz (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Jeudi, 14 Avril 2022. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Arfuyen

Conversations avec Rainer Maria Rilke, Maurice Betz, suivi d’un récit de Camille Schneider, De Paris à Strasbourg et Colmar avec Rainer Maria Rilke, éditions Arfuyen, mars 2022, 264 pages, 18,50 €

 

On a toujours vainement rêvé de disposer de confidences (ou de simples notes de travail) d’un collaborateur, ou d’un simple camarade, de Shakespeare, mais, pour Rilke – le plus grand des poètes – on a ça. Gérard Pfister, qui édite ce livre, dit exactement (p.257) comment :

« Maurice Betz (1898-1946) a été le premier traducteur français de Rainer Maria Rilke. Durant plusieurs mois, en 1925, il a travaillé chez lui, à Paris, rue de Médicis, avec Rilke sur la traduction des Cahiers de Malte Laurids Brigge. Après la mort de Rilke il en a publié de nombreuses autres traductions, comme les Histoires du bon Dieu, le Chant de l’amour et de la mort du cornette Christoph Rilke, les Lettres sur Cézanne… C’est en 1936, pour le dixième anniversaire de la disparition de Rilke, mort à 51 ans, que Maurice Betz a publié sous le titre Rilke vivant les souvenirs de ses entretiens ainsi que ses correspondances avec le poète. Cet ouvrage, paru chez Émile-Paul, n’a jamais été réédité. C’est pourtant un document de première importance pour la connaissance de Rilke ».

La marque Macron, Désillusions du Neutre, Raphaël Llorca (par Martine L. Petauton)

Ecrit par Martine L. Petauton , le Mercredi, 13 Avril 2022. , dans Les Chroniques, Les Livres, Essais, La Une CED

La marque Macron, Désillusions du Neutre, Raphaël Llorca, Editions de L’Aube, avril 2021 (essai, philosophie politique), 166 pages, 17 €


« Ce 7 Mai 2017 au soir, cour du Louvre ; tout dans la marque Macron y est déjà : la force du neutre, un récit, une esthétique, y compris déjà les premiers signes du dérèglement ; un certain autoritarisme esthétique, une forme de kitch, un excès d’incarnation, la tentation du sous-titre permanent »

Philosophe du champ politique, Llorca est aussi spécialiste du langage. Son regard, loin s’en faut, n’est pas celui du débatteur-contradicteur politicien, mais, celui du sachant observateur, maniant les grilles et, semant dans cet excellent livre qui se lit mieux que facilement, le respect qui sied à la chose démocratique quand on l’analyse. Ceux qui attendraient le pamphlet saignant peuvent passer leur chemin.