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Afrique

La Trilogie romanesque. Les Cancrelats. Les méduses. Les phalènes, Tchicaya U Tam’si

Ecrit par Theo Ananissoh , le Vendredi, 29 Mai 2015. , dans Afrique, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Gallimard

La Trilogie romanesque. Les Cancrelats. Les méduses. Les phalènes, Gallimard, coll. Continents noirs, mars 2015, Edition préparée et présentée par Boniface Mongo-Mboussa, 957 pages, 20 € . Ecrivain(s): Tchicaya U Tam’si Edition: Gallimard

 

La collection Continents noirs des éditions Gallimard poursuit la publication des œuvres complètes du grand poète et romancier congolais Tchicaya U Tam’si. Après sa poésie complète l’année dernière dont nous avons rendu compte ici, voici rassemblés en un volume trois de ses quatre romans – près de mille pages – introduits encore une fois avec clarté et maîtrise par le critique et écrivain Boniface Mongo-Mboussa. Une introduction (prévenons le lecteur) placée… à la fin de l’ouvrage.

Tchicaya U Tam’si, ce sont trois vies successives en l’espace de cinquante-sept ans : poète, dramaturge puis romancier. Cette dernière phase de sa vie dure moins d’une dizaine d’années. Quatre romans en sept ans, sans oublier un recueil de nouvelles. En 1977, Tchicaya publie La Veste d’intérieur, Prix Louise-Labbé. Ce sera son dernier recueil de poèmes. Vingt-cinq années de création poétique ont fait de lui un des poètes majeurs de l’Afrique malgré l’ombre écrasante de Senghor. Mais à l’orée de la cinquantaine, il est gagné par le doute quant à sa postérité.

Autour de ton cou, Chimamanda Ngozi Adichie

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 18 Mars 2015. , dans Afrique, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits, Folio (Gallimard)

Autour de ton cou (The things around your neck), décembre 2014, traduit de l’anglais (Nigéria) par Mona de Pracontal, 312 pages, 7,50 € . Ecrivain(s): Chimamanda Ngozi Adichie Edition: Folio (Gallimard)

 

Avec cette édition, Gallimard nous donne accès à un florilège de courts récits d’une richesse sociologique stupéfiante, témoignant d’un éclatant talent littéraire.

Chimamanda Ngozi Adichie, nigériane, qui a quitté le Nigéria à l’âge de 19 ans pour étudier puis s’installer aux Etats-Unis, exprime avec une sensibilité à fleur de peau, dans la plupart de ces nouvelles, dont certaines ont obtenu des prix prestigieux, les chocs culturels qu’a provoqués et que provoquent encore chez les individus et les groupes humains la rencontre brutale des civilisations occidentale et africaine.

On ne peut pas ne pas penser ici à cet autre immense écrivain nigérian, Chinua Achebe, dont La Cause Littéraire a présenté plusieurs œuvres qui tournent fondamentalement autour des mêmes thématiques et mettent en évidence la même problématique.

Les coqs cubains chantent à minuit, Tierno Monénembo

Ecrit par Theo Ananissoh , le Samedi, 14 Mars 2015. , dans Afrique, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Seuil

Les coqs cubains chantent à minuit, janvier 2015, 188 pages, 17 € . Ecrivain(s): Tierno Monénembo Edition: Seuil

Comment dire cela d’une manière simple et claire ? Il y a comme une double nature à ce onzième roman de l’écrivain guinéen Tierno Monénembo. C’est une lettre – pas un roman sous la forme imitée d’une lettre, non, c’est un récit romanesque pour ainsi dire classique, une longue narration qu’un Cubain nommé Ignacio Rodríguez Aponte, paumé et enfermé dans son île, adresse à un « ami » guinéen installé à Paris, du nom de Tierno Alfredo Diallovogui. Le récit est donc à la deuxième personne du singulier.

« Dans quel état seras-tu quand tu auras fini de lire cette lettre ? Prostré, hébété, hystérique ? Non, non… Plutôt muet, plutôt absent, perdu dans des pensées profondes et graves ; hiératique, marmoréen (une vraie statue maya) alors qu’un feu intérieur et vorace te dévore, viscères et âme. Granit angoissé, va ! »

De bout en bout, nous entendons la voix d’Ignacio et le silence de Tierno, et imaginons celui-ci tête penchée sur ce qu’il lit. A coup sûr, une lecture attentive, prenante, pensive car c’est rien de moins que l’élucidation du mystère qui recouvre les toutes premières années (décisives, comme on sait)  de sa vie et du sort de sa mère évaporée alors qu’il n’avait que cinq ans qui lui est livrée dans ces près de deux cents pages.

Mes bifurcations, André Brink

Ecrit par Victoire NGuyen , le Mardi, 03 Mars 2015. , dans Afrique, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, Récits, Babel (Actes Sud)

Mes bifurcations, septembre 2014, traduit de l’Anglais (Afrique du Sud) par Bernard Turle, 617 pages, 11,50 € . Ecrivain(s): André Brink Edition: Babel (Actes Sud)

 

Lignes de vie

Mes bifurcations est un récit fleuve que l’on peut qualifier d’autobiographie. André Brink évoque ses années d’enfance en Afrique du Sud. Puis il relate les premiers éveils de sa conscience face à la question raciale durant sa période estudiantine. Mais son récit souligne surtout l’impact de son voyage à Paris à la fin des années 1960. C’est en terre étrangère qu’il prend réellement conscience de la gravité tant morale qu’éthique du concept de l’Apartheid. Poussé par ses amis, Paris a été une catharsis pour notre écrivain. Ainsi confesse-t-il :

« Ils me poussèrent à revenir sur des sujets avec lesquels mon séjour à Paris m’avait familiarisé mais que je n’avais pas approfondis. Mes nouvelles fréquentations me permirent, pour la première fois dans ma vie, de me lier d’amitié avec des Noirs ».

Philida, André Brink

Ecrit par Martine L. Petauton , le Lundi, 16 Février 2015. , dans Afrique, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Actes Sud

Philida, septembre 2014, traduit de l’anglais (Afrique du sud) par Bernard Turle, 371 pages, 23 € . Ecrivain(s): André Brink Edition: Actes Sud

 

Toute notre jeunesse, nos engagements, nos espoirs ; on est tous dans les livres d'André Brink, qui vient de refermer la porte...

 

André Brink – plus quelques autres ! – c’est pour nous tous, l’apartheid, ses sombres pages, et, un jour, la sortie de l’enfer. Mais, avant l’apartheid, nous dit Brink dans ce livre, il y a eu dans la lumière des terres, qui aujourd’hui s’appellent l’Afrique du Sud, l’esclavage. Et dans cet esclavage – fascinantes poupées gigognes – une Philida qui fut – mi-XIXème autant dire hier – l’ancêtre de l’écrivain qui retrouve avec elle comme un chaînon manquant de sa longue histoire.

Tous les livres d’André Brink sont littérature d’exception ; cris au-delà des malheurs, pour réunir les hommes. Celui-ci, particulièrement : tous les talents de l’écrivain, dans un des plus beaux portraits de femme que porte la littérature, et le vrai de l’Histoire.