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Roman

Les sœurs de Fall River, Sarah Schmidt

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 29 Mars 2018. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Océanie, Rivages

Les sœurs de Fall River (See What I Have Done), mars 2018, trad. anglais (Australie) Mathilde Bach, 445 pages, 23 € . Ecrivain(s): Sarah Schmidt Edition: Rivages

Voilà un premier roman maîtrisé de bout en bout, qui bâtit un univers glauque et étouffant, des personnages aussi improbables qu’exceptionnels, une narration fluide et forte superbement traduite par Mathilde Bach. Aucun lecteur n’échappera à l’emprise de ce roman tant la sobriété de l’écriture, la personnalité erratique et spectrale des sœurs Borden, rendent ce roman puissamment addictif. Oui, Sarah Schmidt signe un premier roman de haute volée.

Bien que prenant son point de départ dans un célèbre fait-divers*, cette œuvre n’est que peu une exofiction. Sarah Schmidt crée une fiction pure, éloignée de tout souci documentaire. Elle recrée un fait-divers en utilisant comme moteur narratif les pensées intérieures des protagonistes, donnant ainsi au récit une polyphonie macabre qui peu à peu nous mène à l’inexorable issue. Car s’il est un ingrédient qui constitue le fil directeur et la marque de ce roman, c’est une extrême tension, fondée sur la violence inouïe des rapports entre les personnages (TOUS les personnages, jamais il n’apparaît le moindre rapport d’affection ou de confiance !). Le meurtre des parents Borden pour ouvrir l’histoire, puis en alternant le jour d’avant/le jour d’après, la lente coulée de haine des parents entre eux, des parents et de leurs filles, des sœurs entre elles, de la domestique envers tous ses employeurs.

Et mon luth constellé, Ariane Schréder

Ecrit par Theo Ananissoh , le Mercredi, 28 Mars 2018. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Héloïse D'Ormesson

Et mon luth constellé, janvier 2018, 253 pages, 18 € . Ecrivain(s): Ariane Schréder Edition: Héloïse D'Ormesson

 

Iris est entrée dans la vie de Louise alors que celle-ci n’avait que dix ans. C’était dans son village des Pyrénées. Iris est arrivée un jour au volant d’une deux chevaux, s’est installée dans une mansarde au-dessus de la librairie du vieux Georges. Personnalité charismatique, attachante, affectivement accessible à la petite Louise qui vivait là entre ses parents, son frère et sa sœur, un chien et un chat. Une existence dans un endroit un peu morne, en vérité.

Une amitié vraie et forte, par-delà la différence d’âge, naît aussitôt entre elles.

« Nous deux bien au chaud dans la mansarde, assises sur le lit sous le plaid lavande que Luce m’avait forcée à lui apporter – je venais si souvent –, David Bowie royal entre nous, et le carré de ciel sombre de la fin de journée m’indiquant que bientôt j’allais devoir rentrer, à contrecœur. Et Iris, généreuse, courageuse, m’accompagnerait quand même, jusqu’au bout de la rue d’où elle pourrait me voir entrer dans la boutique, d’où je la quitterais à regret, d’un dernier signe de la main, et elle d’un baiser soufflé envoyé, alors moi aussi, baiser soufflé ».

Dans l’Utérus du volcan, Andrea Genovese

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 23 Mars 2018. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Editions Maurice Nadeau

Dans l’Utérus du volcan, janvier 2018, 220 pages, 19 € . Ecrivain(s): Andrea Genovese Edition: Editions Maurice Nadeau

 

Vanni, Sicilien d’origine établi à Lyon, est invité dans sa ville natale pour y recevoir le Grand Prix de Poésie Chrétienne qui lui a été décerné par le Parrain de la Mafia locale Lorenzo Ferella, lequel a créé ce prix, accompagné d’un chèque de dix millions de lires, en hommage à son père poète Gaetano Ferella, pour afficher le côté « respectable » et « cultivé » de son statut de notable.

Dès son arrivée, Vanni, qu’accompagne son épouse lyonnaise Louise, est pris à la fois dans la nasse de ses souvenirs d’enfance, dans la trame de ses relations avec sa famille et ses amis d’avant, et dans les mailles du réseau de Ferella, qui se débarrasse de sa splendide maîtresse Lillina dont il s’est lassé en l’envoyant au poète en guise de cadeau de bienvenue en supplément au prix de poésie. Dans le même temps, Roberto Meruli, un comparse du patron mafiosi, est chargé de sonder Vanni pour d’éventuelles « affaires » à monter dans la région lyonnaise.

Prochainement, Aphrodite !, Willa Cather

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 22 Mars 2018. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA

Prochainement, Aphrodite !, Ed. Ombres, mars 2018, trad. américain et présentation, Sylvie Rozenker, 94 pages, 9 € . Ecrivain(s): Willa Cather

 

C’est un tout petit livre – une longue nouvelle – qu’on peut avaler en une heure. Mais c’est l’heure délicieuse ! Willa Cather nous a habitués à ses portraits de femmes étincelants – Mon Antonia, mon ennemi mortel, Lucy Gayheart – et, derrière le sympathique Don Hedger, artiste peintre new-yorkais, c’est bien encore une femme exceptionnelle qui se dessine hautement. Eden Bower, artiste débutante, va débarquer dans la vie du très (trop ?) tranquille Don. Elle va occuper l’appartement mitoyen du sien et, peu à peu mais à coup sûr, occuper aussi l’esprit et le cœur du bonhomme. Du bonhomme et de son chien César, aussi « père peinard » que son maître.

Eden est une belle femme, blonde, grande, et qui se pose un peu là ! Une femme au caractère bien trempé, autoritaire, très sûre d’elle-même, ambitieuse, et voilà notre peintre bien empêtré dans une relation de flirt qui tourne à l’affaire amoureuse. Il subit – avec plaisir néanmoins – les diktats de son amoureuse, allant parfois jusqu’à laisser César à la maison quand ils sortent dîner en tête-à-tête. Impensable !

Les oiseaux morts de l’Amérique, Christian Garcin

Ecrit par Lionel Bedin , le Jeudi, 22 Mars 2018. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Actes Sud

Les oiseaux morts de l’Amérique, janvier 2018, 224 pages, 19 € . Ecrivain(s): Christian Garcin Edition: Actes Sud

 

L’époque : de nos jours, avec beaucoup de retours en arrière. Le lieu : Las Vegas. Un peu en ville, sur le Strip et dans quelques rues adjacentes, mais surtout à la périphérie, vers les terrains vagues, entre autoroutes et pistes cyclables, motels miteux et collecteurs d’eau de pluie. C’est dans ces tunnels de béton que vivent quelques personnes, en marge. Parce que la vie les a amenés là. Un point commun à la plupart des protagonistes de ce roman : ils ont participé à une guerre. Hoyt est un vétéran du Vietnam. Il a 75 ans. Il cohabite avec d’autres anciens soldats d’Irak ou d’Afghanistan. Des guerres d’où ils sont revenus, avec des souvenirs atroces, traumatisés. Des souvenirs vivaces ou oubliés, ou refoulés. Ils vivent là, entre leurs souvenirs et une réalité somme toute assez tranquille : échanger quelques vannes plus ou moins philosophiques, faire la manche en ville, boire un café, dormir… et évacuer vite fait quand il pleut et que les collecteurs se remplissent d’eau.