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Récits

Un bon fils, Pascal Bruckner

Ecrit par Martine L. Petauton , le Lundi, 12 Mai 2014. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Grasset

Un bon fils, février 2014, 250 pages, 18 € . Ecrivain(s): Pascal Bruckner Edition: Grasset

 

« On appartient au monde qu’on a fait, pas à celui d’où on vient ».

Depuis quelque temps – il en fallait, du temps ! – les publications prolifèrent, ainsi que les témoignages-coups de poing, sur ces enfants de collaborateurs déclarés ; ceux qui se sont « mangé » le père facho, le traîneur des rues de Sigmaringen, l’antisémite bien marqué à la Céline – le talent en moins, souvent. On a lu Marie Chaix et ses Lauriers du lac de constance, plus récemment ce Gérard Garouste sorti de ses chefs d’œuvre tourmentés pour décliner dans L’intranquille son insupportable paternel, qui le traitera d’« enjuivé ».

Ils ont eu la totale, les gamins, et plus tard, les adultes issus de là : ces pères ; la violence conjugale, le plus souvent, à la hauteur d’une haine des autres jamais assouvie ; le prosélytisme féroce en guise d’instruction civique, et ces Juifs emportés jusqu’au bout de leur vie ; boucs-émissaires dont le noir, comme on dirait de la lumière stellaire, brilla au-delà même de leur propre mort… Il est des enfers dont on sort, ô combien plus difficilement que le grandir de tout un chacun – disent tous ces échappés, Pascal Bruckner en remarquable porte-drapeau :

Joselito, le vrai, José Miguel Arroyo

Ecrit par Philippe Chauché , le Samedi, 10 Mai 2014. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, Espagne, Verdier

Joselito, le vrai, traduit de l'espagnol par Antoine Martin, Avril 2014, 288 p. 16,20 € . Ecrivain(s): José Miguel Arroyo Edition: Verdier

 

 

« Au commencement est le silence. C’est du moins ce qui me frappa lorsque j’assistai à ma première corrida, à l’âge de douze ans, il y a tout juste un demi-siècle. J’entendais bien les clameurs, les applaudissements, les sifflets, et surtout les injonctions criées aux protagonistes depuis les gradins… Mais à toutes ces manifestations, les hommes de lumière opposaient le mutisme le plus opaque.  » François Zumbielhl – Le discours de la corrida – Verdier – 2008

Silence des toreros, mutisme absolu de ces hommes de l’éphémère, ils savent que la parole appartient finalement aux autres, à ceux qui voient – de loin – ce qui se joue de près, se sacralise sur le sable. Les toreros parlent peu, écrivent encore moins. Leur histoire, leur roman, leurs rêves, ils l’écrivent sur le sable à cinq heures du soir, et cela suffit semble-t-on comprendre, ou bien laissez- moi seul avec ce taureau, et pour le reste, nous verrons bien !

Ienisseï suivi de Russie blanche, Christian Garcin

Ecrit par Lionel Bedin , le Vendredi, 09 Mai 2014. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Verdier

Ienisseï suivi de Russie blanche, février 2014, 96 pages, 11,80 € . Ecrivain(s): Christian Garcin Edition: Verdier

 

 

Ça n’est pas la première fois que Christian Garcin voyage en Sibérie, ni la première fois qu’il propose des récits de ces voyages et de ses « croisière » sur un fleuve : voir par exemple le récit sur la Lena dans En descendant les fleuves, Carnets de l’Extrême-Orient russe, avec Éric Faye, (Stock, 2011). Il nous propose ici deux courts textes, dont le premier, Ienisseï, est un récit qui raconte ce qu’il voit, ce qu’il entend durant la descente du fleuve Ienisseï, de Krasnoïarsk à son embouchure dans l’Arctique. Et ça commence mal : pas assez d’eau pour que le bateau, l’Alexandre Matrosov, puisse naviguer… Un moment il est même envisagé d’ouvrir les vannes d’un barrage. Il y a toujours des problèmes, en Sibérie, et il y a toujours des solutions… Plus ou moins démesurées. La solution sera plus naturelle. Et l’on pourra partir.

Dans la vie noire et blanche de Robert Mapplethorpe, Judith Benhamou-Huet

Ecrit par Arnaud Genon , le Mercredi, 07 Mai 2014. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, Grasset

Dans la vie noire et blanche de Robert Mapplethorpe, mars 2014, 216 pages, 17 € . Ecrivain(s): Judith Benhamou-Huet Edition: Grasset

 

Sur les traces de Robert Mapplethorpe

Ceux qui le connaissent gardent de Robert Mapplethorpe plusieurs images. Tout d’abord, celle du photographe de génie qui marqua la scène artistique new-yorkaise dans les années 70 et 80. Ensuite celle du provocateur, avec ses photos homo érotique ou même plus crues, « scandaleuses », taxées par beaucoup de pornographiques et révélatrices d’un « art dévergondé » selon l’Amérique puritaine. Enfin, celle d’un homme malade, ravagé par le sida – dont il meurt le 9 mars 1989 – qui figea lui-même son visage de mourant dans une photo devenue célèbre : « Ombre livide dans un halo noir. Au premier plan une main solide tient une canne dont le pommeau est une tête de mort sculptée dans le bois ».

Dans ce récit biographique, Judith Benhamou-Huet souhaite explorer les différentes facettes du photographe et a interrogé, pour y parvenir, une quarantaine de personnes parmi lesquels Pierre Bergé, Bob Calacello, Bettina Rheims ou Michael Stout.

La Couleur du crépuscule, Ces vies-là, Alfons Cervera

Ecrit par Marc Ossorguine , le Vendredi, 02 Mai 2014. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Espagne

La Couleur du crépuscule (El color del crepúsculo, 1995), traduit de l’espagnol par George Tyras, Editions La Fosse aux Ours ; Ces vies-là (Esas vidas), traduit de l’espagnol par George Tyras, Editions La Contre Allée . Ecrivain(s): Alfons Cervera

La Couleur du crépuscule


« Des pages qui renferment, parmi toutes les complexités du monde, une seule certitude : il y a un langage pour raconter les histoires et un autre pour le silence ».

Sunta a toujours vécu à Los Yesares, village perdu où, disait le clown Willy qui y a vécu quelques années, ne vivent que les souvenirs, l’ennui et les fantômes des morts. Mais Sunta a gardé en elle les paroles du grand-père qui considérait que l’on devait vivre et mourir au plus près du lieu de sa naissance. Si les autres partent, elle, elle a choisi de rester. A la veille d’un mariage tardif et hésitant, elle a senti la nécessité de ne pas laisser filer la mémoire de toute ces années, de tous ces récits, des personnages et des images qui l’habitent. L’ombre du caudillo et de serviteurs zélés, parfois grotesques et dérisoires, parfois inquiétants, habite aussi ce pays que le temps et l’histoire semblent avoir oublié. La mort de Franco, à Los Yesares, c’est surtout un portrait décroché.