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Poésie

Gueule noire, Estelle Fenzy (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mercredi, 25 Novembre 2020. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, La Boucherie Littéraire

Gueule noire, 54 pages, 12 € . Ecrivain(s): Estelle Fenzy Edition: La Boucherie Littéraire

 

Le responsable éditorial, Antoine Gallardo, le précise dans les remerciements inscrits à la fin de l’opus : « Tout comme moi, Estelle Fenzy ne s’imaginait pas au moment où elle me confiait ces tendres souvenirs d’enfance, qu’ils m’inspireraient une nouvelle collection ». Après la collection éminente des éditions de La Boucherie littéraire, « Sur le billot », Gueule noire ouvre ainsi la nouvelle collection « Sur le billot pour tous » avec un opus poétique s’adressant à des lecteurs de 7 à 107 ans qui souhaiteraient goûter « la saveur de l’enfance retrouvée ». Et celle-ci, universelle par sa période d’inédite exploration à un âge où les perspectives du monde offert sont encore indemnes, indéfinissables et terriblement ouvertes, est profondément palpable entre les pages de cette publication aussi rafraîchissante que chaleureuse, comme la tendresse peut remuer les herbes folles et verdissantes de l’enfance, réactiver la joie ou la nostalgie dans un présent traversé par les souvenirs.

J’appelle depuis l’enfance, Gérard Bocholier (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 23 Novembre 2020. , dans Poésie, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

J’appelle depuis l’enfance, Gérard Bocholier, éd. La Coopérative, septembre 2020, 144 pages, 16 €

 

Temps du poème, poésie de la durée

Même si le recueil de Gérard Bocholier, publié par les éditions de La Coopérative, se concentre sur l’enfance, celle de l’auteur, le livre se déroule et s’organise en plusieurs mouvements, dont l’enfance reste le motif, sorte de partie immergée mais vivante qui affleure sur le massif poétique des textes. Sommes-nous dans ce que Bergson dit de la mémoire, absolue et enregistrant la totalité de l’existence ? Peut-être pas. Toujours est-il que ces poèmes restent très sobres, écrits sans pathos, sinon avec le sentiment profond de l’écrivain, son lyrisme naturel. Oui, une écriture maîtrisée. Laquelle rend visible l’avancée du temps, mémoire irradiante comme le ferait une musique. Le mot le plus proche serait la nostalgie, nostalgie de ce lieu où se construit le désir, c’est-à-dire, la grande jeunesse. Avec elle, sans doute, l’angoisse d’aujourd’hui, appréhension de la mort, du trépas inéluctable de la personne humaine en gestation, en gésine dans tout acte issu du vivant.

Météores, Stéphane Barsacq (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 16 Novembre 2020. , dans Poésie, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Météores, Stéphane Barsacq, éditions de Corlevour, septembre 2020, 196 pages, 15 €

 

Écrire avec

D’emblée, ce que l’on ressent à la lecture de Météores de Stéphane Barsacq, c’est la qualité brillante de l’expression. Son écriture relève du travail et de la finesse d’une phrase légère mais profonde, lumineuse mais grave, éclatante, dense. Cette luminosité – qui ne renonce pas à l’ombre toujours nécessaire au lecteur pour qu’il cherche en lui-même cette parole inquiétante, ombrée, intrigante, que l’obscurcissement détient en lui comme un secret palpitant – accorde assez d’intellection au texte pour y déceler la pensée de l’auteur, clarté où tournoie, plonge cette littérature, ainsi qu’en un milieu aqueux. On pérégrine dans ce livre à la manière d’un voyageur embarqué sur un petit esquif, muni d’un lamparo. On ajoute pour soi une phrase à tel aphorisme, conduit vers des auteurs ou des musiciens pour reprendre souffle avec sa propre connaissance des textes ou des musiques, se dédoublant un instant du contenu pour ajouter le sien propre. Et c’est là pour moi une réussite dans la mesure où l’énonciation reste meuble, s’adapte, se dilate et grandit la pensée.

Le Travail du monde, Jean-Louis Rambour (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mercredi, 11 Novembre 2020. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Le Travail du monde, éditions L’herbe qui tremble, octobre 2020, 132 pages, 15 € . Ecrivain(s): Jean-Louis Rambour

 

Le « Travail du Monde » : celui que font les Hommes ; celui qui fait de ses ouvriers, des Hommes… Dans Le mémo d’Amiens, publié aux éditions Henry en 2014, J.-L. Rambour offrait le « Poème-photo » contemporain des gens ordinaires de la Picardie, plus précisément de la ville d’Amiens, observés en leur réalité quotidienne dans leurs faits et gestes. Ici, dans Le Travail du monde, J.-L. Rambour nous offre de lire et entrevoir en « 100 poèmes-diapos » la lutte laborieuse des prolétaires, après les Trente-Glorieuses, en prise avec les effets dévastateurs du progrès industriel sur leurs conditions de travail.

 

Autour du tracteur Mac Cormick, ils sont encore

à regarder sereins le travail s’accomplir.

Mais il leur faut des années pour comprendre

qu’ils ont trop chanté l’arrivée de ces engins :

Un printemps à Hongo, Ishikawa Takuboku (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 09 Novembre 2020. , dans Poésie, Les Livres, Les Chroniques, Critiques, La Une CED, Japon, Arfuyen

Un printemps à Hongo, Ishikawa Takuboku, Arfuyen, septembre 2020, trad. japonais, Alain Gouvret, 161 pages, 16 €

 

Le poète et ses chimères

Le défaut inhérent et impossible à circonscrire de ma chronique relève de l’analyse forcément ethnocentrée, que je ne peux entreprendre que par le biais du monde référentiel de ma culture européenne. Bien sûr je connais la littérature, le cinéma et l’art graphique du japon – et quelques sentiments très forts au sujet de l’acteur de kabuki, que m’enseigna mon professeur Georges Banu à Paris III –, il reste que je ne conçois cet univers oriental que par le prisme de la traduction ou des sous-titres, seuls vraiment capables de me rendre accessible cet ensemble de signes. Nous connaissons tous le débat autour de L’empire des signes. Mais dans le même temps, cet ethnocentrisme pourrait être un avantage pour parcourir le journal de ce poète maudit de l’archipel nippon, comme enrichissant le spectre et l’épaisseur de ce personnage capiteux.