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Les Livres

Alluvions, Michel Wolff (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Mardi, 12 Février 2019. , dans Les Livres, La Une Livres, Poésie

Alluvions, Editions Les Déjeuners sur l’herbe, mai 2018, Encres de Cécile Massart, 48 pages, 18 € . Ecrivain(s): Michel Wolff

 

Dans son prologue, l’auteur s’annonce « passager clandestin » de lui-même. C’est dans cette sorte d’acceptation involontaire de lui-même qu’écrit Michel Wolff.

Echappatoire, « le clou singulier » de la poésie aurait donc « la tête ailleurs ».

Avec des bribes de phrases, Michel Wolff ouvre ses mots dans un papier carré comme une annonce de message inconnu sur un écran blanc.

Le temps, ainsi, s’aquarellise dans les taches diffuses de la peintre Cécile Massart accompagnant, à la perfection, ce sang de l’extérieur venu sur la phrase comme une preuve, un indice que « l’autre », ce poète, existe vraiment.

Empreintes digitales entre le vide et le mot, les traces ont quelque chose de l’estran après la marée puisque, certes, « l’irréversible beauté du matin, à la détrempe, colore la renaissance du monde ».

Timika, Nicolas Rouillé (par Christelle d'Hérart-Brocard)

, le Lundi, 11 Février 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Timika, Editions Anacharsis, mars 2018, 492 pages, 22 € . Ecrivain(s): Nicolas Rouillé

 

 

Éminemment riche, Timika est un Western politique qui appelle toute la concentration du lecteur, ce sans quoi sa dimension ambitieuse, tant historique que sociologique, voire anthropologique, risque d’égarer le bouquineur désinvolte. D’une lecture exigeante donc, le roman de Nicolas Rouillé propose une description d’une incroyable précision des événements qui ont motivé, marqué et accompagné la colonisation indonésienne de la Papouasie occidentale : si Timika, cette ville minière cruellement convoitée pour son or, fait symboliquement figure de principale héroïne du roman, il est à noter qu’aucun des protagonistes ou victimes de cet impérialisme aux conséquences tragiques n’est écarté du récit, d’où un foisonnement de personnages dont l’importance singulière montre bien leur étroite intrication dans l’Histoire.

Une histoire populaire du football, Mickaël Correia (par Jean Durry)

Ecrit par Jean Durry , le Lundi, 11 Février 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Histoire, La Découverte

Une histoire populaire du football, mars 2018, 413 pages, 21 € . Ecrivain(s): Mickaël Correia Edition: La Découverte

 

Le Football est devenu l’archétype d’un « Sport-spectacle » avec toute son attractivité et tous ses excès : le poids écrasant de l’argent et de toutes les tentations qu’il engendre ; le déchaînement incontrôlé, sinon incontrôlable, des multitudes qu’il traîne et des soi-disant « supporters ».

De tout cela, Mickaël Correia prend volontairement le contre-pied : qu’il en soit remercié.

Dans son introduction, le principe est clairement énoncé : « A rebours des critiques radicales du sport qui décrivent sans nuance le football comme un nouvel “opium du peuple” et considèrent avec hauteur les millions de personnes qui se passionnent pour ce sport comme une masse indistincte d’aliénés, ce livre invite à découvrir ce qu’il y a de subversif dans le football et à s’intéresser à toutes celles et ceux qui en ont fait une arme d’émancipation. Au cours de l’histoire et aux quatre coins du monde, le football a été en effet le creuset de nombre de résistances à l’ordre établi […] Ce livre […] se penche aussi bien sur les footballeurs contestataires et en marge que sur le football institutionnel et professionnel […] L’ouvrage fait le pari que le football reste avant tout et malgré tout un formidable levier pour reprendre le pouvoir sur nos corps et nos vies ».

Ombre à n dimensions (Soixante-dix variations autour du Je) (par Claire-Neige Jaunet)

Ecrit par Claire-Neige Jaunet , le Lundi, 11 Février 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Editions Galilée

Ombre à n dimensions, Stéphane Sangral . Ecrivain(s): Stéphane Sangral Edition: Editions Galilée

 

« Je suis quoi ? ». Le recueil de Stéphane Sangral Ombre à n dimensions explore cette question, essentielle pour donner un sens à notre vie. Mais les réponses prolifèrent dans « Soixante-dix variations autour du Je ». Soixante-dix : un nombre symbolique, combinant le sept et le dix. Sept : modèle astronomique englobant le temps et l’espace, présent dans la Genèse et dans l’Apocalypse, et dans des cycles achevés mais renouvelables. Dix : le nombre qui exprime le multiple et la totalité parce qu’il marque le retour à l’unité à la fin d’un cycle lui aussi renouvelable et pouvant recommencer en englobant ce qui a précédé. Soixante-dix : n dimensions comprises dans le Je qui cherche à se reconnaître entre unité et multiplicité, singularité et universalité.

« Je suis… », se dit le poète, acte circulaire et gouffre, une chose, une interaction, un point, « une plaie d’où s’égoutte un semblant de vie à vivre », une matière qui « se renouvelle pour me constituer », un « brouillard poisseux », un cercle qui doit « croire en son centre », « l’attente d’unJe suis »…

L’escalier, Olga Votsi (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 11 Février 2019. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

L’escalier, Olga Votsi, éd. Le Taillis Pré, décembre 2018, trad. Bernard Grasset, 136 pages, 14 €

 

Fléchir le temps

Comment aborder cette traduction du grec moderne vers le français tout en réinventant un dialogue critique, entretenu par le traducteur Bernard Grasset, grâce à son choix de poèmes dont le sous-titre est Poèmes métaphysiques ? Autrement dit, comment parler de métaphysique ? Peut-être en regardant de près comment Olga Votsi aborde la question fondamentale et universelle du temps, de sa finalité, de son contenu, de sa force, de son déroulement, de son immortelle présence. Et que nous soyons conviés à parcourir des escaliers vers des contrées profondes, nous sommes toujours invités à connaître en quoi le « re-mourir » peut être une renaissance. Par exemple en rappelant le destin de Lazare dans les Écritures, ou celui de Jonas qui renaît en quelque sorte de la baleine allégorique.

Ainsi il faut examiner avec la poétesse, en quoi vivre le temps est une expérience, doit être moralement un examen, qui permet de connaître la vérité de la croissance, de la charité, de la fructification, et ainsi ne pas être le sujet symbolique d’un figuier qui ne donnerait pas de fruits, la renaissance au monde de la foi en quelque sorte, de l’ajout, du plus et du meilleur. Le temps n’a d’intérêt que par ce qu’il produit comme éléments moraux surnuméraires.