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Les Livres

La Folie Elisa, Gwenaëlle Aubry (par Mona)

Ecrit par Mona , le Jeudi, 21 Février 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Mercure de France

La Folie Elisa, août 2018, 141 pages, 15 € . Ecrivain(s): Gwenaëlle Aubry Edition: Mercure de France

 

La folie est au cœur du dernier roman de Gwenaëlle Aubry, comme son titre l’indique, La Folie Elisa, Elisa, anagramme d’asile. Le récit est construit sur la dialectique « dedans », titre des trois premières pages en ouverture et « dehors », titre des trois pages finales avec en exergue l’appel poétique de Rainer Maria Rilke à quitter la maison.

On entre dans la maison de L et dans son crâne comme dans un moulin, et quatre « runaway girls », « filles de la fuite et de la perte » y trouvent asile au double sens du terme : abri et maison de folles (« Mes petites folles, je vous héberge et vous protège »). Chacune porte en elle un naufrage personnel et cherche son salut : Emy, la chanteuse, devenue cinglée après le Bataclan ne peut plus remonter sur scène ; Sarah, la danseuse, victime d’une kamikaze palestinienne, échoue à se reconstruire à Berlin et chute à nouveau ; Ariane, la comédienne, ne peut plus jouer la comédie après le départ d’une gamine en Syrie ; et Irini, la sculptrice, porte en elle la folie de sa mère (prénommée paradoxalement Sophia, la sagesse). Elles larguent toutes les amarres à l’instar de la folie d’un monde qui court à sa perte comme le soulignent trois courts chapitres « camera obscura » insérés dans le récit et composés de gros titres et dépêches d’agences sur la crise des migrants ou la montée de l’extrême-droite en Europe.

Leadership & Coaching Global, Philippe Rosinski (par Marjorie Rafécas-Poeydomenge)

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Jeudi, 21 Février 2019. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Leadership & Coaching Global, Philippe Rosinski, Editions Valeurs d’avenir, mars 2018, trad. Jean Taillardat, 385 pages, 28 € . Ecrivain(s): Philippe Rosinski

 

 

Le coaching, notamment en entreprise, est souvent considéré comme légèrement suspect, dans la mesure où calquer un mode d’emploi sur tous les individus, sans les analyser en profondeur dans la durée, paraît superficiel. Le coaching global, contrairement au simple coaching, prend en compte l’ensemble de l’individu, de sa santé physique à sa spiritualité. Ce type du coaching est en phase avec la société d’aujourd’hui et son changement de paradigme. Le monde est assurément complexe, il n’est plus possible de se contenter du modèle cartésien. Le corps ne peut être séparé de l’esprit. Ce mode de coaching s’imprègne du modèle holographique. Tout est interconnecté, chaque partie fait partie d’un tout et inversement. Ce qui évoque instantanément la conception spinoziste du monde. D’ailleurs, Spinoza y est cité plusieurs fois.

La Vache d’entropie, Ivar Ch’Vavar (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Jeudi, 21 Février 2019. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

La Vache d’entropie, Ivar Ch’Vavar, éditions Lurlure, janvier 2019, 136 pages, 16 €

 

Nature et culture

Après le lot de vœux et d’espoir du début de l’année, je reviens sur ma dernière lecture, et je commence seulement aujourd’hui cette chronique qui aurait dû voir le jour il y a plus d’une semaine. Ce qui est profitable dans un sens car je ne garde de cette Vache d’entropie que l’essentiel, et je peux vaquer de cette manière plus librement dans mes notes, prises au fil de ma lecture. Elle n’est d’ailleurs pas si ancienne pour être considérée comme un souvenir, mais assez pour imposer une distance propre à permettre de saisir ce que j’ai le plus distingué. C’est aussi un avantage ici car cette poésie part en étoile, or j’ai eu l’intention de titrer cette chronique de l’épithète : varia. Oui, ces poèmes sont convexes, si je puis dire, et leur foyer est variable, presque profus. Cependant l’essentiel reste quand même le traitement poétique de la nature et de la mort (l’on peut prendre le titre du recueil comme reflétant cette question : vache=nature, entropie=mort, même si c’est en soi trop simple pour venir à bout de ce recueil curieux et varié).

Scène de la vie conjugale, Philippe Limon (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 20 Février 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Gallimard

Scène de la vie conjugale, janvier 2019, 15 € . Ecrivain(s): Philippe Limon Edition: Gallimard

 

« Je lui ai encore demandé depuis quand elle avait eu l’intention de coucher avec quelqu’un d’autre pendant mon absence, si c’était seulement depuis qu’elle avait revu son ancien partenaire sexuel occasionnel d’autrefois par hasard, un soir de printemps, si c’était depuis qu’elle avait regardé les photographies du temps jadis, ou si, avant ça, elle avait déjà tout simplement envisagé de coucher avec le premier venu ».

Scène de la vie conjugale est un premier roman, publié par L’Infini, la collection que dirige Philippe Sollers chez Gallimard. L’éditeur écrivain nous confiait qu’il n’avait pas grand mal à décider de la publication d’un roman : « Il y a une voix ou pas premièrement, deuxièmement, il y a une composition latente qui se reconnaît, ce n’est pas seulement de savoir si c’est bien écrit, c’est de savoir si c’est composé comme en musique ». Scène de la vie conjugale est un roman qui a de la voix et du style, avec ses variations et ses vibrations de colère. Une voix et une composition qui sautent aux yeux.

Celui qui dut courir après les mots, Gil Jouanard (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mercredi, 20 Février 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Biographie, Phébus

Celui qui dit courir après les mots, novembre 2018, 208 pages, 18 € . Ecrivain(s): Gil Jouanard Edition: Phébus

 

Signaler en épigraphe qu’on a aimé et qu’on aime, dans le désordre, Montaigne, Calet, Follain, Fargue et Supervielle, c’est enjoindre son lecteur à lire ce livre sous la bannière heureuse de ces dénicheurs d’enfance, si j’ose ainsi appeler ces poètes et prosateurs qui ont dû nourrir durablement notre Gil.

Bien sûr, passant du « il » au « je », sans en faire un jeu factice, Jouanard, avec ce long titre, tire de sa vie mission à comprendre, au-delà de ses propres signes, celle des autres, et loin, derrière, dans une volonté anthropologique de saisie des éléments (à l’aune de Bachelard), celle des ancêtres qui découvrirent pas à pas chasse, outils, langage, expression artistique.

De quoi une vie, pour celui qui la commente à l’âge respectable de plus de quatre-vingts printemps, est-elle tissée ? Du bois des ancêtres ? De cette insigne conquête des mots ? D’une timidité combattue à force de solitude et d’âpre lutte ? Ou encore de cette science personnelle qui pousse un être à se deviner très tôt, dans la forge des mots ?