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La Une CED

Une immense sensation de calme, Laurine Roux (par Carole Darricarrère)

Ecrit par Carole Darricarrère , le Vendredi, 14 Septembre 2018. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Une immense sensation de calme, Laurine Roux, Les éditions du Sonneur, mars 2018, 121 pages, 15€

 

ENCRE MIRACULEUSE, d’une sensation de calme, pour ainsi dire : atemporelle, comme il en existe, en émane, en surgit, autour des chats, à l’approche des cabanes, à la vue d’un livre (parfois), dans le halo cireux des cierges, à fleur un rai de pénombre, au pied des arbres fruitiers, aussi, dans le mûrissement amène d’une journée d’été, en lisière des forêts, le bruissement sismique d’une croissance ininterrompue ; sensation lacustre, que procure la lecture furtive, d’une traite, d’« Une sensation de calme » -, premier roman rédigé d’une plume frémissante, féminin palpable trempé de peauésie, qui jamais ne vacille, d’une seule flamme pourrait-on dire, pure et humble et scintillante et concrète depuis le cœur sans l’ombre d’une mièvrerie, « c’est ainsi » (dit-elle) « c’est bien », refrain ponctuant un livre de sagesse, livre de concorde de l’ivresse et du renoncement, de la vie et de la mort, perle brute essaimant ses sortilèges lents de rivière aux mains de Laurine Roux.

Socrate et Jésus. Passeurs d’universel, Anne Baudart, par Gilles Banderier

Ecrit par Gilles Banderier , le Jeudi, 13 Septembre 2018. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Socrate et Jésus. Passeurs d’universel, Anne Baudart, Le Pommier, février 2018, 364 pages, 10 €

 

Deux innocents condamnés à mort et exécutés. Quelle que soit la manière dont on scrute et retourne les textes qui nous sont parvenus, on ne peut résumer autrement la mort de Socrate et celle de Jésus. Des morts aux modalités différentes : Socrate absorbe dans sa cellule un poison insidieux, entouré de ses fidèles (l’absence de Platon, qui n’est pas sans évoquer les reniements de Pierre, est troublante) ; Jésus meurt seul, à la vue de tous mais abandonné de tous et dans des souffrances indicibles : la crucifixion, que les Allemands ont redécouverte dans les camps de la mort, avant que l’État islamique ne la pratique à son tour, est, avec le bûcher et la pal, un des plus monstrueux supplices inventés par l’être humain, dont l’imagination en ce domaine (comme en d’autres) est fertile. L’agonie sur la croix durait plusieurs heures, voire plusieurs jours, et si celle de Jésus fut relativement brève (quelques heures), ce fut parce qu’il avait été réduit à l’état de loque sanguinolente par les tortures qui avaient précédé la mise en croix. Deux morts dont l’ombre s’est étendue sur toute l’Histoire à venir. Des bibliothèques ont été remplies de commentaires sur les moindres faits et propos qui nous ont été rapportés, en particulier les derniers mots de Socrate et de Jésus.

Marches III, Bernard Fournier, par Murielle Compère-Demarcy

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 13 Septembre 2018. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Marches III, Bernard Fournier, éd. Aspect, 2017, 113 pages, 14 €

 

Après Marches en 2005 et Marches II en 2009, le poète Bernard Fournier signe ce troisième volet composé de IV parties dont les titres résonnent déjà comme peuvent résonner des marches entreprises au sein du monde naturel ou au cœur d’un univers à la fois étrange et familier, mi-onirique mi-fantastique, tel qu’on en trouve l’atmosphère dans la poésie de Jean Joubert, ou Michel Cosem (pour ne citer qu’eux).

La première partie semble, ainsi que l’annonce son titre, attester d’une quête de « Réponses » correspondant à une écoute de la part du poète. Écoute du monde naturel qui l’environne, dépositaire de voix enfouies auxquelles l’on ne prête pas toujours attention et que l’on évoque parfois sans les connaître, dans notre « monde interprété » pour reprendre l’expression de Rilke dans les Élégies deDuino. Ces Réponsesse lèvent à l’unisson des voix de l’aube, que le regard et le langage cherchent, depuis les premières lignes des aurores, dans la brume et les « brouillards (préalables) de mai ».Et ce rendez-vous, poétique en ses postes d’affût, constitue une « entreprise » (« La premièreentreprise fut, dans le sentier déjà empli de frais et blêmes éclats, une fleur qui me dit son nom »), à l’instar de celle du poète Rimbaud dans ses Illuminations, dévoué à la rencontre de l’Aube. Le poète Bernard Fournier écrit ainsi :

Prix de la Vocation 2018, les livres en lice (1) : Nage libre, Boris Bergmann et Les Nougats, Paul Béhergé, par Sylvie Ferrando

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Mercredi, 12 Septembre 2018. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

 

Nage libre, Boris Bergmann, Calmann-Lévy, janvier 2018, 308 pages, 18,90 €

 

Il était une fois Issa, jeune Français malien d’origine, qui habitait la Zone et qui venait de rater son bac. Issa se sent illégitime, ne pas appartenir au groupe, quel qu’il soit. Issa veut sortir du syndrome de l’échec des « fils de Zone » mais n’y parvient pas. Issa est arrivé en France à l’âge de 7 ans, à la « Cité du Parc », au « Bâtiment B, escalier 2, 3eétage, apt 24C. Son équation sans inconnue ».

Il était une fois Elie, le seul et meilleur ami d’Issa, un jeune juif dont la mère était battue par un beau-père cruel, et qui lui aussi venait d’échouer au baccalauréat. Une histoire sombre de banlieue, de losers, de violence et de maltraitance.

Trois poèmes d’Encres de songerie*, par Clément G. Second

Ecrit par Clément G. Second , le Mercredi, 12 Septembre 2018. , dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

 

Promenade d’un jour, pensée-regard en va-et-vient

en compagnie de pans et morceaux du réel

 

Déplacer la pause,

glisser le mouvement,

confirmer le vagabondage,

 

des murs maillés de lierre

aux rues arborescentes,

champs vagues aux sentes brouillées

et ce qui en reste sous les semelles