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Les Chroniques

Fragments du désert, Jean Marc Fournier (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 03 Octobre 2022. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Poésie

Fragments du désert, Jean Marc Fournier, éditions Ars Poetica, juin 2022, 77 pages, 18 €

 

Dieu

Oscillant entre Claudel et Eckart, ce livre, dont l’accès est exigeant, relate le lien de Jean Marc Fournier au monde spirituel, à la fois comme le contemporain de son siècle et dans la vision plus large de l’affirmation de sa croyance en Dieu. Cette lecture absorbante, qui engage le lecteur, nous conduit à réfléchir, donne matière à réfléchir, c’est-à-dire à penser et à miroiter dans le langage, ce dernier étant la ressource la meilleure pour se prendre dans les arcs lumineux de l’Évangile, ou au moins ce qu’est le Verbe pour le poète ici. C’est une aventure d’abord métaphysique.

Cette ambiance porte ce monologue, ce soliloque, sur les rangs du silence, de la solitude de l’être, loin des bruits du monde pourrait-on dire, dans un chemin de lisière, et hors de portée du matérialisme de notre époque, cheminement au-dedans de la personne, de la créature, pour refléter l’esprit du Verbe.

Deux recueils poétiques (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 30 Septembre 2022. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Poésie

 

Si la poésie doit tout dire…, Pascal Boulanger, Les Editions du Cygne, août 2022, 50 pages, 10 €

 

« Des vagues qui haussent le col dressent la tête

Des vagues qui montent & tombent montent & tombent

Des vagues qui s’étirent en aveugle jusqu’à l’approche des côtes

Des vagues qui s’effondrent »

 

« Des mélancolies des jubilations

Des baisers qui exigent au plus intime

Des baisers à la vibration silencieuse

Des baisers au baptême des yeux »

Ma vie de cafard (My Life as a Rat), Joyce Carol Oates (par Martine L. Petauton)

Ecrit par Martine L. Petauton , le Jeudi, 29 Septembre 2022. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, USA, Roman

Ma vie de cafard (My Life as a Rat), Joyce Carol Oates, éd. Points, octobre 2021, trad. anglais USA, Claude Seban, 456 pages, 8,30 €


« Une famille ressemble à un arbre géant. Il peut être gravement atteint, en train de mourir ou de pourrir, ses racines restent inextricablement enchevêtrées ».

Des coins un peu perdus, là-haut, au nord de l’état de New York, pas loin de Buffalo, au bord des Chutes dont le bruit roulant – et la brume constante – émaillent tout le livre. Des coins « province » avec leur way of life particulière, une société coupée entre petits blancs propres sur eux et noirs vite assimilés à la racaille. Années 70/80, pas encore la grande désindustrialisation du nord, mais déjà, une société qui se sent basculer vers du moins bien.

La Puissance des ombres, Sylvie Germain (par Mona)

Ecrit par Mona , le Mercredi, 28 Septembre 2022. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Albin Michel

La Puissance des ombres, Sylvie Germain, Albin Michel, mai 2022, 214 pages, 19,90 €


Sylvie Germain, romancière de l’intime, irrésignée à la souffrance du monde, poursuit une œuvre singulière toute en finesse, aux récits d’une étrangeté poétique avec des personnages déjantés. La Puissance des ombres, son dernier livre, pourrait servir de titre à un roman fantasy voire à un jeu vidéo, mais l’imaginaire foisonnant de l’auteure, nourrie de mythes et de fables, est d’une autre épaisseur. La belle photo de couverture témoigne de son esthétique du clair-obscur. Va-t-on lire un polar ? La quatrième de couverture qui le suggère : « L’un des invités tombe du balcon et se tue. Qui sera le suivant ? » met le lecteur sur une fausse piste. L’énigme policière du premier chapitre (« S’agit-il d’un accident, d’un suicide, d’une attaque déguisée, d’un règlement de compte ? Mystère ») se clôt très vite. L’enjeu de ce roman noir se trouve ailleurs : en exergue, les deux penseurs chrétiens, Pascal et Bernanos, laissent pressentir sa teneur métaphysique.

Le Château qui flottait, Laurent Albarracin (Poème héroï-comique) (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mardi, 27 Septembre 2022. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Poésie

Le Château qui flottait, Laurent Albarracin (Poème héroï-comique), éditions Lurlure, septembre 2022, 72 pages, 10 €

 

Mille quatre cents alexandrins exactement forment ce nouveau livre de l’auteur (paru en feuilleton dans Catastrophes de 2017 à 2019), burlesque épopée collective très bien caractérisée (« à la fois une prouesse et une énigme, un tour de force et une savonnette, une curiosité littéraire décalée – voire anachronique – et une intervention déconcertante dans le champ de la poésie contemporaine ») par son préfacier, mettant en scène (nommément) une bonne vingtaine d’ami(e)s poètes lancés à l’assaut d’un redoutable et irrésistible château de papier. On ne veut ici qu’ordonner la lecture de quelques passages de cet étonnant chef-d’œuvre, et laisser méditer ceux qui voudront bien.

D’abord, une très finaude forteresse, sachant comme se dérober à ses assaillants mêmes (p.52), ou transformant en grands enfants paumés la team d’abord plutôt nietzschéenne qui s’avance vers elle :