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Les Chroniques

La mère Michel a lu (13) - Rire et colère d'un incroyant

Ecrit par Michel Host , le Mercredi, 21 Novembre 2012. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

« La Mère Michel n’a jamais perdu son chat. Elle le tient attaché, ne le lâche pas de l’œil. Le félin est un livre, il n’a pas d’âge. D’hier, d’aujourd’hui, de toujours, il miaule derrière la porte ».

 

RIRE ET COLÈRE D’UN INCROYANT

De René POMMIER

Essai, 96 pp., 13 €, Éditions KIMÉ, 2012

 

Des fabuleux monothéismes en usage

La théologie : « Comme on sait, elle traite avec une minutieuse exactitude de l’inconnaissable ».

Anatole France

Le roman battra-t-il le livre religieux ?

Ecrit par Amin Zaoui , le Mercredi, 24 Octobre 2012. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

Souffles... (In "Liberté")

 

Pourquoi est-ce que le lecteur algérien se réconcilie, de plus en plus, avec le roman ? Un nouveau vent souffle dans le ciel des amies et des amis des lettres.

Appuyé sur les restes de quelques traditions de la classe moyenne, le roman algérien en langue française a un certain lectorat. Ainsi, dans le milieu de ce groupe socioculturel, même modeste, le roman constitue une sorte d’attente littéraire, une curiosité intellectuelle. Mais ce qui est nouveau et remarquable, ces derniers temps, c’est ce bon accueil réservé au roman algérien de langue arabe. Cette lecture arabophone montante d’un côté, s’est vue suivie d’une chute de la lecture du livre religieux propagandiste de l’autre côté. Sociologiquement parlant ce comportement livresque est un phénomène historique. La vérité est dans le roman. La vérité littéraire est philosophique, si vérité y existe. Si la vérité mensongère du roman est libératrice pour l’imaginaire, la vérité historique est proportionnelle et moralisante. Parce que le livre historique proposé à nos lecteurs, dans nos écoles et dans nos universités, n’est que le miroir renvoyant l’image de l’idéologie dominante du système depuis cinquante ans, les Algériens se libèrent dans le roman. Se réfugient, de plus en plus, dans le bon roman.

La Mère Michel a lu (12) - L'an dernier à Jérusalem de Myriam Sâr

Ecrit par Michel Host , le Jeudi, 11 Octobre 2012. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

 

« La Mère Michel n’a jamais perdu son chat. Elle le tient attaché, ne le lâche pas de l’œil. Le félin est un livre, il n’a pas d’âge. D’hier, d’aujourd’hui, de toujours, il miaule derrière la porte ».

 

L’An dernier à Jérusalem

par Myriam Sâr / Sarah Vajda

160 pages

Prix : 16 €

Le Nobel et le scribouillard

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 04 Octobre 2012. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

Il arrive que l’Académie suédoise ait de très belles idées. Il y a quelques années elle nobélisa Mario Vargas-Llosa.

Jamais aucun prix littéraire ne m’aura fait bondir de joie comme celui attribué à Mario Vargas-Llosa. A la fois parce qu’il est dans le cercle très fermé de mes écrivains préférés depuis une quarantaine d’années et que je considère « Tante Julia et le scribouillard » comme un des plus grands livres jamais écrits dans l’histoire de la littérature. Et je ne suis pas loin d’en penser autant de « La ville et les chiens », de « la Guerre de la fin du monde » et de « Qui a tué Palomino Molero ? ».

Ma première rencontre avec Le grand Vargas-Llosa est attachée à jamais à un souvenir personnel profond : un ami, professeur d’espagnol dans le même lycée que moi du temps qui me semble déjà lointain où j’enseignais les Lettres, un grand oiseau au grand cœur qui s’appelait Francis (adiós Francis, descansa en el cielo) et qui dévorait la littérature hispanique m’a dit un jour : « Comment peux-tu porter aux nues le « Cent ans de solitude » de Gabriel Garcia Marquez (qui était alors LE livre !) alors que je parie que tu n’as même pas encore lu un Vargas-Llosa ? » Et c’était vrai, je n’avais jamais entendu même ce nom. Alors Francis m’a passé « La Ville et les chiens » et le virus s’est installé en moi, pour toujours.

Le contre-Meursault ou l'Arabe tué deux fois

Ecrit par Kamel Daoud , le Mercredi, 19 Septembre 2012. , dans Les Chroniques, La Une CED

 

« Bon Dieu comment peut-on tuer quelqu’un et lui ravir même sa mort ? C’est mon frère qui a reçu la balle pas lui ! C’est Moussa, pas Meursault non ? Il y a quelque chose qui me tue dans ce qui a tué mon frère. Personne, même après l’Indépendance, n’en a cherché le nom, le lieu, la famille restante, les enfants possibles. Personne. Tous sont restés la bouche ouverte sur cette langue parfaite et tous ont presque déclaré leur fraternité avec la solitude du meurtrier. Qui peut aujourd’hui me donner le vrai nom de Moussa ? Qui sait quel fleuve l’a porté jusqu’à la mer qu’il devait traverser à pied jusqu’au jugement dernier de sa propre religion ? Qui sait si Moussa avait un revolver, une philosophie, une tuberculose, des idées ou une mère et une justice ? Qui est Moussa ? C’est mon frère. C’est là où je voulais en venir. Te raconter ce que Moussa n’a jamais pu raconter, vivant ou tué. Mort ou coincé entre la mort et les livres. Est-ce que tu as le livre sur toi ? D’accord, fais le disciple et lis-moi les premiers passages. C’est pour toi que je te demande ça. Moi je la connais par cœur, je peux te la réciter mieux que Moussa si Dieu nous le renvoie pour trois jours. C’est un cadavre qui a écrit : on le sait à sa façon de souffrir du soleil ou de ne pas surmonter l’éblouissement des couleurs et les angles durs de la lumière. Dès le début, on sent ce salopard de Meursault à la recherche de mon frère. Pas pour le rencontrer mais pour ne jamais le faire. Tout le monde s’y est mis par la suite et depuis cinquante-six ans.