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Roman

Fin de ronde, Stephen King

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Vendredi, 28 Avril 2017. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Albin Michel

Fin de ronde, février 2017, trad. anglais (USA) Océane Bies, Nadine Gassie, 430 pages, 22,50 € . Ecrivain(s): Stephen King Edition: Albin Michel

 

Ce dernier volet de la trilogie de King (après Mr Mercedes et Carnets noirs), qui inocule la tension au goutte à goutte dans les veines du lecteur, est comme un hommage au roman noir américain et à James Cain.

L’intrigue démarre lentement, avec – de façon un peu étonnante – de nombreuses références en notes de bas de page : le nom d’émissions radiophoniques ou télévisuelles, des titres d’ouvrages ou de revues bien connus aux Etats-Unis, des extraits de textes, des paroles de chansons. Ces notes de bas de page apportent un « effet de réel », un ancrage dans l’Amérique de la classe moyenne urbaine, une Amérique qui apprécie une certaine sorte de biens culturels. Ainsi, on se souvient ou on apprend que Mildred Ratched est l’autoritaire infirmière-chef de Vol au-dessus d’un nid de coucou, roman de Ken Kesey paru en 1962 et adapté du cinéma par Milos Forman en 1975, qu’un des romans de science-fiction de Robert A. Heinlein s’intitule en anglais La Lune est une maîtresse sans pitié, que l’Esprit des Noëls à Venir avait dit ses quatre vérités à Ebenezer Scrooge dans Christmas Carols de Charles Dickens, que Bob Dylan chante une chanson à propos du vent et que Snidely Whiplash est le personnage du méchant dans le dessin animé Dudley Do-Right of the Mounties.

Maison des autres, Silvio D’Arzo (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 27 Avril 2017. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Italie, Verdier

Maison des autres (Casa d’altri), trad. italien Bernard Simeone, 80 p. 6,20 € . Ecrivain(s): Silvio d'Arzo Edition: Verdier

 

Peu de gens ont entendu parler de Silvio D’Arzo et de ce livre minuscule – tout juste une longue nouvelle – qui constitue pratiquement son œuvre. C’est un secret bien entretenu par quelques lettrés italiens et européens et cette nouvelle édition en langue française, par l’excellente maison Verdier, constitue un événement dont il faut que la France littéraire se saisisse !

C’est un texte prodigieux que nous avons sous les yeux. Certes traduit de l’italien, mais visiblement de manière tellement talentueuse que le choc littéraire ne souffre pas de la version française. Comment un talent pareil a-t-il pu être – et il l’est encore – ignoré ? Silvio d’Arzo est mort à 32 ans, laissant une œuvre réduite à de courts récits, des nouvelles, quelques études. Et, comme un diamant brut, « Casa d’altri », Maison des Autres, qui nous intéresse ici.

Un village, un hameau, des Apennins. Rude, comme ses habitants. Pauvre, comme ses habitants. Sombre, comme ses habitants. Le narrateur est le curé du village qui veille, comme il peut, sur les misérables âmes qui lui ont été confiées. Dans ce bout du monde, nul ne vient par hasard. Ce n’est pas un lieu, c’est un destin.

Ça va aller, tu vas voir, Chrìstos Ikonòmou

Ecrit par Marc Ossorguine , le Jeudi, 27 Avril 2017. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Bassin méditerranéen, Quidam Editeur

Ça va aller, tu vas voir, trad. grec Michel Volkovitch (Κάτι θα γίει, θα δεις, 2010), 228 pages, 20 € . Ecrivain(s): Christos Ikonòmou Edition: Quidam Editeur

 

Un titre en forme d’espoir quand tout va mal, quand tout va de travers, quand on a peine à seulement y croire, qu’un jour cela pourrait aller mieux. Mieux ou simplement moins mal. « Ça va aller, tu vas voir… », c’est aussi ce que disent implicitement tous les partisans des solutions qui ne font qu’empirer les choses, que rendre la vie plus difficile, plus impossible.

Je ne sais pas. Ce que je lis ne colle pas avec ce que je vois. Ce que je pense non plus. Rien, ne colle.

Dans ce monde où rien ne va plus, la file d’attente devant la sécu est longue, très longue. Si longue qu’elle commence au milieu de la nuit, malgré le froid. Autour d’un bidon dans lequel brûle un misérable feu autour duquel la misère n’a plus d’âge. Où elle n’a plus l’âge d’avoir un âge.

Tu sais quoi grand-père ? Ce n’est pas la chute qui nous tue, c’est de s’arrêter brusquement. Tu comprends ? C’est s’arrêter brusquement qui nous tue.

Station terminale, Roland Jaccard

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 26 Avril 2017. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Serge Safran éditeur

Station terminale, mars 2017, 160 pages, 15,90 € . Ecrivain(s): Roland Jaccard Edition: Serge Safran éditeur

 

« Fieffé égoïste, je me soucie peu des autres, surtout quand je ressens de leur part une sollicitude excessive. Je revendique ma solitude avec obstination. C’est d’ailleurs la seule rébellion qui vaille ».

« La morgue avec laquelle mon frère revendique son indépendance et justifie sa muflerie m’a toujours laissé pantois. Il se réclamait de Stirner, de Nietzsche et de Cioran. Poussé dans ses derniers retranchements, il s’en tirait avec une pirouette, quand il ne vous jetait pas au visage un aphorisme d’un nihiliste viennois ».

Station terminale est le dernier voyage romanesque, du plus amusant des nihilistes suisses. Roland Jaccard qui a longtemps et avec talent dirigé la collection Perspectives Critiques du PUF, édité Georges Sanders (1) et Rüdiger Safranski (2), fréquenté Emil Cioran, lu Schopenhauer, publié des chroniques dans un quotidien du soir, écrit quelques livres – Les chemins de la désillusion, La tentation nihiliste, Une fille pour l’été – où il dévoile ses passions amoureuses, philosophiques, littéraires et cinématographiques.

La guerre invisible, Drew Chapman

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mardi, 25 Avril 2017. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Albin Michel

La guerre invisible, février 2017, trad. Frédéric Grellier, 510 pages, 23,90 € . Ecrivain(s): Drew Chapman Edition: Albin Michel

 

Écrire un roman policier peut s’apparenter à la technique du tressage ou du tissage. Comme on noue ou l’on entrecroise des fils ou des cordelettes pour réaliser un motif, on se sert des différents éléments d’une affaire ou des personnages comme des brins de matière que l’on attache ou que l’on entrelace. Au fur et à mesure de ces opérations, apparaissent, comme un canevas, les différents tableaux de l’histoire. Dans La guerre invisible chaque brin, chaque évènement constitue un chapitre. Ces derniers sont plutôt courts ; ainsi l’ensemble est bâti de telle sorte que, malgré sa complexité, l’histoire se lit bien et vous tient en haleine.

Le héros de Chapman, Garett Reilly, est un trader de vingt-six ans très brillant analyste, mais amoral et antimilitariste, travaillant sur le marché obligataire, chez Jenkins & Altshuler à New-York, sous le regard indulgent et protecteur de son boss Avery Bernstein.