Identification

Recensions

Solitude des seuils, Angèle Paoli

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Jeudi, 04 Avril 2013. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Poésie

Solitude des seuils, liminaire de Jean-Louis Giovannoni, Colonna Edition, collection Poésie, 2012, 69 pages, 9 € . Ecrivain(s): Angèle Paoli

Lisant Solitude des seuils, l’on est tout de suite happé par une poésie d’une grand beauté.

Écoutons :

 

« Bleu violine la mer

miroir de lumière

ou peut-être de pluie

 

mirage des mots nus

 

– mousses odorantes

émaillées de douceur –

Lila, Goethe

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 03 Avril 2013. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Langue allemande, Théâtre

Lila, La Cause des Livres (2013), Edition bilingue (allemand/français), trad. de l’allemand Annemarie Neffgen, préface Maud Duval, postface Pierre Bourdariat, 123 p. 16 € . Ecrivain(s): Goethe

 

Lila apprend par une lettre anonyme la mort de son mari le baron Sternthal. Elle tombe sans connaissance pour se réveiller folle, état qui empire lorsqu’on lui annonce que la nouvelle était dénuée de vérité et qu’elle voit réapparaître le baron. Elle le prend pour un spectre, assimile tous les membres de sa famille à des fantômes, et fuit dans les bois où elle erre en peine et en rond, épouvantée par toute tentative d’approche de la part de sa parentèle, plongée dans les ténèbres de nulle part (en donnant à son personnage le nom de Lila, Goethe savait probablement que ce mot, en arabe, désigne la nuit).

Pendant dix semaines se succèdent au château des charlatans qui lui appliquent sans succès les traitements courants à la fin du 18ème siècle (saignées, lavements, et autres thérapies bien plus douloureuses).

« Je frémis quand je pense aux cures que l’on a essayées sur elle, et je tremble à la pensée des autres cruautés qu’on voulait lui infliger avec mon accord », se lamente le baron, alors qu’on vient lui présenter un nouveau guérisseur, le médecin Verazio.

La rive sombre de l'Ebre, Serge Legrand-Vall

Ecrit par Stéphane Bret , le Lundi, 01 Avril 2013. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Roman

La rive sombre de l’Ebre, Editions Elytis, (Bordeaux, France), janvier 2013, 176 pages, 18,00 € . Ecrivain(s): Serge Legrand-Vall

 

Peut-on lutter contre l’oubli en allant à la recherche de son père, et plus exactement du passé de celui-ci ? Il semble bien que cela soit le cas à la lecture du roman de Serge Legrand-Vall, La rive sombre de l’Èbre. Nous sommes en 1964. Antoine est journaliste à Bordeaux, il aime Marie, sa compagne. Il est fils adoptif d’Emile qui l’a élevé durant son enfance en France. Antoine est fils de réfugiés espagnols, Inès et Antonio Romero. Ce dernier est mort durant la bataille de l’Ebre en 1938, tandis que son épouse Inès a pu mettre au monde son enfant Antoine dans la neige d’un col pyrénéen durant la Retirada, terme désignant la retraite des troupes républicaines espagnoles face à l’offensive des troupes franquistes conduite cette même année.

Antoine apprend le décès de sa mère Inès, disparition due à une crise cardiaque. A l’occasion des obsèques, on lui remet des lettres de ce père, au passé insuffisamment éclairci pour Antoine. Pour en avoir le cœur net, il décide de se rendre en Espagne qui est à cette époque toujours sous le joug de la dictature de Franco.

Peste soit de l'horoscope et autres poèmes, Samuel Beckett

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Samedi, 30 Mars 2013. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Iles britanniques, Poésie, Les éditions de Minuit

Peste soit de l’horoscope et autres poèmes, traduit de l’anglais et présenté par Édith Fournier, novembre 2012, 44 p. 7,50 € . Ecrivain(s): Samuel Beckett Edition: Les éditions de Minuit

 

 

Cette mince plaquette donne à lire des poèmes de Beckett écrits entre 1930 et 1976 et restés inédits en français.

L’intérêt de cet ensemble, outre le caractère inédit des textes, tient à l’aperçu (saisissant) qu’il donne de l’évolution stylistique considérable qu’a suivie (ou subie) Beckett entre ces deux pôles temporels.

En effet, le Beckett des années trente s’illustre dans un style baroque, quelque peu excentrique, qui donne à voir et à penser une culture protéiforme dont le sérieux est constamment contrebalancé par un sentiment d’exubérance vrillé au corps du poète. Il n’est pas avéré que le baroque de cette écriture soit la résultante de la fréquentation que fait Beckett, à cette époque, des dadaïstes et des surréalistes.

L'espoir, cette tragédie, Shalom Auslander

Ecrit par Anne Morin , le Vendredi, 29 Mars 2013. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, USA, Roman, Belfond

L’espoir, cette tragédie, traduit (USA) Bernard Cohen, janvier 2013, 327 pages, 20 € . Ecrivain(s): Shalom Auslander Edition: Belfond

De l’imagination, ne dit-on pas qu’elle est « la folle du logis » ? Alors, quand il s’agit d’Anne Frank en personne, vieille à n’en plus finir, rescapée des camps de la mort, qui se traîne dans le grenier-cerveau de Solomon Kugel…

L’humour corrosif et salutaire de Shalom Auslander agit à la fois comme un révélateur, et comme un décapant. Juif américain de la classe moyenne supérieure, bien entendu en analyse avec un psy, le Professeur Jovia, dont la théorie se résume à : l’espoir fait mourir, Solomon emménage avec femme, fils et une mère sénile à ses heures, à la campagne.

Elevé en l’absence du père, par sa mère entièrement accaparée par l’Holocauste qu’elle n’a connu ni de près, ni de loin mais dont elle se sent « porteuse saine » : « Certains soirs, elle venait s’asseoir au bord de son lit et lui racontait des histoires effrayantes d’émeutes, de tortures et de pogroms » (p.77), Solomon Kugel va, tout jeune, endosser ce fardeau avec, entretenue par cette mère schizophrène, la peur d’un « retour des choses ». Kugel est obsédé par la mort, et surtout le fin mot, le mot de la fin : « Anhédonie : l’incapacité à éprouver du plaisir, avait diagnostiqué un psychiatre qu’il avait consulté. Ce à quoi Kugel avait rétorqué que non, ce n’était pas une incapacité, c’était la conscience que le plaisir n’est qu’un prélude à la souffrance, à quoi le psychiatre avait répondu : Exactement » (p.151-152).