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Recensions

Tous les hommes de ce village sont des menteurs, Megan K. Stack

Ecrit par Cathy Garcia , le Samedi, 06 Avril 2013. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, USA, Récits

Tous les hommes de ce village sont des menteurs, traduit Martial Lavacourt, Éd. rue Fromentin, janvier 2013, 412 p. 20 € . Ecrivain(s): Megan K. Stack

 

Ce livre dont le titre évocateur fait référence à une parabole, « S’il dit la vérité, alors il ment. S’il ment, alors il dit la vérité », est un livre dont il est difficile de parler tellement il remue en nous nombre de questionnements et d’émotions. On s’y enfonce, au fur et à mesure de la lecture, avec une sensation de poids grandissante, sans doute de la même façon que l’auteur a vécu toutes ces expériences, ces rencontres, en tant que reporter de guerre, comme on dit.

Et il s’agit bien de ça, effectivement, mais comment rapporter ainsi des évènements aussi brutaux sans s’y retrouver totalement impliqué, chamboulé, transformé pour toujours ? C’est impossible, et pourtant il y a une nécessité de rapporter l’irracontable, de raconter pour celles et ceux qui n’ont pas ou plus de voix, voire de vie.

De l'utilité du genre, Joan W. Scott

Ecrit par Arnaud Genon , le Vendredi, 05 Avril 2013. , dans Recensions, Les Livres, Essais, La Une Livres, Fayard

De l’utilité du genre, trad. de l’anglais (USA) par Claude Servan-Schreiber, 2012, 224 p. 18,50 € . Ecrivain(s): Joan W. Scott Edition: Fayard

 

 

A la lueur du genre


Avec Judith Buttler, Joan W. Scott est une des plus grandes théoriciennes du « genre ». Ce champ d’étude, appelé « gender studies » outre-Atlantique, se développe en France seulement depuis une quinzaine d’années alors qu’il a été initié par les féministes anglo-américaines au milieu des années 1970.

Ces pionnières de la notion mettaient déjà en avant « la dimension fondamentalement sociale des distinctions basées sur le sexe. Le mot dénotait un rejet du déterminisme biologique implicite dans l’emploi de termes tels que “sexe” ou “différence sexuelle” ».

Ils vivent la nuit, Dennis Lehane

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 04 Avril 2013. , dans Recensions, Les Livres, Polars, La Une Livres, USA, Roman, Rivages/Thriller

Rivages Ils vivent la nuit (Live by night) Trad (USA) Isabelle Maillet mars 2013. 525 p. 23,50 € . Ecrivain(s): Dennis Lehane Edition: Rivages/Thriller

 

Le dernier Dennis Lehane est une sombre et âpre traversée de la nuit urbaine. L’auteur a choisi avec intelligence de situer son histoire bostonienne – on ne quitte jamais vraiment Boston et la Mystic River avec Lehane – en 1926, au temps de la Prohibition, c’est-à-dire de la naissance du gangstérisme « moderne », fait de réseaux, de bandes et de guerres de territoires. En plaçant son roman dans cette époque, Dennis Lehane délivre un message à l’attention des amateurs de polars : je me place là à l’éclosion même de ce qui va être la littérature américaine la plus créatrice des temps modernes, le roman noir.

Cette position réflexive est la marque récurrente de ce livre énorme et stupéfiant. Lehane ne se contente pas d’écrire un immense livre noir, il se regarde écrivant un immense livre noir. Il pense son écriture comme écho de tout ce qui s’est écrit dans le genre. On est presque en permanence dans l’exercice de style : vous en voulez du violent, du sombre, du désespéré, de la solitude urbaine, de la trahison, de la haine ? Eh bien vous allez en avoir ! Et avec le talent époustouflant qu’il met ici en œuvre, avec une maîtrise rarement atteinte, il nous déploie un tableau urbain qui vire à l’épopée noire, nous emportant dans une lecture tendue et passionnante.

Solitude des seuils, Angèle Paoli

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Jeudi, 04 Avril 2013. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Poésie

Solitude des seuils, liminaire de Jean-Louis Giovannoni, Colonna Edition, collection Poésie, 2012, 69 pages, 9 € . Ecrivain(s): Angèle Paoli

Lisant Solitude des seuils, l’on est tout de suite happé par une poésie d’une grand beauté.

Écoutons :

 

« Bleu violine la mer

miroir de lumière

ou peut-être de pluie

 

mirage des mots nus

 

– mousses odorantes

émaillées de douceur –

Lila, Goethe

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 03 Avril 2013. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Langue allemande, Théâtre

Lila, La Cause des Livres (2013), Edition bilingue (allemand/français), trad. de l’allemand Annemarie Neffgen, préface Maud Duval, postface Pierre Bourdariat, 123 p. 16 € . Ecrivain(s): Goethe

 

Lila apprend par une lettre anonyme la mort de son mari le baron Sternthal. Elle tombe sans connaissance pour se réveiller folle, état qui empire lorsqu’on lui annonce que la nouvelle était dénuée de vérité et qu’elle voit réapparaître le baron. Elle le prend pour un spectre, assimile tous les membres de sa famille à des fantômes, et fuit dans les bois où elle erre en peine et en rond, épouvantée par toute tentative d’approche de la part de sa parentèle, plongée dans les ténèbres de nulle part (en donnant à son personnage le nom de Lila, Goethe savait probablement que ce mot, en arabe, désigne la nuit).

Pendant dix semaines se succèdent au château des charlatans qui lui appliquent sans succès les traitements courants à la fin du 18ème siècle (saignées, lavements, et autres thérapies bien plus douloureuses).

« Je frémis quand je pense aux cures que l’on a essayées sur elle, et je tremble à la pensée des autres cruautés qu’on voulait lui infliger avec mon accord », se lamente le baron, alors qu’on vient lui présenter un nouveau guérisseur, le médecin Verazio.