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Les Livres

Le ruisseau de cristal, Dermot Bolger

Ecrit par Patryck Froissart , le Samedi, 17 Janvier 2015. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, Joelle Losfeld

Le ruisseau de cristal (The Woman’s Daughter), septembre 2014, traduction de l’anglais (irlandais) par Marie-Hélène Dumas, 262 pages, 21 € . Ecrivain(s): Dermot Bolger Edition: Joelle Losfeld

 

Le moins qu’on puisse dire de ce ruisseau de cristal, c’est qu’il charrie des eaux turbides.

Quatre histoires s’entremêlent, de manière transchronique, quatre histoires de couples, troubles, dont certains éléments sont à la limite du sordide, mais dont le courant laisse apparaître ici et là, comme il advient d’en trouver dans le limon de toute rivière, à la périphérie ou au plein centre des remous nauséabonds, des pépites d’or d’amour et de noblesse.

D’abord il y a Sandra et Johnny, le frère et la sœur, et leurs jeux interdits, de ceux, fraternels et innocents, de l’enfance, à ceux, ardents et passionnés, de plus en plus accomplis, attisés par le sentiment religieux du péché et par la connaissance de la transgression du tabou culturel, de l’adolescence, dont les conséquences peuvent devenir dramatiques dans une société victorienne qui ne peut les tolérer.

Mais après je restais allongée éveillée, sachant que ce que je faisais était mal, terrifiée à l’idée que quelque chose révélerait peut-être mon péché…

Le complexe d’Eden Bellwether, Benjamin Wood (2ème article)

Ecrit par Marc Ossorguine , le Samedi, 17 Janvier 2015. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, Zulma

Le complexe d’Eden Bellwether (The Bellwether Revivals, 2012), septembre 2014 traduit de l’anglais par Renaud Morin, 512 pages, 23,50 € . Ecrivain(s): Benjamin Wood Edition: Zulma

 

Music in Cambridge…

Premier roman de Benjamin Wood, The Bellwether Revivals/Le Complexe d’Eden Bellwether nous arrive en France grâce aux éditions Zulma qui nous offrent cette belle découverte. L’auteur, né en 1981 en Angleterre, a mené des études littéraires au Canada où il a aussi été éditeur. Aujourd’hui, enseignant à l’Université de Londres, c’est en 2012 qu’il publie ce premier roman qui nous emmène dans l’univers assez fermé des collèges de Cambridge, un univers élitiste, ou plutôt un univers où les enfants de l’élite sociale sont aussi convaincus qu’ils constituent une élite culturelle et intellectuelle qui vit en marge, et plutôt au-dessus, du monde ordinaire.

Oscar, lui, vient de ce monde ordinaire. Un monde où les ambitions peuvent, ou savent, être modestes. Pour Oscar, se faire sa place dans le monde ne passe pas par des études brillantes au sein des prestigieuses institutions d’Oxbridge (Oxford+Cambridge) mais par le travail et l’autonomie qu’il peut procurer, aussi modeste soit-elle.

Chéri-Chéri, Philippe Djian

Ecrit par Martine L. Petauton , le Samedi, 17 Janvier 2015. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Gallimard

Chéri-Chéri, septembre 2014, 194 pages, 18,50 € . Ecrivain(s): Philippe Djian Edition: Gallimard

 

Comme souvent avec Djian ; un livre, non, des livres, et, ici, beaucoup. Roman intimiste, de société, suspense coloré policier, Huis clos… on peut encore y voir un récit d’atmosphère. Tout ça dans un seul livre ! S’il faut choisir, on peut aller vers le Huis clos d’atmosphère… mais d’autres lecteurs le prendront sans doute par un autre bout, ce Djian d’hiver. Un bon, encore un.

« Le bloc se fissurait. Ce qui me semblait inimaginable hier encore se réalisait sous mes yeux à présent. Les murs de leur citadelle se lézardaient, ils n’étaient plus les trois seuls doigts de la même main – dont je m’étais toujours senti exclu – le vent avait tourné, le ressentiment s’installait entre eux, attisé par mes soins quand j’en avais l’occasion – baiser Véronica participait d’un long travail de sape que j’avais entrepris presque inconsciemment et qui en constituait à ce jour le point d’orgue. C’était une sensation bizarre de craindre l’orage et de le souhaiter en même temps ».

L’écriture d’une minutie classique, le regard extérieur – globalement extérieur, mais vu de très près – sur un étrange bestiaire, dont au fur et à mesure on s’approprie la fraternité humaine… Philippe Djian aux manettes…

Madame Richardson et autres nouvelles, Christian Laborde

Ecrit par Frédéric Aribit , le Vendredi, 16 Janvier 2015. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Nouvelles, Robert Laffont

Madame Richardson et autres nouvelles, janvier 2015, 208 pages, 17 € . Ecrivain(s): Christian Laborde Edition: Robert Laffont

 

 

On l’avait laissé en 2012 reluquant les shorts – ces « copeaux d’Éros » – de Diane et de ses affriolantes copines (Diane et autres stories en short, Robert Laffont). Après un détour par le Tour de France et un superbe Parcours du cœur battant dans le sillage de son ami Claude Nougaro, oyez ! oyez ! pas le temps de reprendre son souffle car revoilà Christian Laborde, percutant nouvelliste, qui vient nous shooter aux héroïnes de Madame Richardson et autres nouvelles.

Douze textes qui filent à toute berzingue, sans temps mort mais trompettes oui, celles des cuivres de Duke Ellington par exemple, qu’on entend, avec Camélia Jordana, Charles Trenet, Cat Stevens, Vanessa Paradis, et bien d’autres encore, dans la longue playlist donnée en fin de recueil et qui ressemble à la BO de ce livre à sketches, comme d’autres ont fait des films.

Mélancolie douce, Patrick Dubost

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Vendredi, 16 Janvier 2015. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Mélancolie douce, Ed. La Rumeur libre, 2013, 80 pages, Prix Jean-Jacques Lerrant . Ecrivain(s): Patrick Dubost

 

Qu’est ce qui fonde la différence entre un texte théâtral fait pour être dit sur scène, face à un public, clamé, déclamé, et un texte poétique qui relève de la performance ?

Qu’est-ce qui distingue le théâtre du récit même poétique sinon la présence dans le texte-papier des didascalies et les marques de dispositions scéniques qui visuellement renvoient le lecteur à ce genre particulier. En lisant le dernier texte de Patrick Dubost, on pense alors poésie élégiaque et pourtant il semblerait que le performeur veuille plutôt dynamiter les cloisons des genres.

Ainsi Mélancolie douce avec ses 49 tableaux nous raconte une histoire dialoguée, polyphonique, sans que jamais aucune marque du dialogue rattachée au genre théâtral (didascalies) ou au récit soit présente. Bien sûr puisque ce genre appartient en premier lieu à la poésie.

Une poésie dont la force réside dans l’emploi des mots les plus simples, l’intervention de personnages les plus ordinaires (une boulangère, une enfant de sept ans…), un dispositif de mise en page qui fait couler la parole des uns aux autres, la fondant en une seule voix, celle du poète assurément, debout sur scène déclamant et absorbant toutes ces voix.