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Le sniper, le président et la triade, Chang Kuo-Li (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Lundi, 06 Novembre 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Polars, Folio (Gallimard)

Le sniper, le président et la triade, Chang Kuo-Li, Folio policier, août 2023, trad. chinois, Alexis Brossollet, 446 pages, 9,20 € Edition: Folio (Gallimard)

 

La République de Chine, Taïwan ou Taïpei, est séparée de la République Populaire de Chine par le détroit de Formose d’une largeur de 180 km. La république de Chine est composée de 168 îles dont la plus grande est Taïwan, c’est là que se sont réfugiés Tchang Kaï-Chek et ses troupes du Kuomintang après leur défaite contre Mao. D’abord régime sévère, l’île s’est démocratisée. Si l’état est en partie corrompu, Taïwan reste convoitée par la République Populaire de Chine. C’est sur ces 35.980 km² que ce déroule le roman de Chang. En République de Chine les élections ont lieu tous les quatre ans par suffrage démocratique direct. Le Président et le vice-Président sont élus en même temps. Le Président peut être élu deux fois.

Le livre commence alors que le Président sortant Hsü Huo-sheng mène sa campagne électorale. Il est victime d’un attentat rue Huayin à 9h17. Un tueur non identifié serait à l’origine du drame. Blessé, l’homme politique a été emmené à l’hôpital Xing’an où ses jours sont comptés.

La Danseuse, Patrick Modiano (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 20 Octobre 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Gallimard

La Danseuse, Patrick Modiano, Gallimard, Coll. Blanche, octobre 2023, 112 pages, 16 € . Ecrivain(s): Patrick Modiano Edition: Gallimard

 

Le dernier Modiano : La quintessence

La Danseuse de Patrick Modiano qui sort ces jours-ci chez Gallimard est un roman bref – moins de 90 pages de textes, et pourtant une petite merveille de narration (double – en il, en je), qui relaie sans peine les thématiques mémorielles de son auteur.

Faudrait-il être léger pour relater et commenter ce roman, fruit d’une fluidité qui joue des époques (les années 70, 2022/2023), brasse les milieux et les personnages ? Les lieux aussi : de la Porte de Champerret au studio Wacker, en passant par les toutes petites rues cachées, loin des grands boulevards. La danseuse, toute conquise à son art, laisse son fils Pierre aux bons soins d’Hovine et du narrateur, qui le conduit à l’école. Elle a dû changer de domicile pour échapper à des harceleurs du passé (Barise). Elle passe parfois du temps chez Pola pour se ressourcer et s’adonne à des lectures mystiques.

Dernier rendez-vous avec la Lady, Mateo Garcia Elizondo (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 19 Octobre 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Amérique Latine, Roman, Editions Maurice Nadeau

Dernier rendez-vous avec la Lady, Mateo Garcia Elizondo, Editions Maurice Nadeau, Les Lettres Nouvelles, août 2023, trad. espagnol (Mexique), Julia Chardavoine, 192 pages, 21 € Edition: Editions Maurice Nadeau

 

Voilà un roman puissant, pesant, attrapeur, un de ceux qui laissent chez le lecteur la prégnante impression, faite à la fois de malaise et de jouissance, d’avoir été, pendant la lecture et bien après fermeture du livre, littéralement, littérairement, magistralement « baladé ». Gageons que ce premier texte d’un auteur mexicain prendra place parmi les œuvres remarquables de la littérature mondiale.

Le personnage, narrateur à la première personne, met en scène ce qui semble être la fin sordide de sa vie de vagabond drogué. Le schéma narratif apparent transporte et « agit » le « héros » dans un village apocalyptique perdu nulle part, la seule potentialité de son éventuelle réalité géographique étant qu’il pourrait se trouver évasivement vers le Mexique, en bordure d’une hypothétique jungle qui tend à l’avaler : ZAPOTAL.

Le lecteur curieux interroge internet :

L’oiseau qui buvait du lait, Jaroslav Melnik (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mercredi, 18 Octobre 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Russie, Roman, Actes Sud

L’oiseau qui buvait du lait, Jaroslav Melnik, Actes Sud, janvier 2023, trad. russe, Michèle Kahn, 492 pages, 24,50 € . Ecrivain(s): Jaroslav Melnik Edition: Actes Sud

 

Audra Rumšaite, photographe, a reçu une commande d’un magazine féminin, elle doit prendre des photos de la ville de Vilnius en Lituanie. Nous sommes au mois d’octobre, elle gravit le mont des Trois-Croix, le jour à peine levé pour avoir une vision panoramique de la ville. Arrivée au sommet alors que le soleil commence à percer, elle aperçoit décrivant des cercles au-dessus de Vilnius un grand aigle planant toutes ailes déployées. Son premier réflexe est de vouloir saisir l’oiseau en plein vol, mais en bonne professionnelle elle plante les pieds de son appareil dans la terre et elle prend des photos du paysage à peine éclairé d’un soleil rougeoyant. Son travail achevé, elle voit dans son objectif l’oiseau continuant à décrire ses courbes dans le ciel. Là, elle le saisit puis se prépare à reprendre sa route lorsqu’elle voit à travers les feuillages une masse gisant sur le sol.

Construire un feu (To Build a Fire, 1902), Jack London (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 17 Octobre 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, USA, Roman, Libretto

Construire un feu (To Build a Fire, 1902), Jack London, éditions Libretto, trad. américain, Paul Gruyer, 176 pages . Ecrivain(s): Jack London Edition: Libretto

 

Le cadre de l’histoire, dans le froid extrême d’un Yukon en grande partie inhabité, établit d’entrée le rôle principal de la nouvelle : la Nature. On est loin de celle des romantiques qui communique avec l’âme des hommes. La Nature de ce récit est impassible, d’une cruauté tranquille dans son indifférence. A sa manière, Jack London rejoint dans ce texte sublime, le chant des grands panthéistes que furent avant lui Spinoza et Thoreau. Mais en déifiant le monde naturel, London en fait un Dieu terrible, dénué de tout affect, de toute attention, à mille lieues du Dieu bienveillant des Chrétiens. Le Dieu de Spinoza est plus proche, il est la Nature et ne connaît donc ni compassion, ni amour, ni cruauté, il est, simplement, englobant le Grand Tout.

Le ciel est vide, blanc comme un linceul, immense comme l’éternité. La terre est à l’unisson, infinie, immaculée, déserte. L’homme de cette nouvelle est seul au monde et n’a d’autre compagnon que son chien dans ce paysage spectral.