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Fragments d’une traque amoureuse, Fleur Zieleskiewicz

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Vendredi, 02 Octobre 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman

Fragments d’une traque amoureuse, éd. L’Editeur, mai 2015, 228 pages, 16 € . Ecrivain(s): Fleur Zieleskiewicz

 

Si le titre Fragments d’une traque amoureuse semble faire un clin d’œil aux Fragments d’un discours amoureux de Roland Barthes et en être l’adaptation Web 3.0, toute ressemblance avec l’original est trompeuse. Il s’agit plutôt d’une nouvelle tendance stylistique chez les écrivains ex-publicitaires consistant à utiliser un remake des titres notoires pour attirer l’œil, comme en témoigne le dernier ouvrage de Beigbeder Conversations d’un enfant du siècle, qui rime formidablement bien avec La confession d’un enfant du siècle d’Alfred de Musset. Bref, il faut admettre que ce premier roman de Fleur Zieleskiewicz commence de façon originale. Cette promesse tient jusqu’au bout puisque ce roman raconte un amour déçu au rythme très fragmenté de la traversée d’une dizaine d’aéroports. En cela, on peut reconnaître une point commun avec Roland Barthes car l’auteure y partage une vision très « fragmentée, discontinue et papillonnante » de l’amour.

Avertissement avant le décollage : c’est un livre qui se lit avec des écouteurs (la bande son est annoncée dès la première page) et en mode web full service avec le site web fleurz.com, Facebook, Twitter et Instagram… Vous avez de quoi traquer l’auteure sur tous les réseaux sociaux. Assurément moderne et ultraconnectée, l’histoire peut donc se lire de deux façons :

Journal (1987-2012), Michel Chaillou

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 24 Septembre 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Fayard

Journal (1987-2012), avril 2015, préface de Jean Védrines, 544 pages, 24 € . Ecrivain(s): Michel Chaillou Edition: Fayard

 

« Début d’une volonté de tenir un journal. Temps d’acier froid. Je cherche la construction de L’Islande. Ai pris le bus long de Seine. Un jeune homme mâchait un début de vie chewing-gum. Ai croisé Jorge Semprun. Cheveux blancs, bel imperméable. Son œil m’identifia légèrement ».

« Il va être 18 heures. David improvise au piano dans le salon. J’essaie de me remettre à L’Hypothèse. J’en suis à la page 42. Il me faut déguiser le sujet, ne jamais l’avouer, sauf dans les dernières pages ».

Vingt-cinq ans séparent ces deux impressions littéraires, vingt-cinq ans d’un Journal romanesque et sentimental que l’on découvre aujourd’hui avec bonheur et surprise. Michel Chaillou, l’œil vif, le corps attentif à ce qu’il vit et à ce qu’il voit, à ce qu’il imagine, nourrit ses fictions et s’en nourrit jour après jour. Vingt-cinq ans de courtes notations, d’évocations, de brèves remarques météorologiques : – Il pleut. Soleil, temps vif qui agace le sang – mais aussi familiales : jeunesse de David, musicien en devenir et futur compositeur – un Journal sert-il à faire ses gammes ? –, fidélité réciproque à Michèle, troisième œil du manuscrit.

Ressources inhumaines, Frédéric Viguier

Ecrit par Marc Ossorguine , le Jeudi, 24 Septembre 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Albin Michel, La rentrée littéraire

Ressources inhumaines, août 2015, 281 pages, 19 € . Ecrivain(s): Frédéric Viguier Edition: Albin Michel

 

Alors qu’elle avait 22 ans, elle a fait un stage dans une enseigne de la grande distribution. « Elle » n’a pas une personnalité bien remarquable, mais dans ce milieu, elle va apparaître adaptée. Très adaptée. Un instinct opportuniste qui lui permet de comprendre vite ce qu’il faut dire et faire, sur les meilleures façons de manipuler, de mentir, de trahir… pour simplement s’approcher des lieux de pouvoir et se faire accepter par ceux qui y siègent.

« Elle » n’a pas de nom car son identité semble bien se réduire à la place qu’elle occupe dans l’entreprise, à la fonction qu’elle y occupe et au travers de laquelle les autres l’identifient, la regardent et la reconnaissent : la stagiaire puis la responsable du rayon textile femme. D’ailleurs, avoir un nom, ou ne serait-ce qu’un prénom, ne semble pas très adapté dans cet univers. Les seuls personnages ayant un nom dans ce récit sont condamnés à sortir de la scène de l’hyper-marché, cet univers où les sentiments humains doivent s’effacer devant les stratégies rationnelles des individus, leur lutte pour les places, dans la hiérarchie comme sur le parking du personnel.

Love is power, ou quelque chose comme ça, A. Igoni Barrett

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mercredi, 23 Septembre 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Afrique, Nouvelles, La rentrée littéraire, Zulma

Love is power, ou quelque chose comme ça, septembre 2015, traduit de l’anglais (Nigeria) par Sika Fakambi, 352 pages, 22 € . Ecrivain(s): A. Igoni Barrett Edition: Zulma

 

Les écrivains nigérians ont cette particularité de rafler avec une remarquable régularité le Prix Caine de la meilleure nouvelle en langue anglaise d’un auteur africain. A. Igoni Barrett est un écrivain nigérian de 36 ans, déjà récompensé par de nombreux prix et l’un des rares avec Helon Habila (publié chez Actes Sud) à être traduit en français.

La publication par les éditions Zulma d’un recueil de neuf nouvelles d’Igoni Barrett est une opportunité pour découvrir un univers littéraire en plein essor, vivant, actuel, et dont la remarquable qualité risquait fort d’échapper aux lecteurs francophones submergés par une production hexagonale en ce mois de septembre 2015.

Il existe des moments magiques de lecture et Love is power, ou quelque chose comme ça en regorge. C’est un livre que l’on laisse à portée de main une fois terminé, tant il est impossible de se détacher brutalement des récits de ce jeune auteur. Chacune de ces nouvelles possède une touche, une palette de tons qui renvoient le lecteur à des sentiments variés, parfois même contradictoires, mais toujours intenses.

Où étiez-vous tous, Paolo di Paolo

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Mercredi, 23 Septembre 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Belfond, Italie

Où étiez-vous tous, traduit de l'italien Renaud Temperini, septembre 2015, 206 pages, 11,99 € . Ecrivain(s): Paolo di Paolo Edition: Belfond

 

Avec Où étiez-vous tous, Paolo di Paolo fait le portrait d’un homme et plus sûrement encore celui d’une époque.

Dans La Repubblica, Antonio Tabucchi a écrit : Plutôt que de le définir comme un roman de jeunesse, on peut voir dans « Où étiez-vous tous », le coup d’essai très réussi d’un art narratif engagé et mûr.

C’est l’histoire d’un père ? vieux, à la retraite donc, de l’enseignement et qui renverse un de ses anciens élèves qui lui fait un procès…

Prétexte à un retour en arrière sur la vie du narrateur Italo Tramontane, jeune étudiant en Histoire et celui d’une génération d’après-guerre. La note de l’auteur en fin d’ouvrage prend soin de signaler que « ce roman s’est au départ inspiré d’un fait divers. Un professeur exaspéré renverse deux élèves avec sa voiture » et que « au-delà de cette première idée, tout le reste est bien entendu le fruit de l’imagination »…