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La Coupure, Fiona Barton (par Sylvie Ferrando)

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Jeudi, 29 Novembre 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Polars, Roman, Fleuve Editions

La Coupure, septembre 2018, trad. anglais Séverine Quelet, 480 pages, 20,90 € . Ecrivain(s): Fiona Barton Edition: Fleuve Editions

 

Comme tout bon roman policier, La rupture est une histoire de secrets.

Trois femmes, qu’au départ rien ne relie, rien ne prédestine à se rencontrer, sont marquées par l’annonce, en quelques lignes, dans un journal, de la macabre découverte du corps d’un nouveau-né sur un chantier de la banlieue de Londres. Le dossier se corse lorsqu’on apprend que les ossements du bébé datent de 42 ans auparavant. A des titres différents, ces trois femmes vont chacune renouer les fils de leur passé et mener une enquête individuelle qui les conduira vers une vérité – la verité ? Ont-elles un lien personnel ou un lien professionnel avec l’affaire ? Le doute persiste, au cours du roman, pour l’une des trois protagonistes.

Angela, mère de famille et jeune grand-mère, vit dans le souvenir de l’enlèvement de son premier enfant à la maternité quelque quarante ans plus tôt, et peine à tourner la page. Cette affaire est pour elle l’occasion sinon de percer le mystère, du moins d’obtenir une réponse : Alice, son bébé qui lui a été si tôt arraché, est-elle morte ou a-t-elle survécu ?

Les cinq sexes, Pourquoi mâle et femelle ne sont pas suffisants, Anne Fausto-Sterling (par Cathy Garcia)

Ecrit par Cathy Garcia , le Jeudi, 29 Novembre 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Payot

Les cinq sexes, septembre 2018, trad. anglais (USA) Anne-Emmanuelle Boterf, 92 pages, 6,60 € . Ecrivain(s): Anne Fausto-Sterling Edition: Payot

 

« Imaginez que les sexes se soient multipliés à l’extrême, sans limite à l’imagination. Ce serait un monde de pouvoirs partagés ».

Cette phrase au vu d’aujourd’hui paraît tout à fait visionnaire. Elle est tirée de cet essai intitulé Les cinq sexesqui ne date effectivement pas d’hier, il a été lancé en 1993, comme un pavé dans la mare, par Anne Fausto-Sterling, biologiste, historienne des sciences et féministe, ce qui lui a valu une notoriété mondiale dans le champ des études sur le genre.

Dans cette édition 2018, Les cinq sexes sont précédés d’une longue préface de Pascale Molinier, auteur et professeur de psychologie et suivis d’un texte publié en 2000 dans la revue The Sciences : Les cinq sexes revisités. Toujours par Anne Fausto-Sterling. En 7 ans, l’auteur constate des avancées, et on commençait enfin dans le milieu scientifique – mais tout juste – à écouter les personnes intersexuées elles-mêmes, et l’auteur cite notamment l’activiste américaine des droits des intersexes, Cheryl State. Le corps médical commençait à s’ouvrir à la remise en question de la chirurgie « correctionnelle » et systématique dès la naissance.

Le Pouvoir corrompt, Lord Acton (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mercredi, 28 Novembre 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Histoire

Le Pouvoir corrompt, Les Belles Lettres, avril 2018, trad. anglais Michel Lemosse, préface Jean-Philippe Vincent, 136 pages, 17 € . Ecrivain(s): Lord Acton

 

Né à Naples (1834) et mort en Bavière (1902), John Emerich Edward Dalberg-Acton, Baron Acton, fut un historien britannique de haute lignée. La Bibliothèque de Cambridge conserve les 59.000 volumes de sa collection privée et les recueils de copies qu’il avait fait établir, seule manière d’étudier le passé sur pièces, avant qu’apparaisse la reproduction photographique des documents anciens. Mais Lord Acton ne fut pas seulement un homme plongé dans le monde ancien. Il bénéficie d’une certaine célébrité grâce à une phrase extraite d’une lettre envoyée en 1887 : « Le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument ». La formule est à bon droit fameuse ; il y aurait beaucoup à dire sur le pessimisme profond qui en émane, la faisant ressembler à une malédiction, et sur la vérité qu’elle renferme. Pourquoi le pouvoir exerce-t-il un tel attrait sur les êtres humains, au point de les métamorphoser dès qu’ils en sont nantis (le phénomène des « petits chefs »), et pourquoi favorise-t-il à ce point l’émergence de personnalités qu’on ne peut qualifier autrement que de monstrueuses (le XXesiècle fut prodigue dans ce domaine, mais d’autres périodes peuvent également être citées) ? Pourquoi la politique, au contraire du grand art ou de la sainteté, donne-t-elle l’impression de faire surgir ce qu’il y a de pire dans l’humanité ?

La Vallée des Dix Mille Fumées, Patrice Pluyette (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mercredi, 28 Novembre 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Seuil

La Vallée des Dix Mille Fumées, août 2018, 318 pages, 19 € . Ecrivain(s): Patrice Pluyette Edition: Seuil

 

Un beau matin, monsieur Henri, 75 ans, se réveille et contemple le monde comme si c’était la première fois. Les yeux à peine entrouverts, il découvre, avec l’étonnement de l’innocent, le plafond de la pièce où il se trouve, puis tournant la tête les murs, enfin baissant les yeux le sol. Il se trouve dans un parallélépipède. Ce dernier est meublé. Consentant à sortir du lit où il se trouve, il va faire ses premiers pas, puis remarquer que sa chambre donne sur une autre pièce et que des fenêtres on peut voir de la verdure et levant les yeux une immensité bleu azur, le ciel. La curiosité de monsieur Henri s’éveille. Il échafaude déjà des projets. Il va déjeuner sur la terrasse, un morceau de planète sans plafond et sans limites, qui lui donne le vertige. Il va subir la nuit, le jour, les intempéries, découvrir les odeurs, le monde. Monsieur Henri va réaliser une expédition dans son quartier puis pris, fasciné par ce qu’il découvre et ce qu’il lit, il va tenter de repousser les limites pour devenir explorateur. Tel Darwin avec le Beagle mais sans le Beagle, pour cause de mal de mer, il va se lancer dans une excursion scientifique. Son but, la vallée desDix Mille Fumées « située en Alaska sur la péninsule qui prolonge la chaîne volcanique des îles Aléoutiennes, à la limite septentrionale de l’océan Pacifique ».

La mer en face, Vladimir de Gmeline (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mardi, 27 Novembre 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Les éditions du Rocher

La mer en face, septembre 2018, 424 pages, 19,90 € . Ecrivain(s): Vladimir de Gmeline Edition: Les éditions du Rocher


« Ce voyage en Allemagne, c’est une drôle d’idée. Un besoin de solder des comptes avec le passé. Tout le monde n’a pas la chance d’avoir des parents communistes, je n’ai jamais vu le film, mais j’ai le titre bien en tête. Parce que Tout le monde n’a pas la chance d’avoir des oncles nazis, celui-là je l’ai vu en vrai, je l’ai vécu ».

La mer en face est un inouï roman de guerre, une guerre que le narrateur livre au passé familial, une guerre aux silences et aux dissimulations. Un roman noir, où le sang versé hier n’a pas encore séché. Un retour sur le passé, pour qu’enfin il se découvre, qu’il révèle ses secrets, ses démons, et ses crimes. Le narrateur fait le voyage avec son ami Guillaume, un frère de sang, pour voir la mer. La mer qu’une dernière fois ont vu les Juifs assassinés  lors de la Shoah par balles : On va les faire se tourner, face à la mer, le dos exposé aux tireurs, et leurs corps seront jetés dans le trou creusé dans le sable, juste à l’endroit où ils seront tombés, et où s’amoncellent déjà des dizaines de corps.