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Bertin ou la naissance de l’opinion, Jean-Paul Clément (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 13 Novembre 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Editions de Fallois, Histoire

Bertin ou la naissance de l’opinion, avril 2018, 376 pages, 24 € . Ecrivain(s): Jean-Paul Clément Edition: Editions de Fallois

 

Innombrables sont les romans, bandes dessinées et films mettant en scène des journalistes ou des envoyés spéciaux (prononcez reporters). Comment ces professions sont-elles parvenues à infiltrer la fiction, ce qui ne s’est jamais produit avec les notaires, les plombiers et les dentistes (pour ne citer que trois métiers indispensables, mais dépourvus de prestige) ? La fiction ne fait que refléter une réalité sociologique, l’évolution de la presse en Europe et dans ses prolongements (Amérique, Israël, Océanie).

Le terme de « presse » est en soi intéressant. Quand, au XVIIesiècle, des pamphlétaires parfois prestigieux (comme Milton) revendiquaient la liberté de la presse, ils pensaient à la liberté d’imprimer en général : des romans, des pièces de théâtre, de la philosophie, de la théorie politique, voire de la poésie, et pas seulement des journaux. Par la suite, le mot « presse » en est venu à désigner le volume chaque jour plus important de papier fraîchement imprimé, destiné à informer ou à manipuler les contemporains. Si les journalistes sont souvent perçus (à tort) comme des héros, les patrons de presse font moins rêver. Randolph Hearst doit sa célébrité hors des États-Unis à la politique et au cinéma.

Je ne suis que le regard des autres, Alain Marc (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Mardi, 13 Novembre 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Nouvelles, Z4 éditions

Je ne suis que le regard des autres, avril 2018, 65 pages, 12 € . Ecrivain(s): Alain Marc Edition: Z4 éditions

Les lecteurs et lectrices d’Alain Marc sont habitués à entendre en ses textes poétiques comme l’écho résurgent d’un CRI jaillissant d’une poésie de la souffrance ; on en a donné dans les pages de La Cause Littéraire plusieurs illustrations en commentant d’autres pièces de son œuvre :

Poésies non hallucinées, Editions du Petit Véhicule

Il n’y a pas d’écriture heureuse, Editions du Petit Véhicule

Chroniques pour une poésie publique, précédé de Mais où est la poésie ? Editions du Zaporogue

Alain Marc quitte sans vraiment s’en éloigner, avec ce nouvel ouvrage, le domaine de l’expression poétique pour une suite de courtes nouvelles, réparties en trois ensembles :

– Six paroxysmes

– Le Timide et la Prostituée

– Eros

Proust Vermeer Rembrandt, Jean Pavans (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Lundi, 12 Novembre 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Arléa

Proust Vermeer Rembrandt, octobre 2018, 84 pages, 7 € . Ecrivain(s): Jean Pavans Edition: Arléa

 

Le spécialiste de Henry James consacre ici un petit livre à Proust et à sa manière de lier peinture et littérature.

Il paraît dans une collection précieuse et élégante, et la couverture occupée aux 2/3 par la reproduction de Vue de Delft, célébrissime tableau du grand Hollandais Vermeer, est une splendeur. De plus, chaque lettre qui compose les prénom et nom de l’auteur se voit gratifiée d’une couleur différente.

En tant que tel, le petit livre est composé de trois parties : un essai de Jean Pavans, La mort en sa peinture, la note de Proust axée sur Ruskin et Rembrandt et le fragment de La Prisonnière (ouvrage posthume, publié en 1923) relatant La mort de Bergotte.

L’essai de trente-trois pages mesure combien art – peinture, musique – et littérature ont une place de choix dans La Recherche. Bien avant Focillon, Proust s’est penché, avec Ruskin, qu’il a traduit et présenté, sur les liens complexes entre l’œuvre d’art et la propre lecture de soi.

Choix de poèmes, William Butler Yeats (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 12 Novembre 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Choix de poèmes, éditions Petra, août 2018, édition bilingue, trad. anglais Claude-Raphaël Samama, 140 pages, 16 € . Ecrivain(s): William Butler Yeats

 

Cette nouvelle traduction française de poésies de William Butler Yeats par Claude-Raphaël Samama – après les restitutions françaises antérieures proposées par Fréchet (Aubier), Cazamian (Aubier), Bonnefoy (Gallimard), Briat (Seuil), Masson (Verdier) – se penche sur la part humaniste, sentimentale et réflexive de l’œuvre de l’écrivain irlandais, plutôt que sur celle ésotérique ou politique. Un lyrisme personnel s’exprime dans ces textes poétiques à la voix émouvante et désabusée, retenant l’attention du lecteur touché par l’expression de faits, d’états sentimentaux que le poète a pu lui-même expérimenter. Les textes de Yeats choisis par Claude-Raphaël Samama évoquent la guerre, les déceptions sentimentales, l’impossibilité de l’amour, la tentation de la résignation face à la bêtise ou le dépit amoureux, la sagesse acquise avec l’âge, la mort rêvée ou méditée, etc. La relativisation du sentiment amoureux revient murmurer au destinataire (lecteur, lectrice, Je, Tu, Nous) : « Ne donne jamais ton cœur » ou « Surtout n’aime pas trop longtemps » : Ma douce amie, que ton amour ne dure :Moi j’ai aimé trop et trop longtemps.

Barcelone brûle, Mathieu David (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 09 Novembre 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Gallimard

Barcelone brûle, octobre 2018, 144 pages, 15 € . Ecrivain(s): Mathieu David Edition: Gallimard

 

« Délaissant les bancs d’école, je voulais m’exercer dans tout ce que j’avais lu, la fantaisie pleine de batailles, d’enchantements, de rêveries, d’amours et de défis… J’appris rapidement que les choix de vie produisent des effets insoupçonnés qui engendrent des conséquences imprévisibles. Et au mois de mars, pris dans une tempête, je suis poussé par des vents contraires à 1000 kilomètres au sud de Paris, échouant à Barcelone, dans le quartier de Sant Antoni ».

Barcelone s’ouvre à l’écrivain comme un roman de tous les dangers et de toutes joies, et il va y livrer quelques batailles pleines de fantaisies. Ce mot convient merveilleusement bien à la cité de Gaudi, de Picasso, de Bataille, de Breton, mais aussi de Genet, d’Orwell, et de Simone Weil les armes à la main. La Ville des prodiges (1) a traversé les siècles et fomenté des révoltes, et son Histoire tellurique et ses histoires palpitantes irriguent le petit livre de Mathieu David. La guerre n’est jamais très loin, et la ville a toujours un temps d’avance, sa géographie enchantée y est pour beaucoup.