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La Une CED

Alain Suied ou La Pensée poétique

Ecrit par Didier Ayres , le Vendredi, 05 Février 2016. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

à propos de Alain Suied, L’attention à l’Autre, sous la direction de M. Finck, P. Maillard et P. Werly, éd. Presses Universitaires de Strasbourg, 2015, 15 €

 

Connaître un poète, c’est bien sûr lire ses livres, mais c’est aussi apprécier l’homme, sa biographie et l’articulation de sa pensée. Et c’est à cette dernière tâche que nous convie ce livre publié par les Presses Universitaires de Strasbourg, qui est le résultat du colloque organisé à Strasbourg en février 2013, autour du poète défunt, Alain Suied. Pour moi, aujourd’hui, il s’agit d’ajouter à cet ouvrage ma parole de lecteur de poésie, d’écriture contemporaine, mais non pas d’un point de vue scientifique, car l’ouvrage le fait très bien, mais avec ma sensibilité personnelle sur ces pages savantes autour de l’œuvre de ce poète, qui fut historiquement publié par les éditions Arfuyen, maison que j’ai beaucoup à cœur.

A propos de "Le vent du Nord" de Tarjei Vesaas

Ecrit par Michel Host , le Jeudi, 04 Février 2016. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

Le vent du Nord, Tarjei Vesaas, La Table Ronde coll. La petite vermillon, janvier 2015 (1), trad. norvégien Marthe Metzger, avant-propos Jean-René Van Der Plaetsen, 270 pages, 441 pages, 8,70 €

Le Sens ?

« Je suis homme : je dure peu

et la nuit est énorme ».

Octavio Paz, Arbre au-dedans

On perd élan et patience à méditer ce fait que les Français, lecteurs comme éditeurs, marquent si peu d’intérêt pour la nouvelle (2). Ils préfèrent le roman, c’est leur droit. Mais ils ne savent pas ce qu’ils manquent à être à ce point incurieux de l’acéré, du cruel ou du joyeusement sublime de ce genre bref et sans réplique. Pour moi, j’ai lâché la rampe au milieu des années 90. Il y eut des cocktails, des réunions, des colloques, de discrets symposiums de nouvellistes offusqués… Furent échangés arguments tranchants, avis pertinents, objurgations, plaintes, protestations (3) et jusqu’à des plaidoiries émouvantes… On évita de justesse deux suicides ! Un éditeur manqua être assassiné à coups d’aiguilles à tricoter. Mais quoi, rien n’y a fait, la nouvelle n’est toujours pas rentrée en grâce. C’est pourquoi, sans autre forme de procès, je m’arrête sur l’extraordinaire recueil du norvégien Tarjei Vesaas (1897-1970).

En UN seul regard, par France Burghelle Rey

Ecrit par France Burghelle Rey , le Mercredi, 03 Février 2016. , dans La Une CED, Ecriture, Nouvelles

 

Comme est en nous la poésie en moi est un regard est une foi En moi ce mystère d’écrire et de vivre poésie comme l’amour je définirai l’impossible jusqu’au bout de mes doigts qu’à fleur de peau déjà je sens comme j’effleure ce rosier au début de l’automne Je dis qu’on n’aime pas sans fleurs A l’heure où j’écris blanchit cette lumière qui semble ton regard Et ta vie est la Vie Je le dirai à tous ceux qui le savent à ceux qui ne le sauraient pas sinon grâce à ces mots

 

Avec le doute la peur et l’impossible à dire mais quand à me promener le long de ces arbres de cette rivière que j’aime j’arrive à me connaître, alors je te connais Et peu m’importe que tu m’aies à peine vue et à peine reconnue la beauté est plus forte et la tienne peut suffire celle qui me fait écrire née d’une seule seconde elle a nourri ma vie comme une graine prend racine C’est ma force au présent ma certitude mon je ne sais quoi

La main, par Nadia Agsous

Ecrit par Nadia Agsous , le Vendredi, 29 Janvier 2016. , dans La Une CED, Ecriture, Nouvelles

 

En décembre dernier, j’étais à Alger invitée à participer à un forum sur le roman, en allant nous promener à la Casbah, on m’a agressée et on a volé ma chaîne mais pas ma main (pendentif).

Au commencement, dans le surgissement du Verbe, dans le flot du tumulte des mots, une main ; sur ma nuque, une main qui pendant un instant, un court instant, exaltait l’agréable senteur de la douceur, de la bienveillance ; la sensation d’une caresse comme un baume sur la vie.

Puis…
De nulle part surgit une main ; une main échappée des profondeurs de la nuit ; une main empreinte de la noirceur du jour ; une main tendre, amicale, clémente qui se mua en un torrent de violence, s’empara de ma chaîne en or et blessa ma nuque ; les traces de ce rapt commis parmi la foule, dans le crépuscule du jour fuyant, un jour de bonheur et de quiétude, sont encore visibles, comme la trace d’une douleur vive qui éprouve un malin plaisir à faire durer le déplaisir du souvenir traumatisant.

Un lecteur adoubé (Lecture de Don Quichotte de la Manche de Cervantès en La Pléiade) - 3

Ecrit par Marc Ossorguine , le Jeudi, 28 Janvier 2016. , dans La Une CED, Les Chroniques, Ecrits suivis

 

L’on a retenu surtout du chevalier à la triste figure – ainsi qu’on le nomme quand on cherche à donner dans la référence cultivée et partagée – sa folie et son projet de chevalier galant et errant au service de toutes les causes désespérément imaginaires, déjà anachronique en ces temps reculés.Non-spécialiste de l’œuvre, je découvre que Don Quichotte se construit lui-même comme un personnage de fiction, né de ses propres lectures. Nous voilà entraînés dans une fiction à double niveau : histoire d’un personnage qui s’invente un personnage. Une lecture démultipliée : celle d’un récit qui parle de lectures. Récit dans lequel le narrateur ne manque pas non plus de s’adresser au lecteur, plus ou moins directement. Le « procédé » (les guillemets s’imposent à moi car le mot pourrait renvoyer à un vulgaire « truc » pour se mettre le lecteur dans la poche, à une astuce stylistique et rhétorique plus ou moins indigne) est toujours séduisant pour le lecteur qui se sent associé à l’œuvre en train de s’écrire, a-t-il l’illusion, alors qu’il n’est qu’en train de la découvrir. Il nous donne l’agréable sensation d’être peut-être le seul destinataire de l’œuvre, il converse avec nous par-delà les pages, par-delà les siècles. Il est vrai que le lecteur que je suis, facilement un peu exclusif dans ses attachements livresques et littéraires (mais je ne dois pas être le seul) aime cette complicité qu’il a pu rencontrer chez Diderot ou Dickens, même s’il la sait illusoire.