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Japon

L’Incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage, Haruki Murakami

Ecrit par Marc Michiels (Le Mot et la Chose) , le Lundi, 24 Novembre 2014. , dans Japon, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Belfond

L’Incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage, traduit du japonais par Hélène Morita, septembre 2014, 384 pages, 23 € Edition: Belfond

« Pour penser librement, il faut s’éloigner du moi gorgé de chair.

Sortir de la cage étroite de son propre corps,

se libérer de ses chaînes,

et s’envoler vers le domaine de la logique pure.

C’est dans la logique qu’on trouve une vie naturelle et libre.

Cette liberté est le cœur même de la pensée »

L’Incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage, Haruki Murakami

 

« L’incolore » Tsukuru Tazaki est un trentenaire qui vit seul à Tokyo, il est devenu architecte, designer ; il construit des gares depuis qu’il a quitté Nagoya pour ses études. Jusqu’à ce qu’il rencontre Sara, une célibataire tout comme lui.

Petits oiseaux, Yôko Ogawa

Ecrit par Marc Ossorguine , le Lundi, 17 Novembre 2014. , dans Japon, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Actes Sud

Petits oiseaux, traduit du japonais par Rose-Marie Makino-Fayolle, septembre 2014, 272 pages, 21,80 € . Ecrivain(s): Yoko Ogawa Edition: Actes Sud

 

Il est des livres qui nous émeuvent, d’autres qui nous agacent, nous passionnent, nous émerveillent ou nous font rire. Certains nous font frémir, d’autres nous épatent quand certains nous révoltent. Il en est peu, bien peu, qui nous apaisent. Petits oiseaux est de ceux-ci.

Petits oiseaux raconte l’histoire de deux frères, l’aîné et le cadet, que rassemble l’étrange « maladie » de l’aîné. Celui-ci, en effet, ne parle qu’une langue connue de lui seul, à l’exception de son cadet qui la comprend naturellement. Cette langue, le pawpaw, ne ressemble à rien, sauf, peut-être, au chant des petits oiseaux qui ont la volière d’un proche jardin d’enfants pour abri. Leur mère a disparu et l’on ne saura rien de leur père. Elle, elle est toujours là, sur une photo vieillie, accompagnée de broches que son aîné a patiemment collées et découpées à partir de papiers de bonbons avec des images d’oiseaux, toujours les mêmes mais parés de couleurs différentes.

Première neige sur le Mont Fuji, Yasunari Kawabata

Ecrit par Victoire NGuyen , le Jeudi, 25 Septembre 2014. , dans Japon, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Nouvelles, Albin Michel, La rentrée littéraire

Première neige sur le Mont Fuji, août 2014, traduit du Japonais par Cécile Sakai, 156 p. 16 € . Ecrivain(s): Yasunari Kawabata Edition: Albin Michel

 

Esquisse des sentiments


Première neige sur le Mont Fuji constitue une curiosité de cette rentrée littéraire 2014. En effet, cet ouvrage est une anthologie de six récits inédits de Yasunari Kawabata. Comme le précise la quatrième de couverture, ce sont des nouvelles qui ont été écrites entre 1952 et 1960. Ils ont été réunis une première fois par l’auteur lui-même pour une publication antérieure. Ici, Cécile Sakai, traductrice et spécialiste de l’œuvre kawabatienne, les a choisis pour mettre en lumière l’art de l’auteur à fixer les instants, les impressions et les portraits de ses personnages.

Dans la nouvelle-titre, Kawabata insiste sur les retrouvailles d’un couple au pied du Mont Fuji lors des premières neiges. Ils contemplent cette beauté éphémère et pure encore de toute trace humaine tout en se penchant sur un passé détruit où l’amour n’a plus sa place. Seuls planent la mort et la folie. Le lecteur, à la fin du récit, ressent l’arrière-goût mélancolique du temps qui passe et qui efface toute joie et candeur.

L’âme de Kôtarô contemplait la mer, Medoruma Shun

Ecrit par Cathy Garcia , le Samedi, 21 Juin 2014. , dans Japon, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Nouvelles, Zulma

L’âme de Kôtarô contemplait la mer, traduitdu japonais par Myriam Dartois-Ako, Véronique Perrin et Corinne Quentin, janvier 2014, 285 p. 21 € . Ecrivain(s): Medoruma Shun Edition: Zulma

 

Six nouvelles qui nous embarquent pour un Japon un peu particulier, le Japon de l’enfance de l’auteur, l’île d’Okinawa qui est restée sous administration américaine pendant vingt-sept ans. Nous sommes ici dans l’ambiance d’une période qui précède et suit la rétrocession en 1972.

« J’étais alors en quatrième année de primaire. L’inquiétude ambiante chez les adultes du fait qu’Okinawa serait restitué au Japon l’année suivante se propageait jusqu’à nous, les enfants. (…) après la rétrocession au Japon est-ce qu’il neigerait à Okinawa ? Est-ce que les cerisiers se mettraient à fleurir en avril ? ».

Dans ce contexte incertain de crise identitaire, se confrontent et se confondent une Histoire en marche avec les croyances et traditions ancestrales très vivaces, d’une société insulaire encore rurale, surtout dans le nord. C’est dans ce terreau que prennent racine les nouvelles de ce très beau recueil. Le monde des ancêtres et des esprits de la nature est encore très présent au quotidien, nous ne sommes pas encore dans la trépidation folle de la modernité. L’écriture de Medoruma Shun est douce, délicate, poétique, enveloppante et même envoûtante comme dans Mabuigumi-L’âme relogée, la nouvelle qui a inspiré le titre du recueil :

Seins et œufs, Mieko Kawakami

Ecrit par Frédéric Aribit , le Mardi, 10 Juin 2014. , dans Japon, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Babel (Actes Sud)

Seins et œufs, traduit du japonais par Patrick Honnoré, mars 2014, 108 pages, 6,50 € . Ecrivain(s): Mieko Kawakami Edition: Babel (Actes Sud)

 

Les touche-à-tout exaspèrent. Elle est japonaise. Diplômée de philo. Musicienne. Actrice. Romancière. Poète. Et d’autant plus exaspérante qu’elle a la beauté griffante des héroïnes futuristes d’un Enki Bilal. Seins et œufs (Chichi to Ran), son premier roman traduit en français, et qui lui avait valu le prestigieux prix Akutagawa à sa sortie, en 2007, vient de ressortir dans la collection de poche Babel. Mieko Kawakami nous ferait vraiment tout gober.

Les seins, ce sont ceux de Makiko, qui rêve, du haut de ses quarante ans, de se les faire refaire, dans cette clinique de la ville d’Osaka où elle se rend avec sa fille de douze ans, Midoriko. Installées dans le petit appartement de Natsu, la jeune sœur célibataire de Makiko, mère et fille vont partager avec elle leurs embrouilles successives, leurs disputes, leurs incompréhensions devant les questions que posent la féminité de leur corps mutant et les regards bridés de la société nippone contemporaine.