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Biographie

Moi, Asimov, Isaac Asimov (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 16 Mai 2022. , dans Biographie, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Folio (Gallimard)

Moi, Asimov, avril 2022, trad. anglais (USA) Hélène Collon, 624 pages, 10,40 € . Ecrivain(s): Isaac Asimov

 

Autant être honnête : à moins d’être un admirateur quasi pathologique d’Isaac Asimov, cette autobiographie a tôt fait de lasser, voire peut franchement tomber des mains. Pour l’apprécier, il faut avoir envie de lire les propos auto-célébrants d’un auteur qui certes prévient que la modestie est absente de ses qualités mais dont l’autosatisfaction confine parfois à la cuistrerie. Un exemple puisé au hasard : lorsqu’il évoque Robert Silverberg, autre grand écrivain américain de science-fiction, il écrit ceci : « il était certainement aussi brillant que moi, ce qui a dû lui poser les mêmes problèmes d’insertion sociale ». C’est le « certainement » qui fait grincer des dents…

D’un autre côté, force est d’admettre qu’Isaac Asimov fut un auteur prolifique au possible, un touche-à-tout de génie, un vulgarisateur scientifique de première importance, et le créateur d’au moins deux séries de romans de science-fiction indépassables, celui de Fondation (où il crée la notion de « psychohistoire », dont on pourrait penser que le Club de Rome s’est inspiré au début des années soixante-dix) et celui des robots (dans lequel il crée les trois lois de la robotique, qui vont marquer l’ensemble de la création littéraire et cinématographique, puis télévisuelle). Bref, oui, un génie.

Les villes de papier, Une vie d’Emily Dickinson, Dominique Fortier (par Jacques Desrosiers)

Ecrit par Jacques Desrosiers , le Jeudi, 17 Mars 2022. , dans Biographie, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Grasset

Les villes de papier, Une vie d’Emily Dickinson, Dominique Fortier, septembre 2020, 208 pages, 18,50 € Edition: Grasset

 

Dominique Fortier nous fait découvrir une Emily Dickinson attentive presque sensuellement au monde à la portée de son regard : son jardin, un nid de brindilles, l’érable devant sa fenêtre, le blanc immaculé de ses robes, effacés à l’occasion par la voix inopportune d’un visiteur au rez-de-chaussée. Cette femme qui finira par se cloîtrer dans sa chambre, ne voulant plus voir personne sauf ses proches, Les villes de papier ne la présente pas comme une recluse attendant d’être délivrée par quelque expert en psychose (la légende a d’ailleurs exagéré sa réclusion), mais comme une écrivaine qui a donné sa vie à la poésie, sans même se soucier de publier les centaines de poèmes qu’elle jetait dans le tiroir de sa commode. Elle a choisi de vivre à l’écart non de l’ordre social, mais de la société. C’est la ligne de force sur laquelle avance la prose délicate de Dominique Fortier : dédramatiser la solitude d’Emily Dickinson.

Pasolini, René de Ceccatty (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mardi, 08 Mars 2022. , dans Biographie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Folio (Gallimard)

Pasolini, René de Ceccatty, Folio, 320 pages . Ecrivain(s): René de Ceccatty Edition: Folio (Gallimard)

 

Un essai éblouissant d’intelligence critique et sensible

Noguez le disait déjà, devant analyser en philologue rompu à l’exercice difficile d’admiration critique, lorsqu’il l’évoqua dans les Dossiers du cinéma (Casterman), en 1969-1970), l’œuvre de Pasolini est double, sous le sceau, la bannière du « centaure », figure mythologique de l’ambivalence.

De Ceccatty, traducteur invétéré de huit volumes pasoliniens, était évidemment le mieux placé pour brosser, non en grandes lignes, mais en essais chapitrés de sens (pour le philosophe ; pour le traducteur-accompagnateur des œuvres d’autrui – Barbedette, Violette Leduc, Sibilla Aleramo, Moravia, Callas, Penna, etc. Pour le critique du Monde et des mondes italiques), l’œuvre et le parcours pasolinien, de Bologne à Ostie, de Ramuscello (la première station du martyrologue) à Salo. De 1922 à 1975.

JJ Cale, Bertrand Bouard (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Lundi, 14 Février 2022. , dans Biographie, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Le Mot et le Reste

JJ Cale, Bertrand Bouard, janvier 2022, 261 pages, 21 € Edition: Le Mot et le Reste

 

Shades, Grasshopper, Five, Troubadour, des titres d’albums qui rappellent le parcours d’un musicien nord-américain dont la carrière internationale démarre quand un autre guitariste de blues, Eric Clapton, enregistre un des titres de Cale, After Midnight. On se souvient aussi de Cocaïne, enregistré par le « guitar hero », succès mondial, écrit également par JJ Cale.

S’il naît à Oklahoma City le 5 décembre 1938, c’est à Tulsa que John Weldon Cale grandit, où ses parents déménagent en 1943. C’est dans cette ville, qui prospère grâce à la manne pétrolière, que John Weldon Cale aura ses premiers émois musicaux, en écoutant Bob Wills, Jimmy Reed, Hank Williams, et le gospel aura aussi influencé Cale. C’est aussi à Tulsa qu’il joue au sein des Rockets, adolescent qui refuse déjà les feux de la rampe, mais qui s’aperçoit du travail immense qu’il doit accomplir pour jouer véritablement de la guitare. « Ce mélange d’influences noires et blanches – country, jazz, rhythm’n’blues… – sera l’une des caractéristiques des créateurs de ce qui sera désigné des années plus tard sous l’appellation de Tulsa sound et dont JJ Cale sera l’une des figures les plus en vue ».

La Nuit comme le jour est lumière, François Huguenin (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 27 Janvier 2022. , dans Biographie, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

La Nuit comme le jour est lumière, François Huguenin, Les éditons du Cerf, janvier 2022, 176 pages, 18 €

 

« Green m’a révélé la violence des sentiments qui campaient en moi et auxquels je ne comprenais rien. Il m’a parlé du silence de Dieu en mettant en lumière un désir inassouvi et que je ne savais nommer.

Green m’a sauvé ».

Il faut toujours prendre au sérieux les noms que donnent les écrivains à leurs livres, La Nuit comme le jour est lumière en est l’exemple parfait. Il donne la note à laquelle va s’accorder le livre, comme le fait un chef de chœur. Les romans et les Journaux de Julien Green sont des pièces musicales (1) qui se répondent, sombres ou lumineuses, souvent tremblantes, certaines brillent plus que d’autres par leur force littéraire, mais toutes révèlent les tourments et les inspirations de l’écrivain qui s’attache toujours à la langue française, sa langue, celle de ses confessions et de sa consécration à l’Académie française.