Identification

Critiques

Bobby Beausoleil et autres anges cruels, Fabrice Gaignault

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mercredi, 03 Mai 2017. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Séguier

Bobby Beausoleil et autres anges cruels, avril 2017, 232 pages, 20 € . Ecrivain(s): Fabrice Gaignault Edition: Séguier

 

 

San Francisco, le 27 juillet 1969, Gary Hinman, pacifiste bouddhiste, professeur de musique, à l’occasion dealer de drogue, succombe sous les coups de couteau de Bobby Beausoleil. Un fait divers sordide qui aurait pu rapidement tomber dans l’oubli si la personnalité du meurtrier et ses relations amicales ne lui avaient donné une « aura » maléfique.

Bobby Beausoleil, en cette fin des années 60, fait partie de ces innombrables musiciens errant de Los Angeles à San Francisco en quête de gloire, une guitare en bandoulière, un haut de forme vissé sur la tête, un chien blanc au bout d’une laisse. Beau, arrogant, hâbleur, il « jamme » avec quelques-unes des stars du rock, rêve de monter un groupe et fréquente un certain James Manson ainsi que sa « Famille ». Une histoire de Sex, Drugs and Rock and Roll qui va virer au cauchemar.

Requiem pour un paysan espagnol suivi de Le Gué, Ramón Sender

Ecrit par Marc Ossorguine , le Mercredi, 03 Mai 2017. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Espagne, Récits, Attila

Requiem pour un paysan espagnol suivi de Le Gué, trad. espagnol Jean-Paul Cortada (Requiem por un campesino español), et Jean-Pierre Ressot (El vado) . Ecrivain(s): Ramón Sender Edition: Attila

 

 

Les guerres ont toujours du mal à finir et leurs cicatrices sont souvent sur le point de se rouvrir. Peut-être pas tant celles des héros, pour autant qu’il y en ait, mais pour ceux qui les ont subies et supportées dans l’anonymat, dans l’ombre, qui peut être l’ombre des petites lâchetés et des trahisons malgré soi. C’est de cela que parlent les deux courts récits de Ramon Sender (1901-1982) rassemblés ici, Requiem pour un paysan espagnol et Le gué. Auteur prolifique qui quitta l’Espagne au lendemain de la guerre civile pour le Mexique, puis la Californie où il décèdera en laissant derrière lui une œuvre qui compte une soixantaine de romans, des essais et du théâtre. A ce jour, à peine une dizaine de titres sont traduits en France et on ne peut que le regretter à la lecture de ces deux courts mais puissants récits.

Ni bruit ni fureur, Lucien Suel

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mercredi, 03 Mai 2017. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Poésie, La Table Ronde

Ni bruit ni fureur, mars 2017, 176 pages, 16 € . Ecrivain(s): Lucien Suel Edition: La Table Ronde

 

Pas de bruit ni de fureur mais beaucoup d’empathie pour les mondes enfouis, l’enfance, la Mer du nord, les filles du Nord, les jardins. Les disparus, à la pelle, reçoivent force hommages et mercis.

La langue de Suel offre une diversité stylistique qui donne à ses poèmes marque et personnalité. Ce sont tantôt de très longs poèmes debout, serrés ; ce sont des proses en « semailles » et « narcisses », des « tombeaux » à l’adresse de plusieurs Christophe (Tarkos, Wattel) comme des inventaires prévertiens ; ce sont des inventives litanies poétiques où il se définit « dans la cathédrale de mes os ». Cette langue, prompte à convier des mots rares, des images elliptiques, des descriptions entomologiques et botaniques, renoue avec l’enfance des sensations : « la brouette du maçon », « l’évier blanc émaillé », « la fille du jardinier (qui) récolte les haricots de l’été », les mots picards (muchelot muché), les noms du nord (Wittebecque), les os de Rachel et de tant d’autres.

Trois saisons à Venise, Matthias Zschokke

Ecrit par Michel Host , le Mardi, 02 Mai 2017. , dans Critiques, Les Livres, Livres décortiqués, La Une Livres, Langue allemande, Récits, Zoe, Voyages

Trois saisons à Venise, novembre 2016, trad. allemand Isabelle Rüf, 380 p. 22,50 € . Ecrivain(s): Matthias Zschokke Edition: Zoe

« Je veux devenir comme ça : m’opposer au monde jusqu’à ce qu’il m’ait complètement laminé », Matthias Zchokke

 

L’escale de l’écrivain

Un exemple de l’impossibilité d’aller contre envieux et jaloux nous est apporté par l’écrivain suisse allemand, Matthias Zschokke. Dès l’ouverture de son dernier livre, Trois saisons à Venise, ceci : « Il n’avait pas de famille. Des amis, il ne lui en restait pas beaucoup non plus depuis que le bruit s’était répandu que la chance le favorisait d’une manière inquiétante. Il craignait que cette invitation à Venise soit considérée comme une preuve supplémentaire de cette chance supposée, ce qui inciterait ses dernières connaissances à rompre tout contact avec lui – “à se détourner de lui avec horreur” ». On reconnaît, dans cette « chance supposée », l’impossibilité d’admettre qu’il y eût à son origine quelques efforts, un peu de travail, voire un soupçon de talent. Bien des écrivains jamais invités à Venise se verront quelques points de ressemblance avec l’auteur de l’exceptionnel roman Max (voir ci-après), et le propos doit être brièvement développé.

Rancœurs de province, Carlos Bernatek

Ecrit par Cathy Garcia , le Mardi, 02 Mai 2017. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Amérique Latine, Roman, L'Olivier (Seuil)

Rancœurs de province, février 2017, trad. Espagnol (Argentine) Delphine Valentin, 288 pages, 22 € . Ecrivain(s): Carlos Bernatek Edition: L'Olivier (Seuil)

 

Selva et Leopoldo, dit Poli. Une jeune femme un peu coincée et un homme déjà mûr, deux tranches de vies, pas très belles, amères même. Deux histoires qui sont racontées ici en alternance sans aucun lien entre elles, si ce n’est qu’elles se passent toutes deux dans la province argentine, éloignée de Buenos Aires. Deux personnages modestes, voire fades, sans envergure, qui se retrouvent chacun happé par des évènements hors de leur contrôle.

Poli, petit vendeur itinérant d’encyclopédies, qui gagne de quoi assurer un minimum qui ne suffit pas à sa famille qu’il voit peu, découvre que sa femme le trompe depuis un moment avec un riche avocat. Celle-ci le met alors à la porte sans ménagement, alors que dans un même temps il est remercié par sa boite. Il perd donc sa femme et son fils qui ont trouvé un meilleur parti, son travail, sa maison. Ne lui reste que sa camionnette et quelques encyclopédies, avec lesquelles il part au hasard, complètement largué sur tous les plans. C’est ainsi qu’il atterrit dans un petit village où une bande d’évangélistes l’embauche pour vendre des Bibles et du dentifrice…