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Critiques

Murmures de l’absence, Gérard Mottet

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 21 Septembre 2017. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Poésie

Murmures de l’absence, éd. Tensing, avril 2017, 103 p. 12 € . Ecrivain(s): Gérard Mottet

 

Cette Note de lecture est dédiée à la mémoire de l’éditeur Éric Jacquet-Lagrèze, disparu brutalement.

Les auteurs publiés par les éditions Tensing appréciaient chez Éric Jacquet-Lagrèze son dévouement et sa générosité d’esprit remarquable.

Puisque ce livre de poèmes d’incomplétude a l’originalité de se clore par une citation en exergue à la toute dernière page, je souligne ce trait, au parfum de bruyère – celui connu par les poètes, cette bruyère d’Apollinaire entrevue sous les paupières lorsque celles-ci se recueillent ou lorsque l’on veut faire murmure au milieu du bruit qui nous prend parfois malgré nous :

« J’ai cueilli ce brin de bruyère

L’automne est morte souviens-t’en

Nous ne verrons plus sur terre

Odeur du temps brin de bruyère

Et souviens-toi que je t’attends ».

Nos Vies, Marie-Hélène Lafon

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Mercredi, 20 Septembre 2017. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire, Buchet-Chastel

Nos Vies, août 2017, 192 pages, 15 € . Ecrivain(s): Marie-Hélène Lafon Edition: Buchet-Chastel

 

Comment une nouvelle donne-t-elle un jour à un écrivain le désir de prolonger l’aventure et d’en faire un roman ? Marie-Hélène Lafon a perçu en elle ce désir quand elle a bouclé l’écriture de la nouvelle, Gordana, parue en 2012. Cela a pris plusieurs années avant que son intuition première aboutisse au roman Nos vies. La charpente était déjà construite, il ne s’agissait plus alors que de consolider les murs et de meubler l’intérieur avec des souvenirs enfouis ou des moments qui feraient saillie. Mais pas que… Il lui fallait trouver un rythme nouveau, un certain déroulé qui pouvait convenir à un récit plus ample. Alors, l’auteur a carrément changé son point de vue et modifié le rôle dévolu aux personnages principaux.

L’action de ce récit se déroule à Paris, dans un quartier qui garde encore un aspect populaire. Le point focal de l’intrigue est le Franprix du coin où l’on se croise, on se frôle, on se côtoie, on se reconnaît sans échanger une seule parole.

On retrouve dans ce roman certains types de personnages propres à l’univers de l’auteur. La plupart sont des êtres de peu.

Le mythe de la vache sacrée, La condition animale en Inde, Florence Burgat

Ecrit par Zoe Tisset , le Mercredi, 20 Septembre 2017. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Récits, Rivages poche, Voyages

Le mythe de la vache sacrée, La condition animale en Inde, mai 2017, 296 pages, 8,90 € . Ecrivain(s): Florence Burgat Edition: Rivages poche

 

Florence Burgat, en mission en Inde, visite différents lieux en rapport avec la « protection » des animaux : hospices, hôpitaux, abattoirs… Elle tient un journal dans lequel elle recollecte à la fois ses impressions personnelles sur l’Inde en général et mène une réflexion sur la condition animale en Inde.

« La vie est là, pêle-mêle et jetée, celle des gens et celle des chiens, dans le vacarme d’une activité incessante. La dévastation des paysages alentours, les constructions abandonnées, la saleté et le délabrement des bâtiments, l’absence de trottoirs, les déchets à ciel ouvert, donnent l’impression d’une ville qui, après avoir été longtemps inoccupée, aurait de nouveau été investie sans plan ».

Ainsi décrit-elle New Delhi en 1998. Elle explique dans ce livre comment notre rapport à l’animal est éminemment culturel et religieux. Ainsi les musulmans refusent d’endormir les animaux avant de les abattre, ils doivent être pleinement conscients. Le travail d’abattage se fait en Inde par les basses castes. Tout au long du livre, elle dénonce

Le sillon des jours, Isabelle Lagny

Ecrit par France Burghelle Rey , le Mercredi, 20 Septembre 2017. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Poésie

Le sillon des jours, éd. Pippa, mai 2017, 88 pages, 15 € . Ecrivain(s): Isabelle Lagny

 

 

La première partie de cette seconde édition du « sillon des jours » est dédiée par Isabelle Lagny à son compagnon, le poète irakien Salah Al Hamdani.

L’écriture de la poète, comme elle l’a dit elle-même, « tentée par la narration », « est encore hantée par la concision et la simplicité ».

Ainsi l’est le texte incipit qui présente la rencontre amoureuse un jour de juillet. Moment de renaissance pour celle qui écrit, toujours remplie de tristesse, « ce monde m’a fait mal ».

Une suite de textes indépendants tente de définir l’amour et d’en expliquer les mystères :

L’enfant de l’œuf, Amin Zaoui

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 19 Septembre 2017. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Bassin méditerranéen, Roman, Pays arabes, Le Serpent à plumes, La rentrée littéraire

L’enfant de l’œuf, septembre 2017, 201 p. 18 € . Ecrivain(s): Amin Zaoui Edition: Le Serpent à plumes

 

Tout en s’amusant – et en nous amusant – Amin Zaoui nous offre un roman des plus importants. Important par sa voix, sa liberté hautement proclamée à chaque page. Ce livre est le contrepied parfait des fantômes sinistres qui hantent le monde arabo-musulman et l’Algérie, chère au cœur de l’écrivain et – modestement – à celui qui écrit cet article. A chaque page, on boit du vin, on parle de sexe en toute liberté, à chaque page Zaoui chante les femmes, leur beauté, leur intelligence, leur droit absolu d’être les partenaires souveraines de leurs congénères masculins. Ce livre est une ode au refus de se soumettre aux diktats des fanatiques, aux fatwas morbides d’une petite minorité de sectaires qui empoisonnent l’islam d’aujourd’hui – et les sociétés qui s’en réclament.

Mais, nous le disions, L’enfant de l’œuf est une œuvre de fiction d’une drôlerie réjouissante. Ses deux narrateurs, Moul et Harys, sont des personnages décalés, des philosophes solitaires, profondément bons et humains. Humains – le mot fait rire ici : Harys est un chien. C’est le chien de Moul. Et quel chien ! Un chien philosophe qui trouve, en la vie de son maître (mais qui est le maître de qui ?) matière à exercer sa sagacité, son humour et sa réprobation. Il trouve son maître bien futile, plus occupé des visites de Lara, sa voisine syrienne, et de ses bonnes bouteilles que du labeur.