Identification

Critiques

La couleur et la parole Les chemins de Paul Cézanne et de Martin Heidegger, Hadrien France-Lanord

Ecrit par Philippe Chauché , le Mardi, 10 Juillet 2018. , dans Critiques, Les Livres, Essais, La Une Livres, Gallimard

La couleur et la parole Les chemins de Paul Cézanne et de Martin Heidegger, avril 2018, 288 pages, 23,50 € . Ecrivain(s): Hadrien France-Lanord Edition: Gallimard

 

« Plus souvent que vous ne pouvez le penser, je suis depuis (ce voyage) plongé dans un dialogue silencieux à deux voix (stilles Zwiegesparäch) avec Cézanne et son paysage – et sa montagne »

Martin Heidegger

« … vivifier en soi, au contact de la nature, les instincts, les sensations d’art qui résidente en nous »

Paul Cézanne à Charles Camoin

« Chez Cézanne, c’est bien la couleur en tant que telle (et non pas comme matière sensible pour une forme intelligible) qui, sans autre médiation que sa logique propre, est déploiement de l’espace comme configuration du monde »

Hadrien France-Lanord

Rendre justice aux enfants, Jean-Pierre Rosenczveig

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Mardi, 10 Juillet 2018. , dans Critiques, Les Livres, Essais, La Une Livres, Récits, Seuil

Rendre justice aux enfants, mai 2018, 272 pages, 20 € . Ecrivain(s): Jean-Pierre Rosenczveig Edition: Seuil

 

Jean-Pierre Rosenczveig, qui a exercé sa fonction de juge des enfants d’abord au tribunal de Versailles, puis a présidé le tribunal pour enfants de Bobigny pendant 22 ans, est un homme et un professionnel engagé qui, prenant parti pour une visée humaine et sociale de la famille et de la société, défend quelques enjeux essentiels de son métier.

Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, l’a, en 2005, jugé « laxiste », héraut d’un certain « angélisme de gauche » ? Il s’en défend, se revendiquant « le plus dur des juges » du tribunal de Bobigny, tout en prenant parti pour la cause des enfants et des adolescents et en faveur des avancées éducatives, sociales et judiciaires qui sont liées aux situations individuelles hautement problématiques auxquelles il se trouve confronté. En effet, Jean-Pierre Rosenczveig est depuis le début de sa carrière membre actif du Syndicat de la magistrature, dont l’une des caractéristiques est de rechercher des solutions innovantes et adaptées à chaque cas, dans la limite de la légalité bien entendu. En outre, il a dirigé dans les années 1980-90 l’Institut de l’Enfance et de la Famille (IDEF) –qu’il a contribué à créer lors de son passage au cabinet de Georgina Dufoix –, organisme chargé de recueillir des données scientifiques dans le champ de l’enfance et de la famille.

Casse-gueule, Clarisse Gorokhoff

, le Mardi, 10 Juillet 2018. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Gallimard

Casse-gueule, mai 2018, 240 pages, 18,50 € . Ecrivain(s): Clarisse Gorokhoff Edition: Gallimard

 

Ava s’est fait agresser par un inconnu qui lui a ravagé le visage à coups de poing américain. Son joli minois qui faisait la fierté de Nicole, sa mère, et de son compagnon, Marius, n’est plus qu’une horrible gueule difforme et cauchemardesque. Bien sûr, elle souffre le martyre : ses muscles faciaux sont tétanisés, sa chair est à vif, suintante, ensanglantée. Elle décide toutefois de ne pas porter plainte, ni même de s’ouvrir, un tant soit peu à sa mère, de sa toute récente agression. Encore plus surprenant, eu égard au milieu social fortuné dont elle est issue, Ava refuse catégoriquement de passer sous le scalpel d’un chirurgien esthétique. C’est que d’emblée, ou à peine passé le choc initial, elle prend conscience que cet événement, bien que revêtant tous les atours d’une innommable tragédie, sera déterminant quant à son désir d’émancipation : là où elle fut toujours considérée comme un trophée, un faire-valoir, que ce soit dans les soirées « ultra bobos » de son partenaire ou dans le cercle mondain de sa richissime mère, Ava exhibe sa laideur avec une férocité jubilatoire, qu’elle accompagne d’une parole médisante, voire d’un discours haineux, puisqu’elle se sent désormais libre d’éructer une vie qu’elle déteste, un milieu qu’elle exècre. On aura vite compris que son entêtement à rester laide relève du règlement de comptes. Pour autant, l’intrigue ne se cantonne pas à la mise en pièces du beau monde parisien.

Delikatessen, Théo Ananissoh

Ecrit par Fawaz Hussain , le Lundi, 09 Juillet 2018. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Gallimard

Delikatessen, 2017, 186 pages, 18 € . Ecrivain(s): Théo Ananissoh Edition: Gallimard

 

 

Enéas est Togolais et vit depuis de longues années au Canada où il mène une vie paisible partagée entre l’enseignement et sa passion pour la poésie. Dévoré de nostalgie, il est de retour au bercail. Il veut revoir sa mère et se recueillir sur la tombe de son père, dont il tient le nom et les prénoms, Enéas Elliot Andoté. Écrit au présent et à la troisième personne du singulier, le roman s’étend sur trois jours, du jeudi au samedi. Loin d’être omniscient, le narrateur intervient parfois pour attirer l’attention du lecteur et porter certains jugements. Enéas rentrera au quatrième jour dans son autre pays, réputé pour la droiture de ses sujets, le froid de ses hivers et son sirop d’érable, encore faut-il que cette histoire se termine bien pour lui.

Le périmètre de vie, Alexandre Millon

Ecrit par Patrick Devaux , le Lundi, 09 Juillet 2018. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman

Le périmètre de vie, éd. Murmure des soirs, mai 2018, 132 pages, 15 € . Ecrivain(s): Alexandre Millon

 

« Parler de la vie dans le deuil plutôt que le deuil dans la vie » nous dit Alexandre Millon dans ce « périmètre de vie » qui ressemble à une circonférence puisque les angles de vie de la disparue oscillent dans sa mémoire en continu.

Comment renaître à travers le manque ? Si le sujet est universel, les façons de l’aborder sont multiples et je songe à cette belle phrase d’Yves Montand, questionné après la disparition de Simone Signoret : « On ne refait pas sa vie, on la continue ».

Combien de temps Thomas est-il donc resté ce « veuf sous anesthésie » ? Quitter le lieu du manque sera la première étape pour « faire un deuil » que Thomas, écrivain, pense en mots désincarnés, en mots vrais plutôt qu’en formules utilisées à ne rien dire.

On ne « fait pas son deuil » comme on fait ses courses.