Toute lecture d’un volume de Jean-Yves Masson, qui toujours s’établit dans ce que la littérature offre de plus élaboré, suscite le régal. Avec ses quatre tomes de romans et nouvelles, chez Verdier, ses quatre recueils de poèmes nourris, sans oublier quatre volumes encore d’essais et d’aphorismes, l’œuvre entière instille le temps long, la longue mémoire et, par surcroît, livre du rêve tout intime en même temps qu’universel. Dans Le Chemin de ronde, chez Voix d’encre, voilà treize ans, réfléchissant « au rire inextinguible des dieux », il concluait, mais provisoirement, comme si affleurait déjà la matière du présent conte : « les larmes seraient donc le vrai privilège de l’humain ». Plus largement, ces quatre vers des Poèmes du festin céleste, chez l’Escampette en 2002, n’attestent-ils pas la dimension que prend cette œuvre ?
« Puisque je fus, je demeure éternelle.
Regardez mon portrait de mensonge et de fable :
ma statue est solaire, mais le sable la garde
enfouie profondément dans un tombeau sans murs ».